Interview avec la présidente du MLPD, Gabi Fechtner, 11 octobre 2019

La rédaction de Rote Fahne s’est entretenue avec la présidente du Parti marxiste-léniniste d’Allemagne (MLPD), Gabi Fechtner, sur les développements actuels dans la situation de départ, la lutte des classes et sur la manière dont le MLPD lutte pour son rôle sociétal à l’échelle de l’ensemble de la société en ces temps mouvementés.

Pourquoi entendons-nous parler soudainement des activités du MLPD dans les médias bourgeois presque chaque semaine ?

Il s’agit en fait d’une nouveauté fondée sur des facteurs objectifs et subjectifs. Objectivement, la tendance à produire des crises du système impérialiste mondial s’intensifie sur tous les fronts. La crise de confiance dans la politique bourgeoise s’approfondit. Le MLPD est perçu comme un acteur à prendre au sérieux, voire formateur, dans un nombre croissant de foyers par ses amis et ses ennemis. Cela se produit au milieu d’une forte polarisation sociale. Dans le revirement progressiste de l’état d’esprit, une tendance anticapitaliste se développe dans la classe ouvrière et les larges masses. C’est aussi le résultat de décennies de travail systématique du MLPD, un travail qui encourage la prise de conscience, et auquel les forces dominantes font face par une offensive de l’anticommunisme moderne, de répression étatique et de revalorisation des forces fascisantes ou bien des fascistes. Ce développement a mené à une culminationi dans le développement de l’importance du MLPD à l’échelle de l’ensemble de la société. Les points focaux y sont le mouvement Fridays For Future (FFF), la lutte des mineurs contre la politique de la terre brûlée du groupe minier RAG, l’initiative pour une digne commémoration de Thälmann dans la lutte contre l’anticommunisme moderne, la politique prolétarienne à l’égard des réfugiés, la lutte antifasciste, par exemple contre le fasciste Björn Höcke (AfDii) ou contre le NPDiii, le rôle formateur dans la campagne internationale « Ne touchez pas au Rojava! » – ou notre offensive tactique pour les élections en Thuringe. Dans la polarisation sociale le MLPD est le pôle clair, aujourd’hui indubitablement révolutionnaire, combatif de classe et écologique de façon cohérente.

La transition accélérée vers la catastrophe environnementale planétaire, vers une nouvelle crise économique mondiale, diverses crises structurelles, la crise de l’idéologie bourgeoise, la crise de l’ordre bourgeois de la famille, le développement vers la droite du gouvernement et des partis bourgeois et la crise de confiance dans la politique bourgeoise : Pour de plus en plus de personnes, tout cela met à l’ordre du jour la question d’une alternative sociale. Le comportement de soutien de l’État du Linkspartei [Parti de gauche], ses années d’ignorance de la question environnementale et son faible niveau d’ancrage dans le mouvement ouvrier font place sur le côté gauche pour une politique révolutionnaire. Bien sûr, les médias bourgeois ne manquent pas de s’en apercevoir non plus. Le MLPD a fait ses devoirs dans cette situation. Avec son système Revolutionärer Weg [Voie révolutionnaire] il a, depuis 50 ans, des réponses théoriques profondes et convaincantes, et cela du point de vue du marxisme-léninisme et sur toute la gamme des questions sociales. Avec la force de persuasion et l’authenticité propre à lui, il conquiert aussi de mieux en mieux un nouveau rôle sociétal à l’échelle de l’ensemble de la société dans la pratique – contre toute répression anticommuniste de l’État. L’influence sociale accrue se manifeste par divers facteurs : Rien qu’au cours des trois derniers mois, la couverture médiatique du MLPD a atteint environ cinq millions de lecteurs.iv

Le nombre de visites sur Rote Fahne News (rf-news.de) a augmenté en permanence de 25 pour cent par mois depuis 2018. Par rapport à la même période en 2010, il a triplé. Le site web de l’organe Revolutionärer Weg (www.revolutionaererweg.de) a également augmenté de manière significative son nombre de visites. Au troisième trimestre 2019, nous avons vendu presque trois fois plus de livres de la série Revolutionärer Weg que le nombre « habituel » dans un trimestre moyen sans nouvelles publications de cette série. Depuis le Xe Congrès du Parti, nous avons gagné après tout 17 pour cent de nouveaux membres et établi un certain nombre de nouvelles unités de base en construction et de nouvelles cellules. Culmination, cela signifie bataille décisive : Le MLPD parvient-il à obtenir un rôle sociétal à l’échelle de l’ensemble de la société contre l’incitation à la haine et la répression anticommunistes accrues ? Cela équivaudrait à briser durablement l’isolement relatif dans lequel les classes dominantes nous ont plongés ces dernières décennies en nous passant sous silence systématiquement.

Quel signal le 20 septembre 2019, la journée mondiale de grève et de lutte contre la catastrophe écologique imminente, envoie-t-elle pour le développement du revirement progressiste de l’état d’esprit parmi les masses ?

Ce développement marque un nouveau point culminant dans le revirement progressiste de l’état d’esprit. Rien qu’en Allemagne, 1,4 million de personnes sont descendues dans la rue le 20 septembre. Avec un total de 3,91 millions de participants aux luttes ouvrières et populaires en 2019 à ce jour, le revirement progressiste de l’état d’esprit comprend déjà plus de personnes que pendant les années entières de 2017, 2018 ou 2004, l’année du mouvement de la manifestation du lundi et des grèves à l’échelle des groupes, avec un total de 3,8 millions de participants. Le nombre de participants n’est pas loin de sa valeur maximale à long terme de 2015, soit 4,3 millions, lorsque le revirement de l’état d’esprit s’est manifesté. Il est frappant de constater que, surtout dans le mouvement écologiste, la critique du capitalisme ne cesse de se faire jour et que les principaux responsables, les monopoles internationaux, sont de plus en plus pris pour cible. Donc, l’éveil de la conscience environnementale sur un large front progresse vers une conscience environnementale en développement.

Avec le mouvement Fridays for Future, la jeunesse est devenue l’avant-garde pratique dans le revirement progressiste de l’état d’esprit. Ce mouvement n’a pas pu être apaisé et détourné de ses critiques, même pas par des décisions gouvernementales prises à la hâte. Bien au contraire ! Le MLPD est de plus en plus reconnu comme un représentant de la protection cohérente et radicale de l’environnement et de la lutte changeant la société contre l’économie de profit. Nous avons introduit dans le débat le fait que la destruction de l’environnement est maintenant inhérente au système capitaliste et qu’il doit s’agir de l’unité de la solution de la question environnementale et de la question sociale. Cela a fait son entrée dans le mouvement écologiste. Le 20 septembre, nous étions déjà confrontés à une lutte sociocritique. Tout cela a des effets positifs sur le développement de la conscience des masses dans leur ensemble. Le 20 septembre, le MLPD, avec son association de jeunes Rebell et d’autres alliés de l’Alliance internationaliste, a participé activement à au moins 100 actions et les a en partie marquées de son empreinte. Nous avons organisé des blocs attrayants, combatifs, colorés et culturellement riches avec des microphones ouverts, fait du travail de sensibilisation sur nos positions sur le plan de la politique environnementale. Nous avons eu des milliers de conversations, gagné des centaines de nouveaux contacts et de gens intéressés ainsi que des acheteurs pour le livre « Alerte à la catastrophe ! Que faire contre la destruction délibérée de l’unité de l’homme et de la nature ? » de la série Revolutionärer Weg. Nos cellules d’entreprise ont activement mobilisé – souvent étant les seuls à ce faire – de nombreuses délégations de travailleurs des grandes entreprises industrielles. Cela donne un nouvel élan à l’unité du mouvement ouvrier et environnemental et à la lutte pour un droit de grève intégral, universel et légal.

