Le mardi 13 septembre 2022, au tribunal correctionnel de Lyon, se tient le procès d’un militant de la Gale. Comme l’indique le communiqué de celle-ci, ce procès vient solder une vieille affaire, datant d’avril 2018. Pour mémoire, nous reproduisons des extraits du communiqué de la GALE, que vous pouvez retrouver sur Rebellyon.
Le mercredi 11 avril 2018, une association promouvant la scène hardcore sur Lyon organisait un concert dans le bar « RocknEat » situé au 32 quai Arloing dans le 9 ème arrondissement de Lyon.
L’organisation de l’événement, indépendante du bar, souhaite démontrer que la scène hardcore partage des valeurs opposées à celles de l’extrême-droite.
C’est pourquoi ses membres ont fait le choix d’apposer un petit logo où il est écrit « no racism, no sexism, no fascism ». Un nombre important de militants d’extrême-droite du « Bastion Social » ont saisit l’occasion pour tendre une embuscade, bénéficiant d’une attitude plus que conciliante des propriétaires du lieu. Ainsi, alors que plusieurs étaient présents à l’intérieur, d’autres, une vingtaine, attendaient leur heure pour attaquer. Cette attaque n’a pu être déjouée que par le sang froid et le professionnalisme des militants et militantes qui étaient présentes. Un second acte s’est ouvert avec l’arrivée de la police.
Lorsque la police est arrivée, nous avons de notre côté signalé que nous n’avions rien à dire.
Nous venions de subir une attaque, de protéger un lieu et il y avait assez de témoins de ce qui s’était passé.
Après quelques embrassades entre les propriétaires du bar et des discussions informelles avec les personnes présentes, les forces de police vinrent à la rencontre de notre camarade G. pour lui proposer de s’entretenir avec eux : « ou vous venez, ou on vous embarque ».
De fait ils l’ont embarqué et nous le reverrons « libre » que deux jours plus tard.
Après avoir prévenu une avocate nous nous sommes rendus-es le soir même devant l’hôtel de Police Marius Berliet.
En attendant cette dernière, les pompiers sont arrivés sur place et sont venus emmener notre camarade le visage tuméfié et ensanglanté. Il a juste eu le temps de nous dire qu’il venait de subir un tabassage en règle dans les locaux de la police.
[…] Malgré tout il a pu continuer ses deux jours de garde à vue avec un nez cassé, sans que personne n’y trouve à redire.
Au bout de deux jours il a été présenté devant un juge d’instruction. Ce dernier et le procureur de la république ont tous les deux réclamés sa mise en détention en attendant le procès et ce bien qu’il présentait toutes les garanties prévues pour s’en passer !
Le procureur aurait déclaré en off, « les 8 (les fachos ndlr) vont sortir, celui-là je le garde ».
En effet, 8 fascistes ont été arrêté ce soir-là dont Bissuel et Conchon. Deux d’entre eux sont sortis du tribunal avec le statut de témoins assistés alors qu’ils avaient été placés en garde à vue pour violence en réunion.
C’est le juge des libertés qui, après une heure trente de délibéré, a décidé de faire sortir notre camarade.
[…] Notre camarade est mis en examen pour violence avec une arme par destination (il s’est défendu), outrage et rébellion (la police veut pouvoir justifier son nez cassé), et dégradation.
Acharnement
Ce procès s’inscrit dans une continuité d’acharnement policier et judiciaire contre la GALE, acharnement qui a culminé par une série de descentes de police et par une tentative de dissolution, qui a fait long feu. Un militant de l’organisation a également été placé en détention provisoire, une manière de pouvoir le punir. Cette répression se poursuit encore aujourd’hui, des arrestations en lien avec la venue de Darmanin ont eu lieu. Le motif : des affiches indiquant que la police tue. Cette question était déjà au centre d’une opération de répression menée par la région contre le Lyon Antifa Fest. Elle avait servi à faire pression sur le lieu dans lequel il se déroulait traditionnellement.
Cela est à mettre en comparaison avec la manière dont sont traités les militants fascistes. En juin, Adrien Ragot, dit « Lasalle », issu de Génération Identitaire, avait poignardé deux personnes et frappé un policier dans la nuit du 9 au 10 juin 2022. Il a écopé de 12 mois de prison ferme… sans mandat de dépôt.
Il est plus que légitime de s’inquiéter sur la forme de cet énième procès dirigé contre les militants et militantes de cette organisation.
Un climat délétère
Les crises successives que nous connaissons mettent sous pression les sociétés. Nous avons pu assister, au cours des deux dernières décennies, à un formidable décalage vers la droite du centre de gravité politique. Incapable de faire face à ces crises, loyal avant tout aux intérêts des milliardaires, le système politique ne parvient pas à franchir les obstacles d’aujourd’hui et de demain. La solution « par le haut », celle de l’effort commun, celle de l’égalité, celle de la transformation complète du monde, est bloquée. Reste donc la solution « par en bas », celle de la xénophobie, de l’isolement, du repli identitaire suicidaire. Elle ne menace pas les intérêts très court-termistes des exploiteurs. Elle met au pas les plus pauvres pour qu’ils acceptent leur destin : être sacrifiés pour que les Arnault, les Bolloré, les Dassaut, les Bezos et les Musk du monde s’en sortent.
C’est pour cela que la répression est si différente contre l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Une est traitée avec le mépris ou réprimée avec violence. L’autre bénéficie des plateaux télévision. Elle a en appui les philosophes néoconservateurs, les figures télévisées comme Zemmour, et les bouffons comme Hanouna. Elle n’est touchée que lorsqu’elle outrepasse trop largement les limites posées par leurs maîtres. Cette asymétrie sera de plus en plus grande avec le temps qui passe.
Une unité fragile
Le courant progressiste, antifasciste et anticapitaliste n’a jamais été aussi fort que lorsqu’il est uni. Nous pouvons retenir ainsi l’affrontement particulièrement fort avec les fascistes au sein du mouvement des Gilets Jaunes. Or, cette unité ne va pas toujours de soi. Elle est un fruit difficile à faire grandir, fragile. Des crises brutales existent parfois.
Mais les conflits qui existent au sein du milieu militant, quelque soient les motivations qui les animent, sont secondaires et doivent le rester par rapport à la solidarité face aux attaques de l’extrême-droite ou de l’État. Ayant été co-signataires d’un communiqué sur des agressions au sein du milieu militant il nous a été signalé que notre présence à des événements initiés par la GALE était indésirable. Nous en avons pris acte, et cela conditionne donc notre participation au rassemblement devant le tribunal. Cela n’enlève en rien le fait que nous considérons ce procès comme profondément politique, et que nous espérons que son issue sera la plus positive possible pour le militant de la GALE. Nous savons que la répression ne connaît pas de cloisons, alors la solidarité ne doit pas non plus en connaître.
Nous réclamons la relaxe de G. et la mise en examen des policiers qui l’ont agressé en garde à vue ! Stop à l’impunité policière et à l’intimidation extra-légale !