"BREXIT"

 

BREXIT a eu lieu.

Il existe des étapes dans l’histoire où il n’est pas possible de voir les choses uniquement en terme de victoire / défaite dans la lutte des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat.

La victoire de BREXIT marque en effet une défaite pour une partie de la bourgeoisie, pro-européenne, du Royaume-Uni.

La victoire du BREXIT marque une défaite pour l’Union Européenne, et marque un précédent dans son histoire, jugée auparavant comme un mythe positiviste.

Cette victoire marque un coup d’arrêt à cette union, qui ne pouvait être que temporaire, entre les impérialismes européens, que cela soit l’Anglais, le Français, l’Allemand …etc.

Elle marque une revirement face à ceux qui défendaient les Etats-Unis d’Europe, à ceux qui pensaient que les impérialismes européens peuvent fusionner en un seul impérialisme, qui exploiterait dans la paix et l’amour les populations d’Europe et les régions inféodées aux différents impérialismes.

Cependant, la défaite de l’ennemi ne signifie pas forcément la victoire du peuple.

Les Tories et UKIP, sont, sur la scène médiatique, les grands gagnants de ce vote, renforçant leur influence, renforçant leurs positions là où les votes Exit ont été majoritaires, les campagnes ouvrières.

Globalement, Londres, l’Irlande du Nord et l’Ecosse sont les régions où le In  fut majoritaire.

Demandé depuis 2013, avec l’entrée au parlement de la formation d’extrême-droite UKIP, le référendum sur le départ de l’Union Européenne a finalement été mis en œuvre le 23 juin 2016, aboutissant à une victoire de la part du camp du départ.

La campagne a été émaillée d’incident de gravité et de nature variés, entre l’affrontement des flottilles “In” et “Out” sur la Tamise, mi-juin, et culminant jusqu’au meurtre, par un néo-nazi, de Jo Cox, députée à la chambre de Communes, favorable au maintient du Royaume-Uni dans l’Union Européenne.

Cependant, malgré l’image sulfureuse de Nigel Farrage, dirigeant du UKIP, malgré les cries de joie des partisans du out, qui apparaissent plus forts que jamais, le Royaume-Uni ne l’a jamais été aussi peu. Ainsi, si les grands centres urbains, le sud de l’Angleterre et les grandes villes universitaires, fiefs des conservateurs, mais aussi l’Irlande du nord, et l’Écosse, ont été partisans du in, ce sont les campagnes ouvrières et l’est de l’Angleterre, anciens bastions des forces de gauches, qui ont choisi la sortie de l’UE. Cet impact des discours réactionnaires sur les classes populaires anciennement de gauche peut s’expliquer partiellement par cette citation de Staline, en date de 1934 et évoquant le IIIe Reich :

« Il faut regarder la victoire du fascisme en Allemagne, non seulement comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière, et le résultat des trahisons perpétrées contre celle-ci par la social-démocratie qui a frayé la route au fascisme.» 

Sans aller jusqu’à caractériser le régime anglais de fasciste, des similitudes structurelles dans le succès d’une faction aussi réactionnaire et chauvine de la bourgeoisie permettent d’effectuer un certain parallèle. Les forces sociale-démocrates juraient par l’UE, et que par l’UE, et elles ont échoué. D’où le fait qu’une clique dont les intérêts économiques ne se trouvent pas dans cette zone puisse avoir pignon sur rue.

Au niveau de l’UE, c’est la première fois que l’union doit faire face à une « sécession » depuis le début de son histoire. Outre la démission annoncée du premier ministre David Cameron, d’ici trois mois, la sortie du Royaume-Uni entraine des bouleversements d’ordre pratique.

Au niveau de la gouvernance européenne, le départ du Royaume-Uni implique un changement dans l’équilibre des pouvoirs au sein du Conseil européen. Selon les règles de vote introduites en novembre 2014, une minorité de blocage est possible si elle est prise par quatre Etats membres, et si elle représente au moins 35% de la population totale de l’UE. Avec le BREXIT, le bloc libéral dont le Royaume-Uni était l’un des piliers va perdre en influence.