Cependant, la classe ouvrière dans son ensemble ne se trouve pas encore à la tête des protestations environnementales. Dans les manifestations FFF ainsi que dans les syndicats une véritable lutte d’orientation fait rage sur ces questions. Le syndicat Verdiv, mais aussi IG Metallvi et d’autres – en réaction à l’éveil massif de la conscience environnementale – s’occupent de plus en plus de la question environnementale. Cependant, le fait que divers cadres syndicaux, tels que le président d’IGBCEvii Michael Vassiliadis, s’abaissent à des attaques contre les manifestations environnementales, est une politique ouverte de prestation de services pour l’industrie. D’autant plus importantes sont les actions autonomes et combatives des personnels, encore peu nombreuses mais croissantes comme celles des mineurs, des travailleurs de Siemens à Berlin ou des personnels plus petits des équipementiers automobiles. Le mouvement FFF n’est bien sûr pas homogène, et en son sein une lutte développée a lieu entre la pensée prolétarienne et la pensée petite-bourgeoise. Nous devons investir encore plus dans le travail d’encouragement de la prise de conscience ! Ce n’est qu’ainsi que se renforcera la tendance anticapitaliste avec une franchise croissante pour la perspective socialiste dans le mouvement spontané et donc encore instable.

S’agit-il d’un phénomène exceptionnel en Allemagne ‒ ou comment évalues-tu la tendance internationale ?

Le caractère international des manifestations du20 au 27 septembre a été remarquable – avec 6 383 actions dans 170 pays et au moins sept millions de personnes ayant participé à ces protestationsL’organisation mondiale révolutionnaire ICORviii l’a influencé en orientant sur un front de résistance international pour sauver l’environnement de l’économie de profit. Sur le plan international aussi, la polarisation sociale ainsi que le revirement progressiste de l’état d’esprit continuent à se développer. Dans différentes régions des luttes de masse ont éclaté, allant jusqu’à des soulèvements insurrectionnels.

349 combats et grèves rien qu’en juillet 2019 dans l’Iran néo-impérialiste, où la lutte pour le travail, la paix et le pain a de plus en plus lieu sous la direction de la classe ouvrière. Un soulèvement explosif en Irak, avec la jeunesse comme avant-garde pratique. D’autres luttes de masse importantes au Soudan, en Égypte, en Algérie – et tous les vendredis des manifestations de masse à Gaza contre la politique impérialiste d’Israël. Au Pérou, il y a eu une grève nationale des mineurs influencée par la Conférence internationale des mineurs, réalisant l’unité des revendications économiques pour une convention collective générale et des questions écologiques.

Dans cette situation, l’engagement internationaliste ciblé du MLPD et de l’ICOR contribue de manière significative aux progrès importants de la coopération et coordination transnationales. Les pourparlers entre l’ICOR et l’ILPSix sur la construction d’un front uni anti-impérialiste mondial sont très avancés. Les 28 et 29 septembre, la quatrième Conférence de l’ICOR du Moyen-Orient a eu lieu ‒ pour la première fois dans la région elle-même. Des organisations de l’ICOR, ainsi que des forces pertinentes de la région, telles que les Kurdes et les Palestiniens, ont discuté de manière aussi controversée que solidaire. Il s’agissait de l’évaluation de la situation explosive, mais aussi des conclusions pour une future coopération plus étroite au Proche et au Moyen-Orient. De grands progrès existent également dans la préparation de la 2e Conférence internationale des travailleurs de l’automobile en février 2020 en Afrique du Sud, à laquelle des délégations de travailleurs de divers pays se préparent déjà.

Est-ce que cela s’accorde : parler de tels succès alors que, en même temps, il y a les attaques les plus violentes contre le MLPD ?

Les plus grands succès sont conquis de haute lutte contre les plus grandes hostilités. Et dans le sens inverse : Les hostilités sont précisément dues à nos succès réels et potentiels. Le 20 septembre s’est avéré être une défaite totale pour le gouvernement Merkel/Scholz et les partis bourgeois. Ceux-ci, ‒ aussi les Verts, avaient tenté dès le début de conduire le mouvement FFF au moulin de leur politique, et de l’aligner sur l’Accord de Paris sur le climat, totalement non contraignant et insuffisant. Les représentants des partis bourgeois se cachent derrière leurs fonctions d’ONG – afin de se mettre ainsi à la tête du mouvement. Les ONGx bourgeoises ont « généreusement » financé le matériel central pour le 20 septembre, qui était bien sûr aussi contrôlé par elles en termes de contenu.

Cette « promotion » du mouvement FFF doit empêcher la conscience environnementale de se développer à un niveau plus élevé faisant partie de la lutte des classes et de la préparation de la révolution internationale. Mais ce plan n’aurait pu fonctionner que si le MLPD avait été éliminé du mouvement.

À cette fin, le courant liquidateurxi à l’échelle de l’ensemble de la société, qui fait rage depuis environ un an et demi, a de nouveau été mobilisé à l’échelle nationale. Il s’agit ici d’un nouveau genre de courant liquidateur pas au sein du parti, comme nous l’avons surmonté dans l’histoire de notre parti. Il est dirigé contre l’unité croissante du parti marxiste-léniniste et des masses, des divers mouvements de masse et des auto-organisations des masses. Dans la plupart des localités, exactement les mêmes slogans hypocrites ont été présentés simultanément :« pas de partis, pas de drapeaux ». En fait, c’est clairement dirigé en particulier contre le MLPD. En raison de leur présence quotidienne dans les médias, le SPDxii, les Verts ou le Linkspartei n’ont pas besoin d’apparaître avec leurs drapeaux et bannières. De même à l’unisson, la critique du capitalisme et une perspective visant à transformer la société ont été déclarées « indésirables » par ces forces et des tentatives ont été faites pour exclure le MLPD et l’association de jeunes Rebell des groupes « Orga »xiii. Ces attaques allaient de l’interdiction illégale de drapeaux de parti et de la diffamation jusqu’aux tentatives de provoquer une ambiance de pogrom anticommuniste. Enfin, aussi à la violence physique et à la coopération directe avec l’appareil d’État. Dans ce contexte, il est révélateur que ces types, qui se présentent sous le couvert de la défense de la démocratie bourgeoise, attaquent avec véhémence les droits et libertés démocratiques bourgeois – entre autres – du MLPD. L’inexpérience politique des militants de FFF, pour la plupart très jeunes, est carrément abusée pour ces activités minables. Les principaux partisans de ce sale travail pour les dominants étaient des ONG pseudo non-affiliées à des partis et qui soutiennent l’État ; ces ONG s’appuyaient entre autres sur les « Antideutsche » [anti-Allemands] ou des groupes de casseurs anarchistes dans des villes telles que Bochum, Dortmund, Rostock ou Erfurt. Ceux-ci collaboraient alors souvent directement avec la police – de manière tout à fait « anti » allemande et anarchiste. Contre nous. La plupart de ces personnes n’avaient jamais été vues auparavant lors d’une manifestation environnementale.

