Ukraine : la guerre commence

Très tôt ce matin, Vladimir Poutine a annoncé ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle : l’armée russe est entrée en Ukraine. Elle est en grand style. Les bases aériennes ukrainiennes ont été frappées, assurant la suprématie aérienne, des missiles balistiques ont été tirés dans plusieurs secteurs. Des missiles sont ainsi tombés sur Kiev. Pendant ce temps, les blindés russes ont franchi les frontières, y compris celles de la Biélorussie, et un débarquement amphibie a eu lieu vers Odessa. La mer d’Azov est fermée.

La guerre a donc commencé.

Nous condamnons cette agression. Elle met en danger la vie de millions de personnes. Elle cause un déferlement de violence sur l’Ukraine et plus largement encore. Elle contribue aussi à précipiter dans la guerre un peuple russe largement oublié des médias occidentaux.

Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. Nos camarades de Russie, à l’exemple du Parti Communiste Maoïste, membre comme nous de l’ICOR. Les camarades russes se heurtent à une répression à mille lieues de celle que nous pourrions connaître. Avec leurs camarades du KSRD-Ukraine, ils ont développé des positions communes basées sur la défense de l’intégrité territoriale ukrainienne. Nous saluons leur travail courageux.

Pour celles des États, elles vont de la condamnation sans équivoque, pour les USA ou l’UE, à une politique de ménagement pour la Chine. La Turquie d’Erdogan, qui ne supporte pas les séparatismes de peur d’en être victime, déclare condamner l’agression mais maintenir des rapports normaux. Pendant ce temps, preuve de l’imbrication économique, les bourses plongent et les marchés paniquent.

Nous dénonçons cependant le « moment totalitaire » qui sidère, qui empêche de voir l’ensemble des mécaniques à l’œuvre dans ce conflit. Ce moment est exploité sans vergogne par les candidats aux élections présidentielle. Ils essaient de se saisir du malheur des Ukrainiens et des Ukrainiennes pour exister politiquement. Mais remplacer la nullité politique par les roulement de tambours martiaux ne trompe personne.

Il est catastrophique que le peuple d’Ukraine soit le jouet des rivalités entre impérialismes. Il est l’otage de sa situation géographique : celle d’une zone tampon entre sphères d’influence. Nous redoutions l’invasion russe. Aujourd’hui, nous redoutons encore davantage une internationalisation du conflit. L’Ukraine est un butin sur lequel les rapaces se précipitent, sans jamais prendre en considération sa population. Occident et Russie n’ont pas de leçons à se donner.

Il nous apparaît important de rappeler que les invasions ne sont pas l’apanage de la Russie. La France et les USA, pour ne citer qu’eux, ont fait régulièrement usage, sous des noms aussi hypocrites que ceux employés par la Russie, de méthodes qui violent la souveraineté d’États. Le fait que nous soyons intoxiqués par notre propre propagande est terrible. L’infatuation qu’ont certains pour l’impérialisme français, impérialisme bâti sur le crime de sang, brouille encore les cartes et empêche une lecture claire de ce qui se prépare : une grande conflagration inter-impérialiste.

L’argument Russe, celui de la nécessité de protection, est entendable. On ne peut évacuer d’un revers de main le poids de l’histoire. Les invasions de Napoléon ou celle d’Hitler continuent de marquer le pays, martyrisé par celles-ci. Or, la Russie se perçoit faible face à ses adversaires. Elle réagit donc avec brusquerie et violence contre les menaces réelles ou supposées qu’elle perçoit. Mais la méthode employée, non seulement ne remplit pas cet objectif, mais au contraire le dessert largement. L’OTAN et les USA, qui restent les premiers pourvoyeurs de guerre dans le monde, sont plus que jamais à sa porte.

Nous pensons qu’il est illusoire cependant de voir Poutine reculer. La démocratie autoritaire russe est en réalité bien moins souple, bien moins malléable que les démocraties libérales. Elle ne possède pas la capacité de résilience qui lui permet d’encaisser les revers honteux. L’échec cuisant de Macron, qui avait déjà commencé à se vanter d’avoir fait reculer les chars russes, ne se traduit pas par une déstabilisation du pays. Cela se paiera peut-être par quelques pourcentages en moins dans les urnes. Mais pour la démocratie russe, le corollaire de l’autorité est le consensus. Poutine est soutenu autour d’un programme de restauration de la grandeur impériale russe humiliée. Il doit laver les affronts occidentaux. Si il se plie à eux, il risque de ne plus bénéficier de l’acceptabilité dont il dispose.

Or, ce n’est pas une réédition de la guerre froide. Ce n’est pas une revanche contre l’humiliation. C’est une nouvelle guerre dans laquelle les riches et les oligarques gagnent et dans laquelle « les morts ont perdu la guerre ».

Nous appelons néanmoins à un demi-tour immédiat des forces russes, à un repli et à la recherche d’une solution pacifique qui puisse combiner les intérêts du peuple ukrainien, ses aspirations à l’indépendance, et la sécurité russe. Même si nous persistons à penser que « tant que l’impérialisme existe, les guerres existeront », nous espérons cependant que la diplomatie puisse reprendre le dessus.

Halte à la guerre en Ukraine !

Halte aux rivalités inter-impérialistes !

Les ukrainiens et les ukrainiennes meurent pour la grandeur des Empires !

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