L’UE perd également l’un de ses principaux moteurs économiques avec l’Allemagne et la France. Le jeu d’influence à trois va dès lors se changer en un duel franco-allemand dans lequel l’Allemagne ne pourra plus compter sur l’allié tactique qu’était Londres. Une bonne nouvelle pour M. Mélenchon, qui va voir l’influence de la France potentiellement s’accroître au sein de l’UE (selon l’analyse du Monde).

La question écossaise se pose également. En 2014, les écossais avaient majoritairement refusé leur sortie du Royaume-Uni. Le peuple d’Écosse a cependant voté à près de 60% pour le maintien au sein de l’UE. La première ministre écossaise, et leader du SNP (le parti national écossais), Nicola Sturgeon, a ainsi déclaré que l’Écosse « envisageait son avenir au sein de l’UE », et parle d’une Écosse « tirée en dehors de l’Union Européenne contre sa volonté ». Cette situation se retrouve également dans l’Irlande du Nord, le Pays de Galles, au sein desquels les nationalistes veulent utiliser ce précédent pour tirer leur épingle du jeu, et -qui sait- obtenir leur indépendance, ou leur rattachement pour le cas de l’Irlande du Nord, avec leur pays d’origine.

 

Le BREXIT a soumis les marché à un choc.

Selon France 24:

“La victoire du camp favorable à une sortie de l’Union européenne pourrait conduire la Réserve fédérale à s’abstenir de toute hausse des taux d’intérêt cette année, voire entraîner de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire de la part des grandes banques centrales.

La livre sterling, qui avait atteint jeudi soir un pic de six mois face au dollar après des sondages publiés peu après la fermeture des bureaux de vote annonçant au contraire une victoire du “Remain”, perdait vers 4 h 30 GMT près de 11 % par rapport au billet vert – sa plus forte baisse sur un jour jamais enregistrée – revenant à son plus bas depuis 1985.”

Cependant, selon Stéphane Boujnah, président d’Euronext:

« L’Europe et la zone euro sont des zones de stabilité par rapport à des autres grandes zones d’investissements sur la planète. Un certain nombre d’investisseurs du reste du monde regarde l’Europe comme étant un excellent rapport entre risques et rendements »

L’avenir seul peut permettre de donner une réponse quant à la capacité que peuvent avoir les marchés financiers de faire acte de résilience, et de remonter le cours des échanges. Toujours est il qu’un coin est enfoncé dans la zone d’échange de l’Europe, coin qui tend à la fragiliser, autant par rapport à sa solidité politique que financière.

Notre analyse demeure la suivante: Tactiquement, la victoire du Out ne peut être regardée autrement que comme une défaite en rase-campagne de la part des pro-UE. Elle lance un séisme tant au sein de l’UE que dans le Monde, lequel regarde la situation avec attention. Elle lance également une lame de fond chez nombre d’Euroseptiques timorés, lesquels s’empressent de revenir vers l’UE comme refuge, tant il est redouté qu’elle ne s’effondre complètement.
Jean-Luc Mélenchon, habitué de la phraséologie gauchiste, mais du droitisme en action, est ainsi l’auteur d’un billet magnifique: “L’Europe on la change ou on la quitte.”

Cette belle tournure de phrase ne peut-être interprétée que comme une volonté, au final, de voir l’UE comme une structure amendable, permettant de respecter ce qui terrifie notre bonhomme: que l’impérialisme français soit lésé par celui de l’Allemagne.

« L’heure du plan B va sonner. Ma candidature pour l’élection présidentielle est celle de la sortie des traités européens. Plus que jamais l’intérêt de notre pays est celui d’une politique de coopération sur le vieux continent et avec le monde plutôt que le libre-échange et la concurrence libre et non faussée »

L’intérêt de notre pays, c’est, dans la bouche de M. Mélenchon, l’intérêt de sa bourgeoisie, dans une Europe protectionniste, à l’avantage du plus fort, là encore, plutôt qu’une concurrence libre et non faussée, que notre auteur devrait pourtant savoir lire comme étant un mythe dans le capitalisme monopolistique, dans l’impérialisme.