Tout cela a échoué lamentablement le 20 septembre. Nous avons insisté ‒ dans l’intérêt de l’ensemble du mouvement – sur nos droits et libertés démocratiques. Nous avons mis l’action dictatoriale des équipes autoproclamées « Orga » en tort ; nous avons dévoilé l’objectif politique du courant liquidateur à grande échelle, attaqué les scissionnistes, et nous avons dénoncé et dénonçons nominativement les responsables. Dans la lutte contre cette orientation destructrice, nous avons perfectionné notre culture de manifestation et de discussion attrayante et nos arguments convaincants, avec une grande résonance. Nous ne laisserons aucune de ces attaques sans réponse.

N’est-il pas curieux que le MLPD, qui veut surmonter cette société de manière révolutionnaire, insiste sur la Loi fondamentale bourgeoise ou la loi sur les rassemblements ?

Au contraire, ce n’est que cohérent ! Déjà l’ancien président du KPD Max Reimann, membre du Conseil parlementaire lors de l’adoption de la Loi fondamentale [Constitution] en 1949, a bien exprimé la position des communistes. Après avoir déclaré que le KPD n’était pas d’accord avec la Loi fondamentale parce qu’elle signifiait la division de l’Allemagne et perpétuait la propriété privée capitaliste, il a expliqué : « Les législateurs vont violer leur propre Loi fondamentale dans le cadre de leurs politiques antipopulaires. Nous, communistes, défendrons les peu de droits démocratiques consacrés par la Loi fondamentale contre les auteurs de la Loi fondamentale ».xiv. C’est comme ça que nous le faisons aussi aujourd’hui.

Le droit fondamental à la liberté d’expression, la liberté de réunion et le droit d’association avec des droits spéciaux pour les partis politiques sur une base antifasciste ont été obtenus de haute lutte par le mouvement ouvrier depuis plus de 100 ans et ancrés dans la Loi fondamentale comme une leçon du fascisme hitlérien. C’est inacceptable ce que différents liquidateurs s’arrogent : Le droit d’avoir le « monopole » des mouvements sociaux tels que les FFF et de prendre des décisions dans certains groupes préparatoires arbitrairement mis ensemble, le plus souvent minces, mais recrutés de manière ciblée par eux et qui sont au-dessus des droits fondamentaux. Des Verts ou d’autres fonctionnaires bourgeois qui se présentent comme « Parents for Future » crient que « les jeunes ne veulent tout simplement pas du MLPD ». En même temps, ces mêmes jeunes dans leur grande masse sont extrêmement ouverts et intéressés par les positions du MLPD, et aussi à s’organiser dans Rebell. Ce n’est pas sans raison que 80 000 tracts du MLPD intitulés « Montrer le drapeau de la résistance active » ont trouvé des preneurs intéressés en une seule journée. Ces gens mènent la sainte croisade contre le prétendu « stalinisme », alors que leur mentalité elle-même est despotique et répressive.

Si on pousse ce raisonnement jusqu’au bout, ce comportement conduit à ce qu’une majorité ultraréactionnaire a défini comme une « résolution du Parlement européen » le 19 septembre 2019 : Cette résolution fait référence à l’interdiction des symboles et organisations communistes dans divers pays d’Europe orientale, met le fascisme et le « stalinisme » sur le même pied en distordant l’histoire et demande des mesures radicales correspondantes – contre les communistes !

Quiconque agit aujourd’hui contre la liberté d’expression des marxistes-léninistes, contre le droit d’association et contre les drapeaux du MLPD n’a pas de place dans un mouvement progressiste. Notre grand succès, en revanche, n’a été possible que parce que nous avons agi de manière offensive au lieu de agir. Parce que nous ne nous sommes pas lâchement esquivés et que nous n’avons pas enroulé piteusement nos drapeaux comme l’ont fait divers opportunistes. C’est ce que l’ensemble du parti a mis en œuvre de façon excellente le 20 septembre – et c’est une ligne directrice pour que le MLPD continue à assumer son rôle sociétal dans l’ensemble de la société !

Le 20 septembre, le soi-disant paquet climat du gouvernement fédéral a également été adopté. Il ne semble pas susciter beaucoup d’enthousiasme parmi la population ?

C’est encore très poli de l’exprimer ainsi. Même parmi de larges cercles des chercheurs bourgeois en environnement on parle de fiasco, d’échec, de catastrophe. Tout ce soi-disant paquet climat est une provocation face aux mouvements ouvrier, de la jeunesse et écologique et des larges masses. La justification de la chancelière Merkel selon laquelle la politique est ce qui est « faisable », montre clairement le caractère de classe du prétendu pragmatisme sans idéologie. En clair, il s’agit seulement de savoir ce qui est « faisable » pour un gouvernement qui se considère comme un fournisseur de services aux monopoles internationaux : et ce n’est en aucun cas la protection de l’environnement au détriment de leurs profits ! L’industrie capitaliste sera même soulagée par le nouveau paquet gouvernemental. Par exemple, en réduisant le prélèvement EEGxv et en accordant d’importantes subventions aux constructeurs automobiles et à Bahn AG. Le revers de la médaille est la répercussion complète des fardeaux de la crise environnementale sur le dos des larges masses. Seule une petite fraction des 54 milliards d’euros prévus revient aux masses, par le biais de l’augmentation de l’indemnité de déplacement à partir de 21 kilomètres ou de la réduction de la TVA sur les voyages en train. Les masses doivent ainsi mises en colère contre de nouvelles mesures de protection de l’environnement. La taxe sur le CO2 les saigne à blanc, en même temps les capitalistes peuvent tout transférer sur les prix aux consommateurs. Grâce à ces mesures, du même coup pas un seul gramme de CO2 n’est éjecté en moins. Du point de vue de la politique environnementale, l’approche « faisable » de Merkel consiste à poursuivre délibérément la voie vers la catastrophe environnementale mondiale – et de plus en responsabiliser les masses. Même pour les Verts, qui ont le plus bénéficié du mouvement environnemental jusqu’à présent, être vert s’arrête toujours là où la logique du profit des entreprises serait affectée. Dans le même temps, nous avons vécu une aggravation dramatique de la crise environnementale mondiale ces derniers mois. Fin septembre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a averti que le réchauffement de l’air et de l’eau se produisait beaucoup plus vite que prévu. Des interactions désastreuses des différentes caractéristiques principales de la transition vers la catastrophe environnementale mondiale se développent. Elles menacent de dépasser des « points de basculement » irréversibles. C’est clairement le moment d’une alerte à la catastrophe ! Les mesures aussi doivent y correspondre. Et que fait le gouvernement ? Il affaiblit même davantage son propre paquet climat absolument insuffisant. Dans cette lutte, les cellules d’environnement du MLPD doivent prendre les devants. Leur tâche est de déployer la lutte pour le nécessaire programme d’urgence actuel – en tant qu’école de lutte pour une société socialiste, avec le paradigme de l’unité de l’homme et de la nature. Il serait opportuniste de laisser les luttes écologiques concrètes au mouvement écologiste petit-bourgeois et de fomenter ainsi l’illusion que le capitalisme peut être façonné écologiquement. Le renforcement des cellules d’environnement est une condition préalable essentielle au développement de la conscience écologique – dans la perspective d’un caractère du mouvement environnemental qui vise à transformer la société.

