Communiqué de l’Unité Communiste de Lyon concernant la déclaration d’indépendance de la Catalogne.
La Catalogne sur la voie de l’indépendance ?
Le 27 octobre 2017, le gouvernement de la Catalogne, dans un acte solennel, a proclamé la naissance de la République de Catalogne. L’Unité Communiste de Lyon soutient cette initiative.
Dans le même temps, le gouvernement de Madrid, quant à lui, a confirmé l’emploi de l’article 155, destituant les représentants légaux de la Generalitat, supprimant tous les aspects de l’autonomie et prenant de le contrôle des médias.
Alors que les dirigeants des mossos, ces policiers Catalans, séjournent en prison sous l’inculpation de sédition, le parquet de l’Etat espagnol semble désormais désirer s’en prendre aux députés ayant voté en faveur de la résolution déposée par les indépendantistes.
L’indépendance est déclarée, mais demeure virtuelle.
Dans l’état actuel des choses, l’indépendance demeure une décision sur le papier. Pour devenir concrète, il lui reste bien des étapes à franchir. Un pouvoir effectif à Barcelone doit disposer de l’obéissance des fonctionnaires, ainsi que de la reconnaissance de la population.
Dans les faits, la situation s’apparente à un double-pouvoir. Un double-pouvoir autour duquel se trame une partie de poker aux enjeux chaque fois plus élevés. Le référendum fut, pour Madrid, une provocation, à laquelle la couronne répondit par la violence. La violence engendra un mouvement de sympathie et de solidarité, tant au sein de la Catalogne que dans l’Etat espagnol, voir dans le reste du monde. Au final, Madrid donna un appui plus solide à la revendication de l’indépendance, en montrant que la discussion ou la négociation serait impossible. La déclaration de Puidgemont, du 10 octobre, bien que extrêmement modérée, entraîna la menace de l’article 155. Soit la Catalogne renonçait, soit elle bondissait dans l’inconnu. Au final, c’est cette menace qui précipite la rupture, aujourd’hui.
La Catalogne et l’Etat espagnol font dont un saut en avant l’une et l’autre.
La mobilisation d’une grande partie des habitants peut-elle permettre l’indépendance concrète ? Madrid usera-t-elle de la violence pour reprendre le contrôle ? Ces questions restent en suspens.
L’Etat espagnol, pour le moment, menace avec vigueur la direction de la Catalogne de peines de prison extrêmement lourdes. Elle ne semble pas vouloir reculer devant quoique ce soit pour reprendre le contrôle de la Generalitat, tout en affirmant que des élections seront tenues dans les six mois. Elle nourrit les indécis de promesses empoisonnées. L’Union Européenne refuse d’accorder le moindre crédit à la Catalogne et soutient le gouvernement de Rajoy. Manuel Valls, l’apprenti-fasciste, en profite pour s’engouffrer dans cette brèche et pour déverser ses appels à l’écrasement de la Catalogne.
L’Unité Communiste de Lyon affirme son soutien à celles et ceux qui défient l’Etat espagnol. N’oublions pas la nature de celui-ci.
N’oublions pas que cet Etat s’apparente plus à une monarchie absolue, bâtie sur le Franquisme, maquillée en démocratie bourgeoise, mais toujours prête à reprendre du service. Les dispositions juridiques et constitutionnelles les permettent.
N’oublions pas que cet Etat traque, réprime les organisations indépendantistes, notamment celles du pays Basque. L’Etat espagnol ne se prive pas d’étendre sa répression, par le Mandat d’Arrêt Européen, frappant notamment l’organisation de jeunesse SEGI, la militante Aurore Martin, ou, plus récemment, des militants Basques réfugiés à Berlin.
Que cet Etat ne se prive pas de faire disparaitre, d’assassiner, des militantes et des militants de la question Basque, tel Jon Anza.
Que cet Etat utilise la torture de manière quasiment systématique contre les militants et militantes politiques.
Et soudain, cet Etat serait un havre pour la lutte des classes, pour la classe ouvrière, faisant de la question catalane une trahison.
Ce qui affaiblit le pouvoir de la couronne d’Espagne est positif pour la classe ouvrière catalane, castillane, asturienne ou basque. Ce qui sape son autorité est positif. Ce qui mobilise les masses, les dote de la possibilité de se saisir de l’exercice réel et concret du pouvoir est positif.
La lutte des catalans et de la classe ouvrière de Catalogne n’est pas séparée de la lutte du prolétariat de la péninsule. Elle ne va pas contre elle.
Aujourd’hui, c’est la population catalane, c’est la mobilisation de masse qui apportera une réponse finale à la question de l’indépendance. C’est elle, ainsi que ses organisations progressistes et révolutionnaires, qui sera en mesure de pouvoir libérer réellement sa population de l’emprise du pouvoir parasite de Madrid, mais également des rapaces et des bourgeois inconstants de Barcelone.