La célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe est une date importante.
Elle marque l’écrasement des puissances de l’Axe dans cette région du monde. Au yeux de millions de personnes, cette journée -ces journées en réalité- symbolisent la victoire de la Liberté, de l’Egalité, des droits humains contre la machinerie exterminatrice nazie.
Il s’agissait également d’une étape fondamentale dans la mise à genoux du Japon militariste, lequel, depuis 1931, en Chine, avait mené une guerre d’une brutalité et d’une violence d’une ampleur jamais connue alors. L’absence de statistiques fiables, à l’époque, empêche de tirer un bilan humain complet.
27 millions de citoyens et de citoyennes soviétiques, au minimum entre 20 et 25 millions de Chinois et de Chinoises, pour ne citer que les Etats les plus touchés, sont morts. Morts pour quoi ? Morts pour un repartage du monde voulu par des puissances montantes, qu’étaient alors le Japon et l’Allemagne, avec, dans une moindre mesure, l’Italie fasciste et les autres puissances engagées dans le camp des agresseurs.
Cette date est a célébrer, pour que ne soient jamais oubliés les sacrifices immenses des forces combattantes, des civils, des résistants et résistantes. Nous n’oublions pas, et nous l’avions mentionné à plusieurs reprises dans certains articles, l’importance de l’URSS et de la Chine dans la guerre menée contre les tentatives d’asservissement par l’Axe.
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Nous ne voulons pas non plus oublier celles des Alliés dans leur ensemble, indépendamment des choix, dans l’après-guerre, politiques et géopolitiques des Etats pour lesquels ils se sont battus. Si certains sont prompt à occulter le rôle immense de l’Armée Rouge et des militants et militantes communistes, nous ne voulons pas tordre le bâton dans l’autre sens et occulter le poids des autres. Nous ne pouvons pas nier l’importance de la loi prêt-bail, de la solidarité populaire, ni les souffrances des combattants et combattantes, qui, par exemple, sur le front normand, ont connu des pertes dignes du Front de l’Est.
Cette victoire est une victoire qui a été rendue possible par la coopération internationale contre l’hitlérisme et le militarisme Showa. Saluons ceux et celles qui l’ont rendu possible.
Cette date est aussi importante que paradoxale.
Le paradoxe saute aux yeux dès le jour même de la défaite nazie. Nous avons écrit, l’an passé, la brochure « la guerre ne s’est pas terminée en 1945 ». Elle revient sur les paradoxes de cette date.
Dès le crépuscule de la guerre, alors que la victoire est une certitude, les jeux géopolitiques reviennent sur le devant de la scène. Les ambitions des vieilles puissances coloniales, de retrouver leurs empires, les ambitions anticommunistes, pour maintenir le cercle d’acier autour de l’URSS -cercle d’acier qui avait justifié tous les « apaisements » envers les fascistes.
La résistance communiste en Grèce a été poignardée dans le dos dès 1944 par l’Angleterre. Dès 1945, la France est revenue imposer l’ordre par la terreur dans ses anciennes colonies. Les services secrets occidentaux, principalement Allemands, ont continué à alimenter les ex-miliciens fascistes et nazi dans les Etats Baltes et en Ukraine jusqu’en 1956. Dès la fin du conflit, les intrigues se sont nouées pour empêcher l’indépendance réelle de la Corée, de l’Indochine, de Madagascar… Non, la guerre ne s’est pas arrêtée dès 1945.
Ces ambitions méritent d’être dénoncés. Mérite, aussi, d’être dénoncé le fait que le patronat français, notamment, s’était très bien accommodé de la présence nazie. La collaboration économique entre les industries des deux pays était nettement plus avantageuse que le fait d’avoir à tolérer les syndicats et les partis ouvriers.
Surtout, restait l’empire et ses immenses subsides, qui étaient la principale source de préoccupation de la haute bourgeoisie française. En vérité, la question de l’empire colonial et de la flotte qui devait servir à le protéger, étaient les deux seuls casus belli de la grande bourgeoisie française. L’occupation allemande, l’heure allemande, le nazisme, elle s’en est accommodée.
L’épuration a été faible, surtout dans les hautes sphères de l’Etat ou de l’industrie. Il fallait certes des exemples, comme Louis Renault, dont les usines ont été nationalisées. Mais cela n’a été qu’une éclipse dans leurs carrières.
La vaste majorité des capitalistes ont préféré « Hitler au Front populaire. » Demain, si besoin est, la bourgeoisie en détresse appellera de ses vœux un autre Hitler pour balayer d’autres fronts populaires.
Aujourd’hui qu’en est il ? Le monde est il vraiment passé à autre chose ? Le « plus jamais ça » est il de valable ?
Il existe une tendance bien humaine à croire que les crimes contre l’humanité commis lors de la Seconde Guerre mondiale et par les régimes nazi et militaristes sont d’une seule époque, d’un seul lieu, voir, même, pour certains, d’un seul peuple.
Nous ne pouvons oublier le fait que, dans la communauté juive d’Allemagne, à l’orée de la prise du pouvoir par Hitler, de nombreux individus croyaient que les discours nazis resteraient des discours. Beaucoup croyaient que l’antisémitisme n’irait pas plus loin que celui, endémique, déjà pratiqué avant par de nombreuses forces politiques.