Malgré tout assentiment, il y avait aussi certaines voix qui soulevaient la question si le MLPD doit nécessairement se présenter avec ses drapeaux et ses symboles ?

Cette bataille est un processus d’apprentissage nécessaire. Nous savons par tous les développements historiques qu’avant et dans les sauts qualitatifs vers des changements sociaux majeurs, des culminations doivent être menées à terme et des courants liquidateurs se produisent. La justesse, voire la nécessité de ce débat, s’applique même si ce n’est pas tout le monde qui le comprend déjà directement ou le soutient – et qu’une partie peut être découragée, intimidée, influencée par l’anticommunisme moderne ou même incitée. Tout comme il n’y a pas de socialisme sans révolution contre le capitalisme, il n’y a pas non plus de conscience socialiste sans batailles idéologiques préalables contre l’anticommunisme moderne. Rappelons-nous comment, dans les années 1980 et 1990, le MLPD a été insulté, agressé, chassé des manifestations, et comme des tables de livres ont été détruites par les partisans du DKPxvi alors encore fort. La raison en était la critique fondamentale de la restauration du capitalisme en Union soviétique, du révisionnisme en RFA ou en Chine par le MLPD et son organisation précurseur. C’était encore une opinion minoritaire à l’époque. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que cette critique était aussi indispensable qu’elle était prévoyante pour donner un nouvel essor à la lutte pour le socialisme. Si nous menons ce combat correctement aujourd’hui, les jeunes sortiront de ce conflit aguerris et plus conscients. L’hésitation dans l’action contre les forces liquidatrices ne fait que leur donner une marge de manœuvre et a toujours quelque chose à voir avec le fait de considérer les liquidateurs comme « partie du mouvement », ce qu’ils ne sont pas !

Il faut examiner de plus près les forces qui sont à l’origine de cette division et leur contexte idéologique. Le Congrès d’été des FFF à Dortmund en juillet était organisé par Campact. Un certain Christoph Bautz est directeur général de Campact depuis sa fondation en 2004, après avoir été le fondateur d’Attac Allemagne. Il a été formé pour ces tâches dans le cadre de son travail pour la plateforme Internet américaine « MoveOn.org ». Celle-ci est financée entre autres avec 1,46 million de dollars par le magnat de la finance George Soros. Soros était un élève du « philosophe » Karl Popper avec sa philosophie du nouveau positivisme. Il prétendait que le capitalisme était une « société ouverte » qu’il fallait « protéger » de manière conséquente de ses « ennemis”, et par là il comprend avant tout les communistes. Cette société est donc « ouverte » à tout ce qui est capitaliste – mais « fermée » à la critique du capitalisme. Personne ne peut me dire que ce concept correspond à ce que les masses de jeunes veulent et dont elles ont besoin aujourd’hui. C’est pourquoi il est important que l’on dévoile aussi le contenu idéologique qui veut mettre les jeunes au pas ici. La Fondation Heinrich Böll de l’Alliance 90 / Les Verts organise – de manière tout à fait désintéressée, bien sûr – des cours de formation sur des « formes de protestations de la société civile » pour les militants des FFF, qui, en partie, sont soutenus directement par le Centre national pour l’éducation politiquexvii. Les ONG, qui soutiennent l’État, étaient déjà dans le passé des instruments du système du mode de pensée petite bourgeoise, à savoir du système de démoralisation, désorganisation et désorientation utilisé par les forces dirigeantes. Aujourd’hui, elles se transforment de plus en plus en instruments pour l’oppression ouverte des révolutionnaires et des marxistes-léninistes.

Le dernier cri de l’anticommunisme moderne est l’accusation absurde que nous serions des « antisémites ». Depuis des décennies, nous combattons toutes les formes du racisme, y compris, bien sûr, l’antisémitisme. Personne n’a jamais été en mesure de nous prouver quoi que ce soit d’antisémite – parce que nous ne le sommes pas. Il s’agit tout simplement d’une campagne anticommuniste de fausses informations qui mise sur l’ignorance des gens. Souvent notre soutien de la campagne de solidarité palestinienne BDSxviii doit servir à ce propos. Cette campagne vise, par exemple, les groupes internationaux qui font des affaires impérialistes dans les territoires palestiniens occupés par Israël. Par exemple, contre le groupe français AXA qui détient des participations dans cinq banques qui investissent dans les colonies illégalesxix. De plus, AXA investit dans la plus grande société d’armement israélienne (Elbit), dont les drones équipent à leur tour la mission Frontex en Méditerranée. Quiconque diffame et s’oppose à une telle campagne peut expliquer pourquoi il veut protéger de tels crimes impérialistes.

Ce mouvement a aussi peu à voir avec l’antisémitisme que les protestations progressistes contre le président fasciste turc Erdoğan avec l’islamophobie.

Comprendre tout cela aidera en fin de compte les masses à mieux comprendre la nature réactionnaire de l’anticommunisme moderne. Tout le monde doit en être conscient : Quiconque propagera et tentera d’imposer de façon agressive l’anticommunisme moderne dans les mouvements sociaux renforcera objectivement aussi des forces telles que l’AfD et leur anticommunisme ouvertement agressif. Car avec des témoins principaux soi-disant « de gauche », on rend l’anticommunisme et l’agressivité à l’égard du MLPD socialement acceptables et on les pousse à l’extrême avec l’anticommunisme ouvertement agressif et les méthodes répressives fascisantes ou même fascistes de l’AfD ou du NPD contre le MLPD. Tout cela exige de nous et de toute personne à l’esprit démocratique que nous soutenions l’offensive contre les courants liquidateurs et la continuions, que nous les combattions dans tous les mouvements sociaux et les syndicats, que nous discréditions publiquement leurs représentants dirigeants et ceux des services secrets qui tirent les ficelles en coulisse.

