Halte à l’agression contre l’Iran !

Cette déclaration assez brève est en cours de débat au sein de l’ICOR, certaines appellations sont donc amenées à être modifiées, ainsi que l’ajout d’une liste de signataires.
Nous ajoutons à cela qu’il y a eu, régulièrement, la mention d’un “impérialisme iranien”. Nous considérons que cette appellation est fausse et infondée. Elle se base sur la confusion entre l’influence de l’Iran en tant que puissance régionale et son ingérence dans des conflits du Moyen-Orient et l’impérialisme en tant que tel.
Du fait de la concurrence internationale et de la pression des grandes puissances impérialistes, toute bourgeoisie est confrontée à deux destins : soit être assujettie et devenir compradore, dominée, soit s’épanouir et tendre vers l’impérialisme. L’Iran, Etat relativement autonome (paradoxalement, à cause des sanctions internationales), n’échappe pas à cette tendance. La bourgeoisie iranienne tente de trouver sa place “au soleil” pour reprendre les termes de Bismarck. Mais cette tendance, naturellement présente dans cette classe, ne signifie pas que l’Etat iranien puisse être classé comme Etat impérialiste.

Cela paraît une nuance, mais considérer les USA et l’Iran sur un même pied d’égalité, sans voir que l’un est un agresseur et l’autre un agressé, revient à botter en touche et à refuser de s’opposer aux agressions entre Etats. Nous sommes hostiles à toute guerre impérialiste, où que ce soit, d’autant que l’objectif premier d’une intervention en Iran serait de figer cet Etat dans une position de dominion compradore, comme cela pouvait être le cas à l’époque du régime du Shah.

Cependant, il ne faut pas nourrir d’angélisme, à terme, la Chine ou la Russie ne lui réservent pas d’autre sort. La seule issue est dans la révolution prolétarienne et dans la construction d’un Etat socialiste.

Nous nous opposons fermement à l’escalade guerrière au Moyen-Orient. Les USA se démasquent une nouvelle fois comme les principaux porteurs de guerre dans le monde.

Le général Soleimani, haut gradé de l’armée iranienne et personnage influent du régime, a été tué par une frappe américaine en Irak le 3 janvier 2020. Il représentait les opérations extérieures de Téhéran et notamment les liens avec les milices chiites. Sa mort a été apprécié de manière très diverse en Iran comme au Moyen-Orient. Certains ont salué en lui un héros, d’autre un bourreau. Nous-mêmes ne l’avons jamais vu comme un porte-flambeau de la liberté, mais bien comme un agent réactionnaire, bien qu’opposé à l’impérialisme dominant des USA.

Toujours est-il que sa mort est un coup dur porté au gouvernement iranien. Elle est révélatrice de l’agressivité US et de la vulnérabilité iranienne.

Cela fait des années que les tensions entre les USA et l’Iran ont cru progressivement. Les raisons de cette attitude sont multiples :

  • Une question économique : l’avidité américaine pour les matières premières et le pétrole, dont celui de l’Iran échappe au contrôle des majors américaines.
  • Une question de politique intérieure : par une ironie du sort incroyable, le même Trump dénonçait le fait que les Démocrates voulaient attaquer l’Iran pour assurer leur réélection. Trump cède aussi aux désirs d’une partie des « faucons », dans le but de les rallier.
  • Une question géopolitique : le détroit d’Ormuz est un passage vital pour l’économie occidentale. Son ouverture ou sa fermeture joue sur la santé du capitalisme. De plus, derrière la question de l’Iran se trouve la question de la Russie. Empêcher que celle-ci accède aux mers chaudes est une constante dans la géopolitique US et anglaise depuis le milieu du XIXe siècle. les décisions unilatérales des USA, superpuissance militaire, qui augmentent les tensions comme au Proche Orient, leur permettent d’éliminer ou de réduire l’influence économique et politique des autres puissances impérialistes, comme celles de l’UE. Les conflits locaux (1° et 2° guerres du Golfe etc) ont toujours un aspect de règlement de compte (repartage des zones d’influence) entre impérialistes.

La nature même du régime ne pose, en revanche, pas de problème. L’Arabie Saoudite, nettement plus réactionnaire, est cependant le parfait allié de la France et des USA, et également un agent de la lutte contre l’influence iranienne et chiite au Moyen-Orient.

Les puissances européennes ont appelé à la désescalade, mais n’ont pas condamné l’assassinat en lui-même. Dans les communiqués, le fautif a invariablement été l’Iran et son « rôle négatif dans la région ». Cette attitude de neutralité bienveillante vis-à-vis de l’action américaine est révélatrice : l’hypothèse d’une guerre est considérée comme acceptable.

Donald Trump a affirmé que si jamais l’Iran tentait quoique ce soit, 54 cibles militaires, civiles ou culturelles seraient frappées en représailles. Le nombre faisant référence au nombre d’otages de l’ambassade US de Téhéran durant la crise des otages de 1979-1981. Cette action serait un crime de guerre.

Trump a d’ores et déjà renforcé le contingent présent dans les bases autour de l’Iran.

Nous exprimons notre vive inquiétude face à un risque d’envenimement des conflits et d’embrasement de la région. Si ce n’est pas la IIIe Guerre mondiale, cette escalade de la tension n’en est pas moins un signe de la tournure profondément explosive des relations internationales.

L’UCL n’a aucune sympathie vis-à-vis du régime réactionnaire iranien. Il est hostile à tout progrès social et en particulier à l’émancipation des femmes iraniennes. Cependant, nous savons reconnaître qui, dans la situation, est l’agresseur et qui est l’agressé. Mettre les deux sur le même plan signifierait cautionner les assassinats extra-judiciaires et les actes de guerre.

Malgré notre antipathie pour le régime iranien, nous sommes résolument hostiles à toute intervention militaire de la part des USA ou de tout autre armée dans la région. Les résultats de ces opérations militaires sont bien connus : dévastation, chaos, misère, morts et, ultimement, installation de pouvoirs ultra-réactionnaires. La solution face aux régimes réactionnaires réside dans le soutien aux masses populaires et à leurs organisations démocratiques et révolutionnaires. Lorsque les masses populaires d’Iran se sont soulevées contre le régime des ayatollahs, nous les avons soutenues.

Les armées étrangères d’occupation ne sont pas des sources de paix et de prospérité pour les travailleurs et les travailleuses de ces pays. Elles ne sont que des maux pour ceux qui vivent dans les régions dominées, et ne servent qu’à transformer les zones occupées en colonies.

Nous sommes hostiles à toute escalade militaire dans la région, tout comme nous reconnaissons le droit pour les pays du Moyen-Orient d’expulser les armées d’occupation étrangères. Chasser l’impérialisme est le préalable à la libération du capitalisme !

Halte à l’agression US !

Halte aux menaces de guerre !

Signataires (07/01/2020)

UCL ; UPML

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