Réforme de l’assurance chômage

Macron poursuit son oeuvre de casse des conquis sociaux, il enfonce les travailleurs dans la misère, pour mieux les soumettre au bon vouloir des capitalistes. 

Dans son discours de Versailles, prononcé devant l’ensemble des représentants de la république bourgeoise, le président disait à propos de l’assurance chômage qu’il “n’y a plus un droit au chômage, au sens où on l’entendait classiquement, il y a l’accès à un droit qu’offre la société mais sur lequel on ne s’est pas garanti à titre individuel, puisque tous les contribuables l’ont payé”. Que dit Emmanuel Macron ? Tout simplement que le chômage n’est plus un droit garanti par les cotisations sociales, mais une possibilité offerte par la société. Précisons que dans le même discours, Macron explique que l’assurance chômage ne sera plus financée par les cotisations salariales, mais par les cotisations des employeurs, et la CSG. Les cotisations des employeurs sont en réalité des cotisations salariales déguisées par un tour de passe-passe sur les fiches de paye, mais bien prélevées sur le salaire brut, quant à la CSG, il s’agit ni plus ni moins que d’un impôt. Par déduction, la réforme implique un financement du chômage par l’Etat, et la bourgeoisie qui le dirige, sur les deniers des travailleurs, et une allocation de celui-ci au bon vouloir de cette même bourgeoisie. Et pour accorder ce droit, les nouvelles conditions ont été resserrées.


Une aggravation des conditions d’accès à l’allocation


Ainsi, pour prétendre à l’allocation chômage, il faudra avoir travaillé au moins 6 mois sur 24, contre 4 sur 28 et 4 sur 36 pour les plus de 53 ans avant. A l’ère où se multiplient les CDD, l’intérim, et le travail précaire en général, cela revient, dans la pratique, à fermer le droit au chômage pour la majorité des travailleurs. En augmentant ainsi la durée du temps de travail légal obligatoire pour toucher le chômage, la bourgeoisie veut, en plus de précariser davantage le travail, obliger les privés d’emploi à accepter tous les contrats qui se présenteront à eux, sous peine de perdre de précieux mois permettant de justifier leur accès au droit, et donc de ne plus remplir les conditions requises, se condamnant à la misère.Une mesure catastrophique, notamment pour les travailleurs saisonniers, qui travaillent souvent 2 mois par an. Sous l’ancien régime des 4 mois sur 28, ils pouvaient prétendre à l’allocation chômage, chose beaucoup plus compliquée avec celui des 6 mois sur 24. De nombreux travailleurs saisonniers perdront leur droit au chômage, et devront se reporter sur des sources telle que le RSA, attribuées au bon vouloir de l’Etat.Quant aux intermittents du spectacle, pas un mot sur leur statut, qui demeure pour l’instant un sujet sensible.


Vers toujours plus de précarisation du travail


A cette mesure s’adjoint la dégressivité du chômage pour les travailleurs qui touchaient un salaire élevé, afin de forcer ces derniers à accepter toutes les offres, mêmes les plus absurdes.Cette mesure poussera le privé d’emploi, quelle que fut la place qu’il pouvait occuper dans la vie active, à chercher absolument une meilleure situation, et, encore une fois, à se soumettre au marché de l’emploi, cherchant dans un contrat précaire un meilleurs revenu que dans des allocations toujours revues à la baisse.
Nous avons là la mise en place d’un véritable chantage à la misère, pour enfermer les travailleurs dans un jeux malsain de survie. N’oublions pas non plus que le travail précaire est l’une des armes les plus efficaces pour museler la lutte.Les patrons auront dès lors à disposition une main d’oeuvre toujours plus corvéable, embauchée uniquement pour des tâches ponctuelles. Une réforme qui semble préparer le terrain pour l’adoption, prévue pour 2020, du revenu universel d’activité. Pour rappel, Macron prévoit, à travers ce revenu, de fusionner toutes les prestations sociales, et l’assurance chômage, en une prestation universelle, prévue pour permettre aux ménages de subvenir à leurs besoins en attendant leur retour à l’emploi. Dans la pratique, cela revient à faire disparaître l’assurance d’un revenu, les prestations sociales dépendant du bon vouloir de l’Etat. Le fait que Macron parle sans cesse des “contreparties” à un tel revenu laisse entrevoir toujours plus de soumission des travailleurs, qui devront se rendre disponible pour les entreprises, et les tâches ponctuelles qu’elles pourront avoir à leur faire réaliser, en échange de la précieuse allocation.