D’où vient la nervosité des dirigeants ? En ce qui concerne le développement économique, le côté bourgeois affiche actuellement beaucoup de visages inquiets. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Nous sommes arrivés à la conclusion qu’une nouvelle crise économique mondiale a déjà commencé. Ceci a commencé dès le second semestre 2018, période au cours de laquelle la stagnation fluctuante qui a duré jusqu’alors a dépassé son zénith. Dans cette évolution, la production industrielle et les investissements avaient augmenté et diminué dans des proportions moyennes. Aujourd’hui, un changement qualitatif s’est produit : la production industrielle a considérablement diminué depuis lors dans certains centres impérialistes, tandis que les taux de croissance ont considérablement baissé dans d’autres. La tendance est clairement négative depuis plusieurs mois. Le Fonds monétaire international (FMI) a également tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il appelle un « ralentissement synchrone » dans 90 % des paysxx. Depuis novembre 2018, la production industrielle de la zone euro et de l’UE a connu un déclin absolu. Au second semestre 2018, les premiers pays nouvellement impérialistes comme l’Argentine, le Brésil et la Turquie étaient déjà tombés dans une crise économique ouverte. En juin 2019, la production industrielle dans les pays de l’OCDExxi a baissé de 0,5 pour cent par rapport à l’année précédente. Dans l’UE, la baisse de la production industrielle au deuxième trimestre de 2019 a été de 0,5 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. Le déclin de la production industrielle au Japon dure depuis juin 2018. L’industrie automobile mondiale se trouve dans un tourbillon de crise. En juin, l’Institut CAR de l’Université de Duisburg-Essen prévoyait un recul de plus de quatre millions de véhicules vendus dans le monde, passant de 83,7 à 79,5 millions pour l’année 2019, et en mai 2019, les ventes en Chine, le plus important marché de vente, ont diminué de 16,4 % en glissement annuel pour la onzième fois de suite.

Fait remarquable, l’Allemagne, fleuron de l’économie de l’UE à ce jour, a été particulièrement touchée par la crise. Depuis août 2018, la production industrielle en Allemagne est en baisse en termes absolus par rapport à l’année précédente. Le taux d’utilisation de la capacité est passé de 87,8 pour cent en juillet 2018 à 83,9 pour cent en juillet 2019 et les exportations ont également diminué de façon significative au cours des différents mois. Les commandes industrielles sont en forte baisse. En août 2019 de 6,7 pour cent en glissement annuel. La baisse des commandes dans le secteur de la construction mécanique est particulièrement dramatique : en août 2019, les commandes aux entreprises allemandes ont chuté de 17 pour cent par rapport à l’année précédente.

Aux Etats-Unis, les taux de croissance de la production industrielle sont en baisse et, en août 2019, ils n’ont augmenté que de 0,4 % par rapport à la même période de l’année précédente, alors qu’en 2018, ils avaient augmenté d’environ 4 % en glissement annuel dans tous les trimestres. En Chine, le produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre de 2019 n’a augmenté que de 6,2 % par rapport à la même période de l’année précédente, et l’économie chinoise est si faible qu’elle ne l’a pas été depuis 1992xxii.

Les taux de croissance du produit intérieur brut diminuent à l’échelle internationale depuis le deuxième trimestre de 2018 et dans l’UE depuis le quatrième trimestre de 2017, mais la vision unilatérale du produit intérieur brut fausse l’évolution économique réelle. Parmi les « services » inclus dans le PIB figurent les parts de la production industrielle, mais aussi de nombreux domaines qui ont peu à voir avec la production de biens matériels. Depuis quelque temps déjà, selon les accords internationaux, les dépenses d’armement, le blanchiment d’argent, la contrebande de cigarettes et la prostitution, la spéculation exubérante, les drogues et le versement de pensions importantes sont également considérés comme une nouvelle valeur sociale. Cela met en lumière la décadence du système impérialiste mondial.

Le déclencheur immédiat de la crise économique mondiale a été la guerre commerciale émanant des États-Unis. Au cours des six derniers mois, un plus grand nombre de biens et services ont été assujettis à des tarifs douaniers que jamais auparavant. La valeur des biens concernés est estimée à 421 milliards d’euros. Cela a de graves effets négatifs sur le commerce mondial dans son ensemble. Il a diminué de 2,8 % au premier semestre 2019 par rapport au premier semestre 2018. Cela a un impact particulier sur le talon d’Achille des pays dont l’économie dépend fortement des exportations, comme l’Allemagne.

Le contexte général de la nouvelle crise économique mondiale s’explique par l’intensification de la suraccumulation chronique du capital et par les effets cumulatifs sans précédent de trois crises structurelles différentes qui s’interpénètrent : Depuis le début des années 1990, une crise structurelle internationale basée sur la nouvelle organisation du mode de production capitaliste international a pris effet. À cela s’ajoute la crise structurelle provoquée par la conversion de l’industrie automobile à l’électromobilité et la crise structurelle basée sur la digitalisation complète de l’intégralité du processus de production. Elle a un impact universel sur la production, le commerce, la communication et la société dans son ensemble. En 2018, les profits des supermonopoles internationaux se sont élevés à 2,2 billions de dollars US, soit 262 % de plus qu’en 2008. Ce fait leur a permis, après la crise économique et financière mondiale de 2008-2014, d’augmenter considérablement leurs profits maximaux au détriment des autres monopoles, de la bourgeoisie non monopoliste, de la société dans son ensemble et par l’exploitation de l’homme et de la nature. Mais ces bénéfices explosants ne pouvaient être investis pour générer un profit maximal que dans une mesure de plus en plus faible, compte tenu du resserrement relatif des marchés. Le capital spéculatif s’est alors massivement accru. En juin 2019, la capitalisation boursière, c’est-à-dire la valeur boursière des sociétés cotées en bourse dans le monde, était de 83,3 billions de dollars US. En comparaison, ce chiffre était de 60,7 billions en octobre 2007, la valeur la plus élevée au moment du déclenchement de la crise financière. Les journaux économiques mettent déjà en garde contre une « bulle immobilière ou boursière ».

Mais cette fois-ci le ralentissement en crise est moins abrupt que la dernière fois en 2008 – n’est-ce pas ?

Jusqu’à présent, la gestion de crise coordonnée au niveau international fait en sorte, effectivement, que l’irruption de crise est moins abrupte qu’à la dernière crise de surproduction. Cependant, la production industrielle en Allemagne est retombée au niveau de l’année 2016. La chute abrupte à l’échelle mondiale avait été provoquée surtout par l’éclatement de la crise financière mondiale et son déclencheur, l’effondrement de Lehman Brothers. Cette crise financière a touché en un rien de temps le cœur du secteur bancaire capitaliste et coupé brusquement les flux financiers mondiaux en 2008. Cela déclencha un fléchissement extrême, simultané sur le plan mondial et profond de la production industrielle. Avec la politique de l’argent bon marché, l’acquisition d’obligations d’État et d’obligations de sociétés par les banques centrales, des mesures de soutien globales monopolistes d’État en faveur des grandes banques, de nouvelles règles pour la réglementation bancaire et des sommes inouïes d’argent pour stabiliser les banques, les dirigeants ont évité jusqu’à présent une telle évolution abrupte. À cette fin, la gestion de crise coordonnée au niveau international, qui avait été mise en œuvre pour la première fois en 2008, a été poursuivie avec des modifications diverses. Mais même ceci n’a pas engendré de relance véritable. La « relance autoporteuse » tant invoquée par la chancelière Merkel s’est avérée, comme nous l’avions prédit, être une chimère du vœu pieu de l’économie politique bourgeoise. La domination impérialiste mondiale est suspendue au goutte-à-goutte de cette gestion de crise internationale, qui est un jeu dangereux avec le feu. La Banque centrale européenne (BCE) à elle seule a acquis 2,65 billions d’euros en dettes sur emprunts obligataires depuis 2015. Si l’on y ajoute à peu près ces 2,65 billions d’euros de dettes transférés par la BCE à ses bilans, aux dettes officielles d’État de la zone euroxxiii, la dette publique réelle de la zone euro s’élève à 12,51 billions d’euros. Cependant, à un moment donné, la limite relative de l’endettement publique deviendra une limite absolue : Cela entraînera des répercussions brusques : d’une l’inflation galopante à des crises d’État, comme celles que nous avons vues en Grèce ou en Argentine en 2010. De plus, l’endettement des sociétés s’est accru de façon spectaculaire. Le FMI craint que si la crise se poursuit, des prêts aux entreprises d’une valeur de 19 billions de dollars seront menacés, et il estime le risque plus grand qu’au début de la dernière crise économique et financière mondiale. La gestion de crise a de moins en moins de vis d’ajustement qui peuvent être tournées davantage en raison de l’endettement publique gonflé et des taux d’intérêt bas ou négatifs pratiquement ininterrompus. En général, elle est minée de plus en plus par l’intensification de la concurrence inter-impérialiste. Pour des raisons économiques et politiques, une nouvelle édition de la gestion de crise coordonnée au niveau international selon le modèle d’alors n’est guère envisageable aujourd’hui.