 « Bien sûr, la caste des eurolâtres ne tiendra aucun compte de ce qui vient de se passer et continuera de fustiger les “extrêmes”, le “repli sur soi” et l’amour des peuples pour leurs libertés et dignité sociale. Plus dure sera leur chute. L’élection présidentielle de 2017 en France en est l’occasion »

Empruntant une novlangue faite de mot-valises, qu’on croyait réservée à l’extrême-droite, notre ami reste dans la négation de ce qui est le fondement principal de la structure économique de notre pays: Son premier bourreau n’est pas l’hypothétique union super-impérialiste de Bruxelles, elle est principalement la clique de parasites sociaux qui à ses quartiers à Neuilly-sur-Seine, la bourgeoisie “bien de chez nous.”

Cette peur et ces hésitations se sont répandues comme une trainée de poudre, montrant que derrière le vernis gauchisant et la lutte Don-quichottesque contre les moulins à vent de l’Europe, se cache une certaine peur de faire face à ses responsabilités. La positions de ces individus ne peut se résumer qu’en une phrase: “Vive une Europe faisant la part belle à l’impérialisme français.”

Heureusement, entre le fait de considérer que l’Europe est amendable et les crie d’orfraie face au BREXIT, se trouve une position qui ne reste pas uniquement sur un temps cours, mais qui replace cela dans la durée.

Selon le CPGB-ML, Communist Party of Great-Britain – Marxist-Leninist cette victoire des réactionnaires restera tactique:

“Despite the best efforts of these misleaders, the British bourgeoisie is in real danger of being hoist with its own petard. It has encouraged xenophobia as a way of rallying mass support for its wars and brigandage abroad, and as a means of dividing the working class at home. But now this carefully inculcated racism is impeding our rulers’ ability to secure cooperation with other imperialist powers.”

“Malgré les efforts de ces séducteurs , la bourgeoisie britannique est en danger réel d’être pris en otage par son propre piège  Elle a encouragé la xénophobie comme un moyen de rallier le soutien de masse pour ses guerres et brigandages à l’étranger, et comme un moyen de diviser la classe ouvrière à la maison . Mais maintenant, ce racisme soigneusement inculquée entrave la capacité de nos dirigeants pour assurer une coopération avec d’autres puissances impérialistes.”

Pourquoi cette victoire de la part de la frange la plus chauvine et la plus réactionnaire de la bourgeoisie est-elle tactique ?

La bourgeoisie à pu se défausser sur l’Europe. Elle s’en est servie comme d’un bouc émissaire. Avec l’immigration, la haine de l’UE a servi de fond de commerce à un UKIP fascisant, réactionnaire. Cependant, ce jeu de poker menteur n’a qu’un temps, celui du bluff et de l’esbroufe.

Avec la rupture, la bourgeoisie chauvine du Royaume-Uni se trouve pied au mur, son fusible ayant fondu. Elle a promis un monde nouveau, promis, derrière le cri Britain First, à un retour à la gloire du vieil empire. Cependant, elle ne peut tordre les lois objective du capitalisme. Elle promet les travailleurs à la misère et à l’exploitation. Rejeter encore la faute sur l’UE ne tiendra pas éternellement; cette zone tampon contre le mécontentement légitime des masses n’absorbera plus les coups pour leurs maîtres.

Le spectre de la guerre hante toujours l’Europe.

“Without Britain, it would be harder for the EU to pull its global weight – a big loss to the west in a troubled neighbourhood, from Russia through Syria to north Africa. It is little wonder that Russia’s Vladimir Putin is keen on Brexit – and that America’s Barack Obama is not.” (The Economist cité in CPGB-ML)

Sans l’Angleterre, il sera plus dur pour l’UE de peser un poids global- une grosse perte pour l’Ouest dans un voisinage troublé, de la Russie, en passant par la Syrie, jusqu’à l’Afrique du Nord. Ce n’est pas une énigme que le Russe Vladimir Poutine fais les yeux doux au BREXIT– et que l’Américain Barack Obama non.

