Nous republions cet entretien mené et publié par le Parti patriotique démocratique socialiste (PPDS) de Tunisie.
Une délégation composée de camarades du PPDS (Parti patriotiques démocratique socialiste) a rencontré des camarades palestiniens du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine). Ces trois camarades sont tous originaires de Gaza, où résident actuellement leurs familles, proches et camarades.
Face à l’avalanche de la propagande de guerre en Europe, aux média-mensonges voire à l’omerta complice autour des crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza par l’entité sioniste, nous avons recueilli leur témoignage précieux, à l’attention de tous ceux qui sont soucieux de rétablir la vérité sur ces crimes et la cause qu’ils défendent pour le peuple palestinien contre le colonialisme et le terrorisme israélien.
Pour commencer, qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce qui se passe actuellement à Gaza ?
L. : Je suis une femme palestinienne, libre, et mon appartenance au FPLP rejoint mon adhésion au camp de la libération de notre peuple. Premièrement, notre droit à la résistance est légitime et reconnu par les lois internationales, nous n’avons rien inventé. Deuxièmement, en tant que mère, en tant que femme immigrée, j’ai assisté à au moins quatre guerres. La colère et le sentiment d’injustice que j’éprouve sont insoutenables. Tous les peuples soi-disant libres ou qui prétendent l’être ont une position (silence)… je ne veux pas pleurer. (Un moment d’émotion.)
Je disais que je ressens une colère énorme par rapport à la répression exercée par les pays occidentaux. Mon droit est légitime, c’est celui de défendre mon pays, ma famille qui risque la mort en ce moment sous les bombardements. Ce sont des civils, ils n’ont aucune arme, pas même une pierre. Moi j’affirme notre droit à résister, pour plusieurs raisons : D’abord, la colonisation est venue nous obliger à partir de chez nous. Ils ont construit leur prétendu pays sur nos cadavres, ils ont volé nos terres et notre histoire. Nous sommes ceux qui ont dû mourir, nous avons été chassés de chez nous et nous avons payé le prix de la trahison et de la collaboration du monde occidental.
Bien sûr, nous ne voulons pas la mort des innocents civils. Nous voulons avoir le droit de rentrer dans notre pays. Nous n’avons pas choisi ce statut de réfugié, nous n’avons pas choisi d’habiter en Europe ou ailleurs. Nous revendiquons tout simplement le droit de rentrer en Palestine notre patrie. Dans le contexte actuel, si je laisse parler uniquement mon patriotisme et mes émotions, j’ai tendance à dire « je revendique le retour à toute la Palestine en un seul État uni », mais je n’oublie pas aussi que d’un point de vue strictement humain, il y a des civils qui risquent leur vie en ce moment, et la priorité c’est qu’ils puissent survivre.
L’occident prétend toujours qu’il détient le monopole de la défense des Droits de l’Homme. Les occidentaux défendent les libertés sexuelles, individuelles, les droits des animaux. Que penses-tu de leur approche sur les droits que tu revendiques ?
L. : L’occident et les médias occidentaux prétendent aussi défendre les droits des femmes et nous apprendre le féminisme. Vous savez ce que c’est le féminisme pour nous, les Palestiniens ? C’est par exemple ma mère qui pleure parce qu’elle a peur pour les femmes et les enfants de Gaza alors que sa propre vie est menacée. Elle me dit « je n’ai pas peur pour moi, j’ai peur pour tous ces enfants, ce sont tous mes enfants ». C’est ça la femme palestinienne, mère et résistante. L’occident la considère pourtant comme une terroriste.
Donc pour moi, je ne peux pas maquiller la vérité : c’est de l’hypocrisie. Les occidentaux qui nous martyrisent sont des hypocrites, des criminels qui prétendent défendre les libertés individuelles et les droits des animaux. J’ai envie de leur dire : En Palestine, vous pouvez trouver toutes ces causes rassemblées. Nous avons des chiens, des chats, des oiseaux morts à cause des bombardements. En Palestine vous pouvez défendre même les arbres qu’on arrache depuis des décennies. Pourquoi vous gardez quand même le silence ?
Je veux dire quelque chose à ceux qui défendent les droits des animaux en pensant que l’humanité a résolu tous les problèmes et qu’il ne reste plus que les animaux et leurs droits : Est-ce que vous savez qu’à Gaza, l’approvisionnement en médicaments est interdit, même ceux pour soigner les animaux ?
Au moment où nous interrogions notre camarade S., il recevait de mauvaises nouvelles de Gaza concernant sa famille et ses proches. Nous proposons de reporter notre entretien mais il insiste : Sa voix, sa position doit être entendue. Nous proposons que le camarade « vide son sac » et s’exprime librement.
S. : Tout d’abord, je tiens à saluer tous les hommes libres du monde, les résistants, les révolutionnaires, tous ceux qui luttent contre le colonialisme et le sionisme. Malheureusement, nous nous trouvons dans un contexte où la liberté, l’émancipation et les droits de l’homme sont menacés dans tous les coins du monde. Et on peut dire que notre peuple à Gaza tient la ligne la plus avancée, seul contre l’ennemi impérialiste. On a toujours cru qu’il y avait assez de voix libres pour défendre ces droits et ces valeurs dans le monde et surtout en occident. Mais on est en train de découvrir un autre visage, plein de haine et de racisme. Leur soutien va plutôt à l’occupation et à la répression de tout mouvement d’émancipation dans le monde. L’Europe, qui aime se présenter comme berceau des droits de l’homme, l’Europe « humaniste » collabore avec l’occupation, envoie argent et armes à « Israël » et tourne le dos à un peuple innocent désarmé, opprimé, en souffrance… On a vu ces derniers jours une répression violente contre les manifestations soutenant la Palestine. Même ceux qui lèvent simplement le drapeau palestinien ou crient pour la liberté sont réprimés. Regardez ce qui se passe à Paris, en Allemagne, en Suède… Gardes à vue, amendes, retraits de carte de séjour et même de passeport.
