Victoire en Catalogne !
Dure semaine pour le régime de Madrid. Le Parti Populaire, héritier des organisations franquistes, subit deux humiliations coup sur coup. Premier événement, l’anniversaire, toujours présent dans les mémoires, de la mise en orbite de Carrero Blanco, dauphin de Francisco Franco, par l’organisation indépendantiste Basque Euskadi Te Askatasuna. Anniversaire dont la célébration et la mention ont valu à plusieurs reprises des condamnations par la justice de l’Etat Espagnol.
Deuxième événement, la Catalogne a voté. Elle a voté avec une majorité absolue en faveur de l’Indépendance, contrebattant les plans des loyalistes. Elle accorde un soutien vif, renouvelé, aux résultats du référendum du 1er octobre.
Le gouvernement de Madrid, pour mémoire, avait tenté de saboter la tenue de ce référendum sur la question de l’indépendance. Arrestations, violences, sang et os brisés avaient parsemé cette journée. La victoire des indépendantistes fut contestée. Les dirigeants de la Généralité furent inquiétés pénalement, tandis que le Roi vomissait un torrent d’injure sur l’infidélité de ses sujets. Une situation ténue et angoissante s’était installée, tandis que tous les gouvernements d’Europe se préparaient à soutenir un écrasement de la Catalogne. Cyniques, ricanant, les réactionnaires et les fascistes agitaient l’image de Lluis Companys, assassiné par leurs soins, après avoir déclaré l’indépendance de la Catalogne.
Alors que la tension était à son comble, Puigdemont a reculé. Ce recul fut une déception pour beaucoup, pour d’autres un recul tactique. Toujours est-il que de sont côté, le gouvernement madrilène, lui, n’a pas hésité. Il a frappé par l’article 155, prenant le contrôle de toutes les institutions, se démasquant une nouvelle fois pour ce qu’il est, constitutionnellement parlant : une monarchie absolue maquillée en démocratie. Cependant, pour conserver cette image de brave démocrate, il fallait promettre un vote, celui-ci a pris pour date le 21 décembre.
Mal lui en a pris. Echaudés par leur victoire, les indépendantistes ont mis les bouchées doubles pour gagner des voix. Les hésitants, horrifiés par la main de fer de l’Etat, se sont ralliés à eux, dans cette volonté de pouvoir se protéger contre les exactions d’une police descendant tout droit du fascisme. Les unionistes ont été marginalisés.
Les urnes ont parlé, ce 21 décembre, accordant 72 sièges aux indépendantistes sur les 135 en jeu. Pire humiliation pour Rajoy et sa formation, elle arrive toute dernière et ne dispose que de trois sièges. Un score minable et une gifle magistrale. Rajoy est marginalisé, pour sa stratégie, au sein de son parti. Son parti est marginalisé au sein de la Catalogne. Même selon ses règles, le gouvernement de Madrid sombre.
Le camp de l’indépendance exulte. Malgré son caractère hétérogène, la coalition a remporté la passe d’arme la plus difficile de son existence, celle de battre l’adversaire sur son propre terrain. Certains, comme Podemos, à la charnière des deux camps, tentent de jouer les conciliateurs pour tirer leur épingle du jeu. Une stratégie qui arrive trop tard, dans un climat de rupture déjà consommé.
Ayant perdu la partie, le gouvernement Espagnol tente la stratégie du torpilleur. Il a fait voter une loi facilitant le déménagement des sièges sociaux des compagnies hors de la Catalogne. Comme la victoire ne peut être acquise, il pratique la politique de la terre brûlée. Vider la Catalogne de son intérêt économique. Ironie de la chose, cette manœuvre à contribué à la défaite des unionistes, dont les soutiens furent horrifiés de perdre leur travail par la faute du gouvernement central.
La réaction du Roi Felipe VI fut une explosion de colère, tandis que Rajoy fut mis en accusation au sein même de son parti pour sa stratégie désastreuse. Toujours est-il que leur réaction politique tarde à se faire sentir, celle-ci se limitant pour le moment à refuser de rencontrer le Président Puigdemont. Nul doute que les choses ne seront pas simples, que l’Etat espagnol de cédera pas sans combattre. Nul doute qu’il ne se laissera pas diviser ainsi, ni que le roi n’accepte de renoncer à la possession de cette partie si riche de son territoire. Nul doute non plus que si conflit il y a, l’Etat espagnol sera appuyé par ses voisins, au premier chef desquels trône notre Etat.
L’Unité Communiste de Lyon accorde son soutien à la volonté indépendantiste, dans la mesure où celle-ci est le reflet de la volonté populaire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous saluons la victoire des indépendantistes, voulant briser la tutelle de Madrid, avec l’espoir que ce précédent ouvre la voie vers d’autres combats.
Nous espérons que cette victoire ouvre les yeux sur un certains nombre de sujets concernant notre propre Etat, notamment le fait que les possessions d’outre-mer, tout comme l’existence du Franc CFA, sont une perpétuation d’une logique colonialiste et impérialiste.
Vive la Catalogne !