Les pogroms, pensaient-ils, étaient une affaire de « pays sauvages », de la Pologne, de la Russie Tsariste, mais pas de l’Allemagne de Goethe, de l’Aufklarung, une Allemagne civilisée.
Aujourd’hui, face aux vieux démons concentrationnaires, c’est souvent le même regard qui est porté. Le même jugement. Cela n’est plus possible, ou, en tout cas, pas ici. Pourtant, rien ne garantit qu’en Europe, qu’en Allemagne, qu’en France, cela ne se reproduise pas à nouveau. La logique criminelle qui sous-tendait les camps d’extermination ne s’est pas évaporée.
Elle préexistait avant le nazisme. Elle existe toujours, tapie dans l’ombre, attendant son heure. Elle se niche dans les discours du « grand remplacement », lequel sous-entend, implicitement, une « grande élimination » en réponse aux migrations.
La guerre, elle, est plus proche encore.
Ici, en Europe occidentale, en particulier sous le « parapluie de la dissuasion nucléaire », elle nous paraît lointaine, improbable, impossible. Et pourtant. Il n’existe aucune muraille que le spectre de la guerre ne peut franchir. Tant qu’il existera des rapacités entre les grandes puissances, tant qu’il existera des terres à se partager, tant qu’il existera un jeu à rebattre entre les bourgeoisies, la guerre demeurera une épée de Damoclès au-dessus des peuples. Elle demeure, comme la qualifiait Clausewitz, la continuité de la politique par d’autres moyens.
Les guerres entre puissances, par l’intermédiaire de marionnettes, d’agents, d’alliés, se poursuivent. Côte d’Ivoire, Soudan, Sri Lanka, Syrie, Libye, Venezuela, Ukraine… Derrière chaque conflit, se trame la main des grandes puissances. Entres elles, même, le ton monte. Les muscles se montrent. Chacun intimide l’autre. Chacun essaie de neutraliser les armes stratégiques de l’autre, pour bouleverser l’équilibre de la terreur.
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Les interventions directes, indirectes, ainsi que les sanctions économiques ne servent qu’une cause : accroître l’emprise d’une puissance sur le monde, mais aussi bloquer et neutraliser les autres. Ces guerres n’ont pas d’autres ambitions que de générer un nouveau partage des régions dominées par l’impérialisme. Entre les vieilles puissances colonisatrices et impérialistes et celles qui montent, Russie et Chine, la situation ne peut que devenir conflictuelle à plus ou moins long terme.
Tant que l’impérialisme existe, tant que le capitalisme existe, les guerres sont inévitables. Tant que la bourgeoisie existera en tant que classe au pouvoir, il existera des systèmes politiques réactionnaires, militaristes, bellicistes ou fascistes prêts à sacrifier des millions de vies pour une hausse du taux de profit, pour des marchés, pour des ressources.
Face à cette tendance aux conflits, il n’existe que deux issues. La première est la mobilisation des masses populaires, en particulier des pays impérialistes, pour entraver les volontés guerrières, pour lutter contre la propagande militariste, pour s’opposer aux projets réactionnaires.
La seconde est la victoire des forces révolutionnaires sur la bourgeoisie et les impérialistes. C’est uniquement la victoire définitive des exploités et exploitées, des opprimés et opprimées, qui peut liquider les menaces de guerre.
Déjà, dans certaines parties du monde, les forces révolutionnaires ont pu créer des zones libérées de la tutelle directe de l’impérialisme. Mais elles sont constamment sous le feu de leurs agents, qui ne veulent pas renoncer à leurs possessions. Les impérialistes n’acceptent pas qu’on se soustraie à leur ordre. Ils ne reculent devant rien pour tenter d’étrangler les îlots de liberté. Nous appelons à les soutenir !
L’ICOR, constituée d’organisations qui subissent la guerre, qui subissent l’impérialisme (et notamment l’impérialisme français, que sa cruauté ne démarque pas des autres), est un rappel à nos responsabilités en tant que militants et militantes communistes.
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La question des risques de guerre est une question brûlante et concrète pour celles et ceux qui se retrouveront dans les régions disputées.
En tant que communistes dans des Etats impérialistes, nous avons une tâche primordiale dans le fait de s’opposer aux massacres que commet notre propre Etat. Nous avons une lourde responsabilité en cela.
Nous devons cibler notre premier bourreau, le plus proche, le plus présent. Nous considérons que la tâche de chaque communiste dans le monde est de cibler en priorité l’impérialisme qui l’opprime directement.
L’Unité Communiste de Lyon relaie l’appel de l’ICOR à un vaste front anti-impérialiste.
L’Unité Communiste de Lyon appelle à ce que la solidarité internationale ne reste pas une solidarité de papier, mais puisse être une solidarité pratique, en aidant et en appuyant les forces anti-impérialistes, les forces anti-guerre.
L’Unité Communiste de Lyon appuie l’idée que puissent se réunir en un front l’ensemble des forces qui luttent contre l’impérialisme français, notre premier ennemi. Que ces forces soient en métropole, dans les régions colonisées par la France ou dans les régions sous la tutelle du système néo-colonial.