L’offensive contre l’assurance chômage n’en est pas à son premier acte.

Cela fait des années que les gouvernements successifs attaquent ce droit.
A l’origine financée par les cotisations versées par les travailleurs, une partie des cotisations salariales pour le financement de l’assurance chômage ont été supprimées depuis le 1er janvier 2019, en contrepartie d’une participation directe de l’Etat, au service de la bourgeoisie. Une manœuvre qui n’est pas sans rappeler la création des commissions paritaires, qui ont permis d’entamer le démantèlement de la sécurité sociale, jusque là gérée uniquement par les syndicats ouvriers. A partir du gouvernement Jospin, les mutuelles ont vu le jour, l’on a alors commencé à parler des “soins dé-remboursés”. 
Depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs ont travaillé à démanteler l’assurance chômage, créant en parallèle des prestations sociales, financées non pas par les cotisations sociales, mais par l’impôtRMI avant, aujourd’hui le RSA. Présentées comme un moyen de subvenir à ses besoins, ces prestations, dont la distribution dépend du bon vouloir de l’État, n’ont permis en réalité que d’accentuer la casse du chômage, et de gonfler les rangs du lumpenprolétariat de France, rendant des millions de gens dépendants des aides de l’État, accentuant leur désocialisation en ne leur permettant pas de s’encrer durablement sur un lieu de production, et les rendant dépendant de la plus ridicule des offres d’emploi.
Dès lors, le chômage n’est pas seulement le résultat inéluctable du mode de production capitaliste et de ses crises de surproduction régulière. Il n’est pas non plus une fatalité, le fruit du hasard, de la malchance, ou de la « conjoncture », il est aussi une politique méticuleusement organisée par les capitalistes. Une politique qui permet d’entretenir une armée de réserve du capital docile, tout en faisant pression sur l’armée active des travailleurs, en attaquant ses droits, et en la menaçant de misère si elle venait à résister.


Nous, communistes, sommes opposés à la gestion de la misère,

nous lui opposons la transformation radicale de l’appareil de production, pour un fonctionnement nouveau, où les travailleurs participent directement à l’organisation du travail, qui ne doit pas être un générateur de profit, mais bien une manière de répondre à nos besoins. 
Nous considérons, dans l’état actuel des choses, que le chômage est une assurance, un droit des travailleurs, et non pas une prestation dépendant du bon vouloir de l’État. Il doit être financé par le salaire indirect, et permettre au travailleur privé d’emploi de percevoir 100% de son salaire, avant de retrouver un travail. Nous refusons toute forme de recul sur les indemnités des privés d’emploi. Néanmoins, cela ne peut suffire que sur le très court terme.
Nous n’oublions pas la nature réelle du chômage, qui est la conséquence d’une répartition inégalitaire du travail, l’armée active du capital suraccumulant les tâches, pour réduire au maximum le coût du travail. Il est organisé par les capitalistes pour leur propre profit. Pour mettre fin au chômage, une solution, le pouvoir du prolétariat, le pouvoir de ceux qui produisent, qui sont conscient de leurs besoins, et qui travaillent à leur satisfaction.
 Le gouvernement cherche à briser la classe ouvrière, à atomiser les travailleurs en les précarisant pour stopper toute velléité d’organisation.Seule l’organisation large et unitaire des travailleurs, privés d’emploi ou non, de la ville et de la campagne, permettra de contrer cette offensive. La lutte que mènent les gilets jaunes depuis 7 mois est à ce titre riche en enseignements, et leur organisation en assemblées sont un embryon de démocratie populaire dont il faut s’inspirer pour construire ce front de lutte contre le capital. 
 Tout homme, toute femme, quel que soit son âge, son origine, doit avoir le droit de participer directement au processus de production; c’est à ceux et celles qui produisent que doit revenir le pouvoir de décision, pour un système plaçant l’intérêt général avant le bénéfice personnel. C’est en partageant le travail de manière équitable que nous travaillerons moins, mieux, et tous.

Travailleurs, travailleuses, unissez vous contre la misères !

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