Selon le gouvernement, ils ont la situation sous contrôle ‒ et la classe ouvrière et les larges masses n’ont rien à craindre ?

C’est bien sûr de la pure propagande utilitaire ! Il est prévisible que les monopoles dirigeants et le gouvernement passeront de la politique de la gestion de crise, qui tente d’équilibrer et qui dure depuis des années à une répercussion des fardeaux de la crise sur les masses de plus en plus directe, ouverte et généralisée. Un nombre croissant d’entreprises industrielles, mais aussi des banques, annoncent la suppression d’emplois et menacent ouvertement de licenciements pour motif économique. Ceux-ci ont déjà été réalisés chez la RAGxxiv. À cette violation de tabou suivront d’autres. Le nombre d’ouvriers en chômage technique augmente sensiblement, des dizaines de milliers d’ouvriers intérimaires ont déjà été « radiés ». Cela accentuera les contradictions de classe, en particulier dans les grandes entreprises industrielles. Il y a déjà des actions combatives importantes contre de tels licenciements de masse, planifiés ou déjà réalisés, comme chez Ford au Brésil, en Inde et en Grande Bretagne, chez Général Motors aux États-Unis, au Canada et en Corée ainsi que chez Hyundai en Algérie. Au Brésil, en Corée et en République tchèque, les travailleurs de l’automobile sont à la tête des luttes de masse contre le gouvernement. Après les élections au Landtag en Thuringe, nous donnerons une priorité au renforcement de nos forces auprès et dans les grandes entreprises et les syndicats.

Nous vivrons aussi de nouvelles attaques contre les acquis sociaux des masses. L’association fédérale de l’industrie allemande, la BDI, réclame déjà un nouveau programme de crise d’un montant de 400 milliards d’euros, qui est censé d’être extorqué de la société entière. Cela touchera aussi les familles et les femmes en particulier, qui doivent « absorber » ces fardeaux de la crise dans les familles individuelles en tant que plus petites unités économiques. Cela sera sans doute aussi un sujet lors du Conseil politique des femmes du 1er au 3 novembre à Erfurt. C’est le congrès auto-organisé le plus important du mouvement combatif des femmes en Allemagne.

Selon la logique perverse des forces dominantes, cette situation actuelle ne laisse pas non plus de marge de manœuvre pour prendre des mesures sérieuses contre la crise environnementale mondiale. Dans ce contexte, celle-ci deviendra encore plus aiguë. Les crises politiques latentes auront tendance à s’exacerber et à éclater ouvertement plus souvent et plus profondément. La lutte concurrentielle internationale s’intensifiera et sapera encore davantage le fonctionnement des formes internationales d’organisation du capital financier international dominant sans partage. La préparation générale à la guerre sera encore renforcée et pourra également se transformer en menace de guerre imminente. Nous le voyons actuellement déjà avec l’attaque du régime turc fasciste Erdoğan contre le Rojava, ce qui est contraire au droit international. Toutes les contradictions sociales seront poussées à l’extrême. Pour le moment cela ne se fait généralement pas encore de façon incontrôlée et abrupte. En Allemagne, cela va même de pair avec quelques petites concessions partielles aux masses. Nous savons aussi que la chancelière Angela Merkel est passée maître dans l’art de rassurer les masses avec de petites concessions, surtout dans les situations de crise. Mais la tendance générale du système impérialiste mondial à produire des crises continuera de s’intensifier et prendra inévitablement un caractère ouvert à un moment donné. Elle va de plus en plus entrer en opposition à la préparation matérielle en progression des États socialistes unis du monde. Cela aussi met les masses de plus en plus en contradiction au capitalisme. Elles voient toujours plus clairement ce qui serait réellement possible ‒ et dans quelle mesure le capitalisme empêche que toute la société, l’homme et la nature, bénéficient du progrès scientifique et technique.

La polarisation sociétale continuera à s’intensifier : entre le développement vers la droite du gouvernement et des partis bourgeois d’une part et le revirement de l’état d’esprit progressif au sein des masses d’autre part. Il est remarquable que, entre-temps, ce développement vers la droite a subi aussi certaines défaites au niveau international. Par exemple, la chute du ministre de l’Intérieur italien ultraréactionnaire Salvini ou du gouvernement autrichien Kurz/Strache, les problèmes considérables du président américain Trump, du président turc Erdoğan et du Premier ministre britannique Johnson. Les contradictions augmentent également dans le camp des dirigeants mêmes. Après tout, la conversation téléphonique de Trump avec le président ukrainien Selenskyj a été révélée par un agent de la CIA. Il s’y agit apparemment aussi d’un différend sur l’orientation des tactiques au sein des dirigeants. Les parties du capital financier international qui ont besoin d’un bon fonctionnement du commerce mondial ne sont plus aussi facilement prêtes à accepter les mesures protectionnistes d’un Donald Trump.

En temps de crise économique, l’expérience montre que la recherche d’une issue individuelle ou aussi le souci de son propre emploi accroissent spontanément. Dans cette situation en particulier, les forces ultraréactionnaires et fascisantes ou même ouvertement fascistes font tout ce qui est en leur pouvoir pour détruire par leur démagogie la conscience de classe prolétarienne, la conscience environnementale ou aussi la conscience internationaliste. L’intensification de la concurrence inter-impérialiste alimentera aussi le social-chauvinisme des dirigeants. Bref, en tant que marxistes-léninistes, nous sommes appelés à examiner, qualifier et mener à bien, de façon très précise et différenciée, cette lutte déployée pour le mode de pensée. Il s’agit de développer systématiquement, avec beaucoup de profondeur, notre stratégie et tactique dans la lutte de classe et notre stratégie et tactique dans la lutte pour le mode de pensée des masses.

Qu’est-ce qui pousse le Verfassungsschutzxxv à « réévaluer » le MLPD ?

