Hold Up – Et si la vérité n’était pas là où on le croit ?

La sortie du film Hold-Up est une événement important des dernières semaines, tandis que la pandémie recule – en France – avec une lenteur affreuse.

Il a suscité des réactions très diverses et très variées. La passion des uns, et le rejet des autres. Il filme controversé aussi, du fait des personnes qui y interviennent et de l’argumentaire déployé. Un film intrigant enfin, par son succès – lié en partie au fait qu’il soit perçu comme censuré.

Il ne s’agit pas de faire du debuking dessus ou d’essayer d’asséner des jugements. Il existe une réflexion à avoir sur qui intervient dedans, sur leur parcours, sur leur physionomie politique. D’autres l’ont fait et l’ont très bien fait. Mais ça n’est pas ce que nous voulons aborder. Nous savons, par expérience, que les coups de boutoir exercés contre les pensées, les adhésions, les croyances, ne font que rarement changer d’idée. Au contraire, ils ont tendance à susciter l’effet inverse. Nous voulons porter le débat ailleurs, au-delà de cela, et le porter sur une question fondamentale : qu’est ce que ce film révèle ? Pourquoi ce succès ?

Au delà de ça, il y a une vérité qui est, nos yeux, centrale.

L’illustre historien Fernand Braudel écrivait que l’histoire est fille de son temps. Elle est le reflet de son époque, de sa période, de sa culture et de ses angoisses. Il en est de même pour ce film. Quelque soit ce qui est mentionné dans ce film, cela ne tombe pas du ciel. Cela révèle la teneur de notre époque. Il est le fils d’un temps des troubles. Un temps que nous avions pu croire définitivement passé, mais qui revient à nouveau nous hanter.

Ce film est un bac révélateur.

Il révélateur d’une rupture de confiance entre la population et ses dirigeants. Il révèle l’absence de confiance dans les politiciens, dans les organisations politiques, dans le gouvernement, dans la justice, dans la recherche scientifique. Il est le miroir d’une succession constante de scandales qui ont irrémédiablement souillé ces institutions ou ces fonctions. Scandale Stavinsky, faux-électeurs, financements libyens… scandale du médiator, affaire du rainbow warrior… scandale de l’amiante, scandale des masques… violences policières, violences économiques… Sans compter l’impunité totale des responsables.

Il est légitime de contester le discours des institutions. Il est légitime de vouloir aussi contester la réécriture constante de l’histoire. Il est tout aussi légitime d’être en colère devant la négation mensongère des faits les plus flagrants, ou encore devant l’absence totale de d’autocritique des dirigeants qui ont commis des erreurs pitoyables.

Et oui, il faut le mentionner, les mensonges, les conjurations, les complots existent. Historiquement, il y en a eu. Mais ils ont impliqué un nombre restreint de personnes, et leur impact dans l’histoire reste anecdotique. Les forces sociales écrivent l’histoire, non les phénomènes périphériques.

Expliquer tout en expliquant rien.

Derrière le moindre événement, il est possible de trouver un sens caché. Notre cerveau nous y pousse. C’est un mécanisme de défense ancestral, qui privilégie la survie à tout prix sur la confiance. Mais, en expliquant tout par ce prisme, on finit par ne rien expliquer.

S’il n’y a pas de confinement, c’est pour protéger les intérêts économiques, s’il y en a, c’est pour bâillonner la population.

S’il n’y a pas de masque c’est de l’incompétence, s’il y en a c’est pour étrangler les gens.

S’il n’y a pas de traitement, c’est pour laisser mourir les gens, quand il y en a c’est pour les empoisonner. Si le traitement est déployé en premier lieu en Afrique, c’est pour stériliser la population, si c’est en Europe, c’est pour la laisser mourir. Si les riches l’ont en premier c’est pour laisser crever les pauvres, si c’est l’inverse c’est pour les empoissonner… S’il est cher, c’est pour faire du profit, s’il ne l’est pas, c’est pour que tout le monde soit contaminé…

En fin de compte, tout est possible. Tout est permis. Et l’esprit humain parvient à s’accommoder parfaitement de ces sauts de sens. Le seul point de repère est l’opposition intégrale aux autorités.

Cela amène d’ailleurs des situations cocasses. Des communistes, comme nous, nous ont attaqué pour notre acceptation du confinement. Ils en arrivent à vouloir, au nom de la liberté et de la lutte, à défendre les mêmes positions que les ultras-libéraux : le vivre et laisser mourir. Heureusement, ils n’ont aucun impact sur les événements et demeurent des particules subatomiques.

Mais revenons sur cette opposition :

Le gouvernement sert les intérêts des capitalistes. C’est un fait. On ne peut pas avoir confiance en lui. Mais alors en qui ?

En des boutiquiers qui nous vendent des remèdes miracles, des onguents, des pierres, des plantes en disant que c’est sain et naturel ? En des médecins hallucinés qui ont été souvent déchus de leur titres ? En des politiciens véreux, qui ont flairé le bon filon ? En des militaires, qui souhaitent imposer leur ordre ?

