Neige, séisme et inondations.

Routes coupées, réseau électrique détruit, communications impossibles… Plusieurs centaines de milliers d’habitants et d’habitantes de la Drôme, de l’Ardèche et de la Loire ont passé un week-end à la bougie. En cause : des chutes de neige d’une brutalité exceptionnelle, qui ont provoqué la chute de milliers d’arbres, encore porteurs de leurs feuilles.

L’addition se paie d’un mort, de plusieurs blessés graves, de foyers privés d’électricité… Elle s’alourdit également de dommages causés aux forêts et aux exploitations (maraîchères ou plantations) qui sont nombreuses dans les régions touchées. Celle-ci fait preuve de sa vulnérabilité face aux phénomènes climatiques extrêmes. De plus, les infrastructures ont tendance à être plus vulnérables. Ainsi, joindre un simple standard de mairie devient impossible avec une panne électrique.

Cette chute de neige brusque et intense est illustrative du dérèglement climatique, souvent limité au simple réchauffement. Or, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le réchauffement climatique ne se traduit pas par une hausse linéaire des températures. Le gaz à effet de serre retient le rayonnement infrarouge dans l’atmosphère, augmentant l’énergie de l’ensemble. L’atmosphère, comme tout système, respecte une des lois fondamentale de la physique : la thermodynamique. Or, plus un système contient d’énergie, plus la tendance à l’entropie, au désordre, est importante.

Appliquées à l’atmosphère, ces lois expliquent que le réchauffement climatique débouche sur une hausse des phénomènes extrêmes, y compris de froid. La chaleur plus importante entraîne des effets de pompe aspirante, qui draine les masses d’air humides ou froides, en provenance de l’océan ou des pôles. Cela peut permettre de voir l’apparition de phénomènes de refroidissement, alors que cette conséquence paraît plutôt contre-intuitive.

En effet, le vortex polaire, qui fixe les masses d’air glacées, s’affaiblit graduellement avec le réchauffement climatique. Un vortex polaire faible, cela permet donc aux masses d’air froid de descendre plus au sud qu’habituellement, et de causer des ravages inhabituels.

Ces dégâts importants sont une conséquence malheureuse des activités humaines.

Le séisme qui a frappé la même région la semaine précédente, et qui a causé un mort, rentre aussi dans cette liste. Bien que les séismes soient généralement d’origine naturelle, l’analyse fournie par les sismographes a démontré de l’hypocentre (le point où le séisme s’est déclenché) était très proche de la surface. Or, ce type d’événement arrive généralement lorsqu’il est lié à l’activité humaine (creusement de carrières, galeries de mine, essais nucléaires sous-terrains).

La société Lafarge, qui possède une carrière proche de l’épicentre, a été pointée du doigt comme possible responsable du déclenchement de ce séisme. Elle possède un site industriel historique dans le secteur, entre le Teil et Viviers. Ce site est équidistant (26 et 23 kilomètres) des centres nucléaires de Tricastin et de Cruas. Cette dernière centrale a été stoppée pour vérification à la suite du séisme. Cependant, dans l’une comme dans l’autre, les arrêts d’urgence ne se sont pas déclenchés. De voix s’élèvent, depuis, pour signaler l’inadéquation des sites nucléaires français en cas de séisme sérieux, risque sous-estimé.

A Venise, la colère des éléments s’est traduite dans une ironie mordante. Alors que le conseil municipal, dominé par la Ligue du Nord, venait de rejeter une motion pour lutter contre le réchauffement climatique, la salle du conseil a été inondée. Certes, il est possible d’améliorer la prévention, la réaction ou la résilience face aux problèmes liés au réchauffement climatique. C’est une approche « réformiste » de la question. Mais la réponse profonde, celle qui permet de pouvoir juguler le problème, ne peut pas arriver sans rupture dans la société et dans le mode de production.

L’hypothèse du développement durable, c’est-à-dire de réussir à entremêler le social, l’écologique et l’économiquement intéressant, se heurte à un écueil fondamental : la primauté du dernier sur tous les autres. En effet, dans une économie de marché, où la recherche de la rentabilité maximale est le but ultime, il n’est pas possible pour les capitalistes (et ce même à leur corps défendant !) de détourner des ressources pour prendre en considération des éléments aussi secondaires que le social ou l’écologique. A moins que ceux-ci ne puissent être des arguments de vente, mais avec les dérives qu’on peut connaître, comme l’affaire Volkswagen. Lorsque la science est contre elle, la bourgeoisie n’hésite pas à tricher avec les données.

Les États peuvent créer des réglementations contraignantes, certes, mais ces réglementations se heurtent à la concurrence internationale. Celui qui régule le moins rafle les marchés. Lorsque des normes sont adoptées, notamment au niveau européen, elles le sont, car elles correspondent au mode de production de l’entreprise dominant le secteur, et sont un moyen d’écraser la concurrence.

En réalité, il n’existe pas de miracle ou de quadrature de cercle. L’économie de marché est, par nature, incompatible avec le respect des hommes, des femmes, des animaux et de la nature en général. Il n’est pas possible de concilier les deux.

Nous avons besoin, pour ne pas être emportés par les dégâts que nous causons, d’une prise en charge rapide et démocratique des questions écologistes. Cette prise en charge ne peut être faite que dans le cadre d’une économique libérée des impératifs de profits maximum et de rentabilité maximale.

Or, nous ne votons pas sur la production. Celle-ci conditionne la consommation, nous l’impose. Changer cela demande de pouvoir maîtriser l’ensemble de l’économie. Cela ne peut être le fait que d’un pouvoir d’une nature différente de celle que nous connaissons actuellement. Un pouvoir démocratique, un pouvoir populaire, un pouvoir qui fait plier les capitalistes. Construire les outils de ce pouvoir, voilà une nécessité impérieuse.

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