Dans les pays arabes, la situation est toujours la même : des dirigeants marionnettes de l’occupation, sauf quelques exceptions, et un peuple qui croit à la cause palestinienne, qui résiste et qui nous motive à continuer la lutte afin de vivre dans un monde meilleur. Je sais qu’on sera là-bas un jour à Al Qods (Jérusalem) avec nos drapeaux palestiniens.
Nous souhaitons que le camarade nous parle aussi de sa situation personnelle et familiale. Voilà ce qu’il nous a répondu :
S. : Généralement, j’évite de parler de ces sujets-là, surtout quand je vois le contexte global. Gaza est plus importante que moi et ma vie personnelle. Mais je sais que ça peut donner une idée et un exemple de la souffrance de notre peuple.
J’ai quitté Gaza avant l’opération Déluge pour raison personnelle et je comptais y retourner vite. Pour tout citoyen ordinaire d’un pays libre, quelques heures sont suffisantes pour rentrer chez soi, pour moi, ça fait une semaine que je veux rentrer et je ne sais pas encore comment faire. Je n’arrive pas à appeler ma famille. Je sais qu’ils sont dispersés dans des localités différentes de la bande de Gaza. Ma mère, 84 ans, qui ne peut pas marcher, est obligée de changer de refuge tous les jours. Je n’arrive pas à appeler ma fille, ma femme est injoignable depuis 5 heures. Sachant qu’il n’y a plus Internet, ni eau, ni électricité, ni médicaments. C’est ce que l’occupant cherche : tuer, torturer… J’ai réussi à réserver un billet pour l’Egypte, mais je ne suis pas sûr d’y entrer facilement. Ensuite, j’aurais un grand voyage à faire pour rentrer à Gaza. Je sais que le poste frontière de Rafah est fermé, mais j’ai la volonté et il me faut de toutes façons rejoindre ma famille. Malgré tout, je reste optimiste, patient, ferme, et je sais qu’on va réussir un jour.
Sans fausse neutralité, on voit malheureusement ces derniers temps des médias en Europe qui racontent des mensonges, des rumeurs et n’ont rien à voir avec la réalité en Palestine. On voit aussi la fascisation montante dans certains pays, avec notamment l’interdiction de manifester une solidarité avec le peuple palestinien martyr en France. Cher G. troisième intervenant ici, que penses-tu en tant que militant du FPLP de ce parti pris sioniste en occident ?
G. : Tout d’abord un salut fraternel à tout le monde et force à notre peuple palestinien qui se sacrifie depuis 80 ans d’occupation.
Cette propagande médiatique utilise tous les moyens possibles, les plus mensongers et orduriers pour justifier les massacres de l’armée sioniste et se débarrasser de notre peuple à Gaza. La propagande israélienne et occidentale assimile notre résistance valeureuse au groupe terroriste « Daech » en mobilisant toutes leurs chaînes et médias sur ce thème. Ironiquement, on ne trouve plus de voix libre dans ces pays depuis un certain temps. CNN, BFM, France24, CNews : toutes ces chaînes trompent les téléspectateurs, déforment les faits et ajoutent une couche de plus à la souffrance de notre peuple palestinien. Sur le terrain, dans les capitales européennes, on ne parle pas de la censure, de la répression des manifestations pacifistes qui demandent simplement d’alléger la souffrance des gazaouis.
Concernant la résistance, selon une idée très courante, en Palestine, la résistance c’est le « Hamas », que les seuls résistants sont les militants de « Hamas » avec sa branche armée « Les Brigades al-Qassam ». Mais on oublie qu’il y a d’autres groupes armés, de presque tous les partis politiques palestiniens, même le « Fatah ». Pourquoi ce mensonge, cette négation de l’unité retrouvée de la résistance palestinienne ?
G. : On peut citer : Les « Brigades Al-Qods » du « Jihad islamique palestinien », les « Brigades du Martyr Abou Ali Moustapha » du « Front populaire de libération de la Palestine » (FPLP), les « Brigades du Martyr Omar Al-Qasim » du « Front démocratique de libération de la Palestine » (FDLP), les « Brigades des martyrs d’Al-Aqsa » du « Fatah : OLP Organisation de libération de la Palestine »,…
Je tiens à exprimer ma fierté envers tous les groupes de résistance patriotique contre l’Etat sioniste que ce soit islamiste, nationaliste ou marxiste. Et si on étudie bien l’histoire, le peuple palestinien a d’abord lutté contre l’occupation ottomane, puis l’occupation britannique. Il a manifesté contre la Déclaration Balfour de 1917. Le « Hamas » fondé en 1987 comme de nombreux autres partis et groupes politiques, s’inscrit dans la logique de la résistance à l’oppression de notre peuple.
Si l’occupation pense qu’elle peut éliminer le « Hamas » voire la résistance toute entière, elle doit savoir qu’il s’agit de plus de 18 factions de résistance palestinienne, sans oublier les formes de résistance individuelle, et elles sont partout à Gaza, en Cisjordanie, au sud du Liban, en Syrie, en Jordanie et partout dans le monde avec la diaspora. Chaque jour, un nouveau groupe de résistants peut être créé contre l’occupation et pour la libération palestinienne.