Le procès de Clément Méric s’ouvre.

Le procès de Clément Méric s’ouvre.

Clément Méric a été tué il y a 5 ans, le 5 juin 2013, à Paris.

Tué par une clique de fascistes de Troisième Voie, l’organisation dirigée par Serge Ayoub.

Aujourd’hui, le procès des meurtrier débute. Esteban Morillo et Samuel Dufour passent aujourd’hui devant la barre.

Nous saluons les proches de Clément Méric, ses amis ses camarades et nous les assurons de notre solidarité la plus sincère. Nous actons les distinctions idéologiques entre nous, les désaccords sur nombre de sujets. Mais au dessus de tout réside le fait d’être du même côté de la barricade, du même côté de la lutte des classes. D’être dans le même camp et d’être solidaires contre l’agression toujours plus grande de la vermine fasciste. En revanche nous n’exprimons que du dédain pour ceux et celles qui, vautours à l’affût, se sont empressés de se saisir de ce meurtre comme d’une réclame pour leur mouvement.

Ce meurtre, hélas, n’est pas un événement isolé. Il fait suite à un accroissement progressif de l’agressivité de l’extrême-droite. La crise lui donne des ailes, elle est enivrée d’un sentiment d’impunité et de l’impression d’être à la veille d’une nouvelle croisade. Elle a déjà tué Hervé Rybarczyk à Lille, elle a blessé gravement à Lyon, elle monte des commandos à Montpellier, infiltre la police partout… Elle agresse, torture, assassine dans le secret ceux et celles dont on entend pas la voix. Nous réclamons justice.

Aujourd’hui, le procès des meurtriers de Clémente Méric s’ouvre.

5 ans et trois mois pour en arriver là. Un long chemin arrive à son terme.

Le temps dilue les peines pénales, mais accroît la colère et le sentiment d’injustice dans le traitement de ce meurtre. Le temps qui est passé a permis à Esteban Morillo de cacher ses tatouages fascistes, de se grimer en jeune homme bien sous tout rapport, de dire qu’il a « changé », qu’il n’est plus le même. Il n’y aura probablement pas de surprises dans ce procès, hélas. La défense fera de lui un portrait pleurnichant. Il reniera son fascisme devant les juges, tout en en étant toujours le serviteur. Et les juges condamneront-il cette pauvre hère, 5 ans après les faits ?

La justice bourgeoise -au sens large- n’est pas neutre face aux affaires. Elle n’est pas un arbitre dans lequel il est possible d’espérer trouver le réconfort d’une réparation. Du fait de ses liens avec l’appareil d’état, du fait de ses liens avec l’ordre du jour politique, du fait de la classe sociale dont font partie ses membres, elle n’est pas cette instance pure et saine que les républicains présentent. Elle est une subdivision tactique de l’ordre bourgeois, chargée de transcrire l’ordre du jour du pouvoir. Ses procureurs, représentant le ministère de la justice, répercutent la ligne dans les tribunaux, ses enquêteurs précipitent ou font traîner sous la poussière les dossiers… Et dans ce cadre, l’expérience démontre sans peine que la manière dont sont traités les réactionnaires et celles dont sont traités les progressistes, celle dont sont traités les bourgeois et celle dont les sont traités les exploités et les opprimés forment deux poids et deux mesures.

Les fascistes, les réactionnaires, les obscurantistes… tout ces gardiens d’un monde qui se meurt, celui du capitalisme et de l’impérialisme, ont les coudées franches pour obtenir ce qu’ils veulent. La dissolution prononcée après le meurtre de Clément Méric ne les a laissé que peu de temps knocked-out. Leurs activités ont repris, pour certains plus discrets, attendant leur heure, pour d’autres, avec pignon sur rue, profitant de l’espace laissé par les « traineurs de casseroles ». Mais toujours, toujours, avec plus d’emprise, plus d’aisance, plus d’appui…et plus d’influence sur l’ordre du jour des autres organisations politiques. Aujourd’hui, le centre de gravité sur bon nombre de questions se situent entre la droite et l’extrême-droite. En Allemagne, l’influence grandissante des fascistes de AfD est même parvenu à fracturer Die Linke en une branche progressiste et une anti-réfugiés et anti-migrants. Pourtant leur rhétorique se limite à un discours victimaire, même au sein d’une des plus grande puissance impérialiste.

Après leur meurtre, les fascistes ont joué justement cette carte de la pleurnicherie. Ils ont hurlé au fait que Clément Méric soit étudiant de Science Po, fils d’enseignants d’université, tandis que leur compère Esteban Morillo était, immigré, ouvrier. Ils ont tenté d’utiliser cette différence sociale sans vergogne, croyant trouver une faille morale imparable.

Mais, en fait de faille, leur logique fallacieuse n’a servi qu’a rendre hommage a Clément Méric. Car les deux, l’un pour le meilleur, l’autre pour le pire, sont des individus qui ont trahi leur classe sociale. L’un en se battant pour les progrès social, pour les intérêts des exploités, pour la défense des opprimés. L’autre en trahissant ces mêmes exploités, en les livrant pieds et poings liés à leur premier bourreau : la bourgeoisie française « bien de chez nous ». En fait de couronne d’épine, c’est une couronne de laurier qu’ils lui ont tressé.

Nous ne l’oublions pas. Nous n’oublions pas le courage de Clément Méric, nous n’oublions pas le choix qu’il a fait de se battre pour le camp du peuple. Nous saluons sa mémoire aujourd’hui. Nous saluons ses proches, ses amis, ses camarades.

Clément est toujours présent !

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