La fin de la neutralité du Web.

La Fin de la Neutralité du Web

Aujourd’hui, la Commission fédérale des communications  aux USA a mis un terme à la neutralité du net. Même si cette abrogation demande à être confirmée par un vote, celle-ci n’en est pas moins une véritable Pearl Harbor contre l’accès à l’autoroute de l’information.

L’argument invoqué par Ajit Pai, président de la FCC, est un argument qui est en droite ligne de celui des libéraux ; « Il est temps pour Internet d’être à nouveau piloté par les ingénieurs, les entrepreneurs et les consommateurs, plutôt que par les avocats, les comptables et les bureaucrates. Il est temps pour nous d’apporter un meilleur accès à Internet, plus rapide et moins cher, à tous les Américains. (…) Il est temps pour nous de restaurer la liberté d’Internet. »

Cette “liberté” défendue est celle d’ériger des péages partout où il est possible. Cette liberté est celle de traire au maximum ceux et celles qui veulent avoir accès à Internet, en proposant des tarifs différentiés, relatifs à leurs moyens financiers.

La liberté de la bourgeoisie, c’est la loi du plus fort, là loi des monopoles, la loi des trusts.

Détruire la neutralité du net, c’est s’attaquer directement à toute possibilité d’expression démocratique dans cet espace, c’est recourir à la censure la plus vile, car la plus insidieuse : celle des moyens financiers.

Les inégalités sociales formaient déjà un internet à deux vitesses. Elles formeront désormais un Internet à deux contenus. Un internet de la bourgeoisie et un des classes populaires, avec un Apartheid social mécaniquement institué.

Qu’est ce que la neutralité d’Internet ?

La neutralité du net est un principe né au début des années 2000 avec l’augmentation de l’usage d’internet et l’apparition des fournisseurs privés d’accès à internet. Cette neutralité garanti l’égalité de traitement des données, c’est à dire que toutes les informations sont traitées à la même vitesse et avec la même priorité quel que soit le site visité, quelle que soit l’identité du visiteur, et quel que soit le contenu de l’information transmise.

Sans neutralité du net, les fournisseurs d’accès à internet pourraient afficher de différents prix en fonction du type d’utilisation. Par exemple, il pourrait y avoir une offre de vente uniquement pour Facebook et Twitter, qui n’offrirait pas d’accès aux autres sites. Les fournisseurs pourraient aussi faire payer à part l’utilisation des flux vidéos, par exemple Youtube, en demandant à ses clients un supplément vidéo (qu’ils appelleraient sûrement “VIP Youtube”). Ou bien tout simplement, offrir des vitesses de connexion différentes en fonction du type de site visité.

La neutralité du net est un principe de démocratie sur internet. Une sorte de charte des droits de l’utilisateur d’internet, à pouvoir se connecter sans discrimination et sans limitation. Le fournisseur se contente de transmettre l’information, sans la bloquer, sans la hiérarchiser, sans la censurer, sans la taxer. Et il est clair que ce n’est pas du goût des grands groupes d’internet que d’avoir ce principe d’égalité: d’un côté, pour les fournisseurs, il s’agirait d’une manne financière énorme que de pouvoir vendre séparément les différents usages d’accès à internet. De l’autre, les grands groupes comme Google, Yahoo ou Microsoft pourrait réaliser des partenariats avec les différents fournisseurs d’accès à internet pour s’assurer de la défense de leurs intérêts financier.

Dans l’État français, la réflexion sur la neutralité du net est menée par l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP) qui a permis en 2011 de faire passer des lois relatives à la défense de la neutralité du net (http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3336.asp). L’Union Européenne a statué en 2009 sur la neutralité du net.

Cependant, et malgré les structures assurant le maintien de la neutralité du net, on peut constater de nombreuses attaques à cette neutralité, qui se traduisent par des discriminations:

sur la destination: en 2010, l’opérateur M6 Mobile annonce une offre ne donnant accès qu’à Facebook et Twitter

sur le contenu: La plupart des opérateurs 3G français (Orange, SFR, Bouygues) a restreint la bande passant pour les protocoles VoIP.

sur la source: Le fournisseur d’accès mobile à internet Orange demande un surcoût pour accéder à certains services (Deezer). Bouygues a une offre prioritaire pour les clients prêts à payer un prix supplémentaire.

Se battre pour conserver notre liberté de communication, une nécessité.

Internet n’est pas tout. Il n’est pas non plus un havre démocratique. Son accès est relatif à la possibilité de posséder le matériel adéquat, de posséder les infrastructures nécessaires. Il est relatif à l’intégration dans la mondialisation.

Il est également cautionné à la maîtrise de certaines compétences manipulatoires. Nous n’en faisons pas l’apologie comme d’une panacée à tous les maux de l’humanité. Certains, certaines, à trop en chanter les louanges, oublient combien sa base matérielle dépend de l’économie capitaliste, impérialiste, et qu’il n’est pas possible de l’abolir purement et simplement pour créer une communauté d’information libre qui se suffise à elle même. Non, savoir comment marche un IRM ne permet pas d’en fabriquer un lorsque la maladie se profile.

 Même si  il était absolument démocratique, l’hégémonie idéologique de la bourgeoisie s’y sentirait tout de même avec une force terrible. Après tout, il est un outil qu’utilisent les bourgeois, les anticommunistes, les obscurantistes de Daesh comme les Identitaires. Mais c’est également le cas de la liberté de la presse.

Mais nous ne pouvons occulter le fait que la génération de militant et de militantes que nous sommes à souvent rencontré le marxisme-léninisme par Internet. Que c’est par ce biais que s’échange les ouvrages, que se régénère en partie l’idéologie communiste, qu’elle se diffuse, que se nouent les débats qui permettent de faire avancer la lutte idéologique et organisationnelle.

Se battre pour Internet, ça n’est pas que se battre pour juste des loisirs, pour de la procrastination, même si en elle-même ces choses sont légitimes. C’est également se battre pour défendre nos canaux de communication.

C’est pour défendre l’expression des classes populaires, pour qui Internet à été un grande avancée, un moyen de pouvoir, aussi, riposter aux agressions patronales, aux agressions policières. C’est un moyen de sortir de l’omerta des agressions sexuelles. C’est un outil dont nous devons chaque jour tous et toutes nous saisir.

Attaquer Internet, c’est in fine, attaquer un droit à l’expression démocratique.

Aujourd’hui, les USA, en supprimant ce principe, créent un dangereux précédent. Nul doute que celui-ci peut servir de base à une offensive générale et mondiale contre la neutralité d’Internet.

Déjà, les offensives de SOPA et d’ACTA avaient été des tentatives de soumettre le web à un contrôle étroit du marché.

La bourgeoisie et les libéraux se sont targués qu’Internet était une source de liberté intarissable. Elle démontre aujourd’hui, une fois de plus, son caractère de parasite et sa tendance au pourrissement.

La bourgeoisie n’est pas une force créatrice. Elle capte, vampirise, parasite. La fin de la neutralité du net l’illustre.

Battons-nous, défendons un Internet ouvert aux classes populaires ! Défendons notre outil d’expression démocratique !

Défendons ce moyen de communication, d’organisation et de lutte !

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