Et que faire ? Rester à dénoncer derrière les réseaux sociaux, tout en continuant sa petite vie ? Dénoncer ou énoncer un modèle de société différent ? Meilleur.

Voter ?

Certains pensent qu’il faut voter. Mais qui ? Voter Dupont-Aignan ? Le président d’un parti frère de celui de Erdogan ? D’un parti frère de celui du PiS en Pologne ?

Voter pour la dynastie Le Pen, dont les élus sont parmi les plus condamnés pour corruption, pour abus d’argent public ?

Demander aux militaire de nous sauver ? Comme si les aristocrates à la De Villiers étaient le remèdes à la démocratie, sachant que les maux de la Ve République sont bel et bien ceux d’un coup d’État militaire.

Voter, voter quoi ? PS pour être trahi à nouveau ?

Et dans quel ordre, quelle société ?

Soyons cohérents. Notre Etat n’est pas démocratique. Nous le savons. Historiquement il est conçu, organisé, architecturé pour être celui de nos exploiteurs, pas le nôtre. Nous ne votons pas sur ces enjeux les plus stratégiques : les opérations militaires à l’extérieur, les ventes d’armes, la diplomatie. Le système néo-colonial, ce véritable État profond, est au-delà de la démocratie. Trop précieux, trop important. Même l’occupation Allemande n’a pas osé y toucher. C’était la condition de la reddition de l’armée.

Cet État, confondu avec les grands cartels économiques, est au dessus des lois. Il est La Loi suprême : celle de l’intérêt de la France dans le monde. Un intérêt glaçant de domination. Quelque soit les votes, toucher à ce saint des saints, c’est se placer soi même le revolver sur la tempe.

Mais alors, que faire ? Qui croire ?

Qui est un vrai allié ou une vrai alliée ?

En qui avoir confiance ? Regardez autour de vous. Regardez qui trime comme vous. Qui est exploité ou exploitée comme vous. Qui partage votre fardeau, vos salaires, vos aigreurs contre des managers, des petits chefs, des patrons, des créanciers… Ce sont eux et elles, dans la diversité de leurs noms, de leurs origines, de leurs croyances, de leurs genres ou de leurs goûts. Qu’importe qu’ils se nomment Aïcha, Jean-Luc, Sophie, Liu, Klaus, ou Rachel. Si comme vous ils souffrent, c’est qu’ils sont vos amis, vos frères et vos sœurs de souffrance. Et vos frères et vos sœurs de rêve aussi, qui partagent l’envie de justice, l’envie de liberté, l’envie d’équité et d’honneur. L’envie de pouvoir vivre dignement de son travail, et que celui-ci soit utile.

Avec eux, avec elles, vous pouvez avancer. Défendre vos droits économiques, vos salaires, vos conditions de travail, vos conditions de vie. C’est une étape ! Mais vers quoi ?

Il faut acter une chose : aucune garantie n’existe. Aucun pouvoir n’est parfait. Aucun gouvernement n’est immunisé contre la trahison. Seule la mobilisation vigilante de ceux et de celles qui n’ont à perdre que leurs chaînes peut empêcher que le cycle infernal ne recommence. Certains voudraient voir l’armée, un roi, une dictature. Mais de qui sur qui ? C’est vrai que la démocratie est en panne, qu’elle est truquée, corrompue, pourrie jusqu’à l’os. Mais remettre les mêmes vampires, les mêmes détritus, sous une forme nouvelle – voire pire ! – au pouvoir ne changera rien ! Au contraire. Ceux qui n’apportent rien à la société, qui s’en repaissent, qui la vident de toute substance, ceux là n’ont pas droit de cité.

La démocratie des uns n’est pas celle des autres !

Nous, nous sommes pour une démocratie populaire. Une démocratie du peuple au sens de ce qui le compose réellement : ses forces vives, qui créent la richesse de la société, qui apportent ce que nous avons tous de précieux : la nourriture, les marchandises, les soins, l’éducation, la culture… Une démocratie qui soit faite par le peuple, pour organiser et diriger l’économie afin qu’elles réponde aux besoins et aux aspirations de ce peuple, en excluant les ennemis du peuple.

Pour faire cela, il ne suffit pas de dénoncer – encore faut-il le faire sur une base juste ! – mais aussi d’énoncer : énoncer un projet de société, un projet de vie, un projet de futur. C’est ce à quoi nous voulons, nous, travailler. Unir les forces vives de notre société, les organiser, les structurer, leur permettre de pouvoir franchir chaque obstacle. Passer d’une populace, en colère, déçue, dépitée, usée par les mensonges, à un Peuple organisé, soudé dans sa diversité, capable de montre à l’assaut de ciel, et de faire naître l’utopie. Une utopie de justice, une utopie d’équilibre et d’harmonie avec la nature, une utopie d’honneur, de fierté de participer à la grande aventure de l’humanité.

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