Interdiction de manifester à Lyon le 13 avril

Communiqué de l’Unité Communiste de Lyon

13 avril, XXIIe acte : Lyon sera interdit aux Gilets Jaunes.

La préfecture de la région Rhône-Alpes a annoncé, aujourd’hui, l’interdiction pour les Gilets Jaunes de manifester ce samedi à Lyon. Le périmètre d’interdiction sera dévoilé plus tard, mais il ne fait aucun doute que son objectif est d’exclure les manifestants et les manifestantes des zones «à haute valeur commerciale » de la ville. Zones qui sont précisément celles qui sont les plus fréquentées, et donc, celles sur lesquelles les manifestations ont le plus d’impact.

L’interdiction de la Presqu’île par le pouvoir et ses “forces de l’ordre” n’est pas nouvelle dans la pratique. Cela fait des mois que les manifestants se font gazer, matraquer et qu’ils essuient des tirs nourris, à coups de flash-ball, aussitôt qu’ils tentent une incursion dans le cœur bourgeois de Lyon. Mais cette fois-ci, à la différence des autres fois, la Préfecture assume officiellement cette interdiction, dans une vaine tentative d’intimidation contre le mouvement. 

L’Unité Communiste de Lyon condamne cette décision comme étant une manœuvre visant à liquider le mouvement des Gilets Jaunes et de mettre à l’amende ses participants et participantes. Les participations à une manifestation interdite ont ainsi vu l’amende correspondante passer de 68 €à 135 €, illustrant une volonté d’utiliser l’arme économique pour assécher le mouvement.

La préfecture a ainsi communiqué : « Adossés aux manifestants, des groupes violents s’en prennent aux personnes et aux forces de l’ordre, avec la volonté de dégrader les biens publics et privés. » 
(…)
« Ces derniers s’en prennent notamment aux commerces de centre-ville, qui voient leur activité commerciale souffrir de ce mouvement qui les empêche de travailler et qui menacent leur pérennité économique. 
»

L’Unité Communiste de Lyon considère que cette approche de la question est une négation des provocations policières et des violences commises par les forces de l’ordre envers les manifestants et les manifestantes.

L’alibi des groupes violents est utile pour le gouvernement, pour prétendre que les Gilets Jaunes sont manipulés, sont instrumentalisés par une hydre invisible. Or, dans les faits, nous avons pu voir qui était à l’origine de la violence, dans la société et dans la rue. Ce sont ceux qui, aujourd’hui, appellent à ce que les luttes sociales se taisent, et que les exploités demeurent muselés. 

Elle illustre en revanche parfaitement l’hypocrisie des « libertés fondamentales » dont la France se targue d’être l’apôtre le plus parfait. Ces prétendues « libertés fondamentales » sont chaque fois plus soumises à condition, soumises à interprétation et à limitation. Leur caractère fondamental est une vue de l’esprit. Dans les faits, elles ne sont que des droits formels, accordés, puis repris, en fonction du bon vouloir des classes dominantes. 

Surtout, elles sont éclipsées par la seule liberté fondamentale en régime capitaliste : celle d’engranger du profit. 

Les commerçants de la rue de la République ne sont pas les petites échoppes d’épiciers sans le sou. Ce sont des magasins appartenant tous à des compagnies puissantes. Leur plainte ne vise que leur taux de profit, non leur survie. Ces mêmes compagnies et leurs directions, leurs investisseurs… sont ceux et celles qui téléguident et appuient la politique d’Emmanuel Macron. 

Non seulement leur complainte est cynique, mais elles clament des parts d’argent public, donc veulent se goinfrer des taxes sur les classes populaire pour compenser leur manque à gagner. Et les pouvoirs publics leur ont déjà accordé certaines largesses. 

L’Unité Communiste de Lyon interprète cette interdiction comme une censure politique. Elle l’interprète également comme le fait que le gouvernement en est réduit à utiliser cette arme face au succès du mouvement social.  

L’Etat suréstime sa capacité à empêcher les Gilets Jaunes de pénétrer dans leur forteresse. Non seulement il n’en est pas capable, mais, en plus, son échec prévisible le voue à être humilié.

Quand bien même cela serait possible, matériellement parlant, ce ne serait pas une victoire stratégique non plus. Que le gouvernement, la préfecture, la mairie le sache ! : interdire l’hypercentre bourgeois ne sera pas une victoire pour eux ! Cela ne fera que pousser ceux qui luttent à aller ailleurs, dans d’autres quartiers, populaires ceux-ci. En fait d’isoler le mouvement, les maîtres-censeurs l’amènent là où se renforcera l’unité populaire. 

Les interdictions sont des coups d’épée dans l’eau, qui démasquent ceux qui les prononcent, tout en renforçant et légitimant ceux qui les subissent !

Les Gilets Jaunes sont une gifle dans le visage des exploiteurs. Il est logique qu’ils répondent. Cette interdiction est plus qu’une preuve de succès, c’est une couronne offerte à ceux qui luttent ! Jamais les Gilets Jaunes n’accepteront de troquer leur droit de manifester contre un “retour à la tranquillité” soi-disant légale dont il est évident qu’elle n’arrangerait que Macron et sa bande d’exploiteurs. 

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