Depuis longtemps, les dirigeants ont mis en marche leurs services secrets pour mettre les gens en garde contre la « dissolution des frontières de l’extrémisme (présumé) »xxvi au sein de la société. Aujourd’hui, ils y voient la plus grande menace pour le système capitaliste. Dans leur jargon, rien d’autre n’y est exprimé que le fait que les marxistes-léninistes acquièrent une l’influence de masse. Après une conférence des ministres de l’intérieur en juin 2019, le Service de renseignement intérieur a littéralement « réévalué » le MLPD dans son rapport annuel. Ils augmentent le nombre de nos membres de près de 60 pour cent, passant de 1 800 à 2 800. Ils sont particulièrement préoccupés par notre clarté idéologico-politique. Ainsi, le rapport du Service de renseignement intérieur met en garde contre le futur « potentiel » de nos « analyses exhaustives », avec lesquelles nous pourrions « inspirer idéologiquement » d’autres forces « comme incendiaires intellectuels »xxvii Depuis mai 2018, nous observons qu’un changement de tactique concret contre le MLPD a été initié, qui prend forme de plus en plus. La Cour d’appel d’Iéna a décidé qu’il ne devait pas y avoir d’enquête pénale en raison de la plainte déposée par Stefan Engel contre le ministre fédéral de l’Intérieur Horst Seehofer, contre l’ancien président du Service de renseignement intérieur Hans-Georg Maaßen et contre le policier Dirk Löther, responsable opérationnel des attaques contre le Festival de musique rebelle et contre le MLPD à la Pentecôte de l’année dernière. Il est scandaleux que l’appareil d’État puisse simplement déclarer un révolutionnaire comme Stefan Engel, qui a été président du MLPD pendant 37 ans et qui est aujourd’hui directeur de la rédaction de notre organe théorique Revolutionärer Weg, comme étant un « perturbateur présumé » – et leur action arbitraire et illégale reste impunie. Pour Stefan Engel, d’autre part, toutes les possibilités légales d’autodéfense devraient être supprimées. Dans d’autres procès et interdictions, il est frappant également que Stefan Engel est particulièrement la cible d’attaques par l’État et les services secrets. Ainsi, d’après l’interprétation de la Cour, lui il nedevrait explicitement pas parler au site commémoratif à Buchenwald, parce qu’il voudrait y faire des références à l’actualité. Ce n’est qu’après de fortes contestations et une véritable vague de protestations que la commémoration du 75e anniversaire de l’assassinat de Ernst Thälmann, organisée par le MLPD, a pu être réalisée. Elle a d’abord été interdite par une justification ouvertement anticommuniste. Cette argumentation ouvertement anticommuniste, qui jusqu’à présent avait souvent été dissimulée derrière des subterfuges formelles, nous permet à notre tour de la traiter ouvertement et en masse, ce que nous avons bien fait.

De plus, il y a de plus en plus des menaces de mort fascistes ou même d’attaques contre les principaux représentants du MLPD, en particulier Monika Gärtner-Engel. Mais il y avait aussi une menace de mort contre Stefan Engel, Lisa Gärtner et moi-même, qui menaçait de nous « exterminer complètement » et de « détruire » l’idéologie « bolchevique ». C’est là que les activités des différents acteurs se rejoignent dans le but commun de repousser le MLPD dans l’isolement, de le combattre, de l’intimider et finalement de le liquider. Cependant, jusqu’à présent toutes ces mesures ont eu l’effet inverse. En Allemagne, les dirigeants continuent de s’appuyer principalement sur leur système du mode de pensée petit-bourgeois comme méthode principale de gouverner – avec son noyau central d’anticommunisme moderne. Ils sont bien sûr conscients que cette méthode est toujours leur bastion le plus fort. Cependant, cette méthode fonctionne de moins en moins et les gens viennent à bout de mieux en mieux de l’anticommunisme moderne.

Le MLPD, n’en fait-il pas trop pour l’instant – en concentrant maintenant, en plus de tout cela, les forces sur la Thuringe ?

Pas du tout, ça tombe bien de poursuivre cette discussion lors des élections du Land de Thuringe ‒ en tant que point de mire des événements politiques, que tout le monde considère une fois de plus comme une « élection test ». Dès le début, nous avons conçu cette campagne électorale pour l’ensemble du parti comme une école de la construction systématique du parti. Cela s’étend maintenant à une école de la lutte pour le rôle sociétal général du MLPD dans la lutte contre les répressions anticommunistes. Cette campagne électorale du Land se déroule sous le signe d’une polarisation sociétale virulente. Ici, la crise de confiance dans toute la politique bourgeoise est particulièrement prononcée. Les monopoles insistent pour que l’Est reste une zone de bas salaires permanente. Les propositions visant à développer même des zones économiques spéciales ‒ avec une privation de droits particulière, une sortie des conventions collectives, moins de droits sociaux et d’exigences environnementales ‒ sont de plus en plus nombreuses. La semaine dernière, les monopoles ont fait éclater de façon provocante les négociations collectives autour des 35 heures par semaine avec compensation de salaire intégrale. Le MLPD est le seul parti qui défend constamment l’unité ouvrière à l’Est et à l’Ouest, ce qui représente beaucoup d’atouts pour nous. Dans le même temps, 18 partis sont en lice et il y a encore beaucoup de confusion parmi les masses sur ce qui est de gauche, de droite, sur ce qui est « social » et ce qui est de la démagogie bourgeoise ou fascisante. La Liste Internationaliste / MLPD apporte sa compétence concentrée, ses nouveaux politiciens, femmes et hommes. Le MLPD profite de la campagne électorale pour lancer une offensive en faveur du véritable socialisme et contre l’anticommunisme moderne.

Benjamin Immanuel-Hoff, chef de la Chancellerie d’État du Premier ministre Bodo Ramelow du Linkspartei [Parti de gauche] et l’un des instigateurs de l’interdiction des activités commémoratives à Buchenwald, s’est récemment plaint dans le journal de la grande bourgeoisie, FAZ, du manque d’appréciation de la part des dirigeants pour le travail du Linkspartei. La contribution importante du Linkspartei était que « les Allemands de l’Est ont été intégrés dans la société parce que … la ‘Gauche’ d’aujourd’hui se considère comme un parti socialiste au sein de cette société »xxviii. Cette arrivée dans le capitalisme a joué un rôle décisif dans la crise croissante du Linkspartei.

D’ailleurs, l’AfD ne veut en aucun cas non plus surmonter le système capitaliste. En Thuringe, elle se présente avec le fasciste Björn Höcke en tant que premier candidat ‒ comme bastion de l’anticommunisme. Le porte-parole fédéral de l’AfD, Alexander Gauland, a déclaré en août dans FAZ qu’il était bien sûr strictement opposé à toute « révolution », même si son parti la revendiquait sur des affiches. Lui et son AfD seraient « tout à fait bourgeois ». Ici ‒ dans l’espoir d’une plus grande reconnaissance bourgeoise ‒ il a exceptionnellement dit la vérité. L’AfD ne veut que canaliser la protestation dans une voie raciste, nationaliste et ultraréactionnaire.

La lutte antifasciste et le travail d’implantation antifasciste sont un axe important de la campagne électorale en Thuringe. Radicalement de gauche, révolutionnaire et pour le véritable socialisme – telles sont les caractéristiques uniques et distinctives du MLPD dans ces élections.