Il est clair que les jeux géopolitiques sont extrêmement sensibles aux modifications dans les rapports de forces entre et au sein des alliances. L’affaiblissement de l’UE, déjà poreuse aux influences extérieures, est plutôt un bon signe pour la Russie, et un mauvais pour les USA.

Les géopolitologues américains, dans la lignée de Zbinew Bzrezinski, voyaient dans la solidité de l’UE une sécurité -avec l’Otan- contre tout risque d’irrédentisme russe.

Cette fragilisation de l’UE, cette menace sur son intégrité, facilite ainsi les avancées des influences pro-russes. Dans une vision extrèmement pessimiste, la fragmentation de l’Europe accroitrait le poids géopolitique relatif de la Russie, quitte à inféoder certains états dans son orbite.

 

De même, un spectre ressurgit: celui d’un risque de guerre inter-européenne.

M. Mélenchon semble être hypnotisé par l’Allemagne. Il la voit comme une menace permanente, comme un marionnettiste qui instrumentaliserait l’UE. Sa vision sociale-chauvine se teinte d’un soupçon de vérité: Elle est le reflet d’une compréhension du fait qu’il y aie effectivement des rivalités au sein de l’UE. Là où le chauvin voit l’Allemagne, et pleure sur la France soumise, nous, communistes, ne voyons qu’une conjonction d’intérêts temporaires entre deux impérialismes tactiquement alliés, mais stratégiquement antagonistes.

Car c’est une loi inéluctable du capitalisme, il ne peut exister de super-impérialisme qui exploite le monde dans la paix et la douceur. L’alliance temporaire que forme l’UE a ainsi du plomb dans l’aile. Si elle a servi de terrain de négociation, de compromis, de répartition des aires d’influence, sa déstabilisation rendrait caduque ceux-ci.

Un effondrement de l’Europe peut signifier un retour à des lois à caractère protectionniste, appellées de leurs vœux par une grande frange des souverainistes de tous poils, de gauche comme de droite. Ce protectionisme est vu comme un retour à une souveraineté économique, à une meilleure maitrise du tissu industriel, bref, il est présenté comme la panacée à tous les maux.

Or, plusieurs conséquences en découlent : D’abord, une cristalisation et une ossification des rapports économiques internationaux. Les zones d’influences -déja existantes cependant- seraient plus nettemenent marquées et deviendraient moins poreuses. Même si les dés sont déjà pipés à ce niveau là, les entraves à l’exportations des produits manufacturés et des capitaux tenderaient à un accroissement des tensions internationales, et à des risques de guerre de repartage du Monde.

L’autre aspect principal est que cette solution miracle n’en est nullement une. Cette vieille idée du fait que le capitalisme mondial puisse être contrôlé, réorienté pour le bonheur de la population est un mythe. L’objectif des communistes n’est pas de brider le capitalisme, de le faire revenir à un hypothétique « capitalisme industriel », à un « bon capitalisme », à un « capitalisme national ». Lénine ainsi écrivait : Ainsi est organisée, à l’époque du développement supérieur du capitalisme, la spoliation par une poignée de grandes puissances, de près d’un milliard d’habitants du globe. Et en régime capitaliste, toute autre organisation est impossible. Renoncer aux colonies, aux “zones d’influence” à l’exportation des capitaux ? Y songer serait descendre au niveau d’un petit pope qui, tous les dimanches, prêche aux riches la grandeur du christianisme et leur recommande de donner aux pauvres… sinon quelques milliards, du moins quelques centaines de roubles par an. (A propos du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe)

Au contraire, l’objectif des progressistes authentiques, les communistes, est de le dépasser intégralement, en mettant en œuvre le système qui correspond à l’avenir : le socialisme, par la révolution prolétarienne.

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