Cela doit encore être clarifié et souligné davantage dans la lutte contre la démagogie sociale-fascisante et sociale-fasciste perfide de Höcke et Co, mais aussi du NPD. L’autoportrait du AfD en tant que « parti de protestation » montre certainement son effet sur une partie des masses à faible conscience de classe. Nous devons démasquer entièrement le fait que c’est un parti des monopoles et des grands propriétaires fonciers qui fait ici son méfait démagogique. Même si ces démagogues se produisent particulièrement bruyants : C’est une erreur de jugement qu’ils domineraient l’ambiance générale. La majorité des gens sont antifascistes, mais ils doivent aussi encore obtenir de meilleurs arguments de notre part, tout comme les gens qui sont influencés par l’AfD. La lutte massive pour le mode de pensée, pour éplucher cette démagogie avec des arguments tout à fait convaincants, est actuellement la tâche principalepour étouffer le mal dans l’œuf !

Bien sûr, beaucoup de gens voteront à nouveau tactiquement. Pour empêcher l’AfD ou la CDU ou pour faire une crasse à ceux qui dirigent. Nous critiquons cela avec camaraderie : il faut élire par conviction et faire ce qu’il faut au lieu d’accepter le rôle de jouet dans le marchandage bourgeois des partis. Dans tous les cas, nous lutterons pour chaque vote ‒ et ferons des progrès durables dans la construction du parti. Avant de commencer ce travail, nous n’étions représentés de façon organisée en Thuringe qu’à trois localités. Maintenant, il y en a déjà 16. Au total, nous menons déjà des activités de campagne électorale à plus de 30 villes. Dans les dernières semaines de la campagne électorale, la lutte pour chaque voix doit devenir encore plus centrale.

Dans cette évolution, reste-t-il vraiment du temps pour le travail théorique ?

Il y a une interpénétration très étroite des travaux pratiques et théoriques où les nouveaux phénomènes et les changements essentiels sont qualifiés. Sous la direction de Stefan Engel, la rédaction de Revolutionärer Weg travaille intensément sur le volume 36 de cette série : « La crise de l’idéologie bourgeoise ». En effet, pour nous, le travail théorique n’est jamais un débat entre universitaires, mais se réfère aux questions qu’il faut résoudre au sein du parti et parmi les masses. Nous devons travailler encore mieux et plus intensément avec l’organe Revolutionärer Weg dans le travail d’implantation qui encourage la prise de conscience. Stefan Engel en a parlé en détail dans une interview avec Rote Fahne no 15/2019. En ce moment, nous devons surtout faire peser l’arme de la polémique scientifique et prolétarienne. Les autres partis font entendre soit des apaisements pour brouiller les contradictions de classe, soit de la démagogie ignoble, soit des pleurnicheries générales sur la situation mondiale (qu’ils ont eux-mêmes provoquée). Notre signe distinctif est de parler ouvertement à tout moment, d’appeler un chat un chat, de polariser, de donner des réponses profondes, univoques et positives aux questions de l’époque, qui partent toujours de la position prolétarienne. La polémique est indispensable justement dans cette situation compliquée et déroutante pour beaucoup de gens : pour voir clair, diffuser la clarté, s’orienter, donner une orientation et aborder la lutte avec perspective, confiance en soi et assurance. C’est particulièrement vrai chez les jeunes, où les idées marxistes-léninistes sont encore le moins ancrées, mais où le potentiel est le plus grand. Le débat idéologique les aidera à ne pas devenir si facilement le jouet de l’évolution spontané, mais d’évoluer en jeunes révolutionnaires qui pensent et agissent de manière autonome.

La crise générale du système impérialiste est aussi une crise profonde de l’idéologie bourgeoise, avec toutes ses variantes comme le pragmatisme, le positivisme, le scepticisme ou le négativisme. Avec Voie révolutionnaire 36, nous organiserons une offensive idéologique parmi les masses afin de disséquer tous azimuts l’anticommunisme moderne, mais aussi de type ouvertement agressif. Cela signifie aussi consolider la maîtrise de l’idéologie prolétarienne et développer cette dernière de manière créative. En fait partie de dénoncer la prétendue « liberté de toute idéologie » du capitalisme monopoliste d’État comme mensonge vital. Cette prétendue absence d’idéologie est une nouvelle arme pour défendre l’idéologie bourgeoise toutes griffes dehors. Leur « liberté » se termine toujours exactement quand l’idéologie prolétarienne, le marxisme-léninisme, devient dangereuse pour eux.

Cette phase peut certes prendre plusieurs années avant que nous ayons conquis un rôle dans toute la société. Il s’agit d’un processus important d’auto-changement dans notre campagne de critique et d’autocritique, pour lequel le MLPD se bat actuellement avec beaucoup de bravoure. Ainsi, nous pouvons nous attendre à des temps riches en événements !

Merci beaucoup pour cette interview !

i

Culmination = aggravation, point culminant : apogée d’un processus, d’un développement, où il y a une décision

ii AfD = Alternative für Deutschland [Alternative pour l’Allemagne]

iii NPD = Nationaldemokratische Partei Deutschlands [Parti national-démocrate d‘Allemagne]

iv Ceci ne s’applique qu’à la circulation des journaux imprimés contenant des articles. En ligne, il n’y a pas de données.

v Verdi = Vereinte Dienstleistungsgewerkschaft [syndicat uni des services]

vi IG Metall = Industriegewerkschaft Metall [syndicat industriel métallurgique]

vii IGBCE = Industriegewerkschaft Bergbau, Chemie, Energie [Syndicat industriel des mines, de la chimie et de l’énergie]

viii ICOR = Coordination international de partis et organisations révolutionnaires

ix ILPS = Ligue internationale de lutte pour la libération

x ONG = Organisation non gouvernementale

xi Activité scissionniste et destructrice dans le mouvement ouvrier (mots étrangers et définitions pour la série Revolutionärer Weg 1-28, édition étendue).

xii SPD = Parti social-démocrate d’Allemagne

xiii « Orga » = Équipes organisatrices de FFF qui cependant, dans la plupart des localités, ne sont ni élues ni officiellement légitimées

xiv Neues Deutschland du 13.9.1951

xv Loi EEG = Loi sur les énergies renouvelables

xvi DKP = Deutsche Kommunistische Partei [Parti communiste allemand]

xvii Site web de la Fondation Heinrich Böll

xviii BDS = Boycott, désinvestissement et sanctions

xix Dans des résolutions de l’ONU, ces colonies ont déjà été désignées comme illégales.

xx FAZ du 9.10.2019

xxi OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques

xxii Zeit.de, 15.7.2019

xxiii Fin 2018 dans un total de 9,86 billions d’euros

xxiv RAG = Ruhrkohle-AG, producteur de charbon et négociant allemand

xxv Verfassungsschutz = Office fédéral pour la protection de la Constitution [Service de renseignement intérieur]

xxvi FAZ du 26.8.2019

xxvii Rapport du Verfassungsschutz au niveau national 2018, p. 135

xxviii FAZ du 17.9.2019

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