Deux lettres de Turgut Kaya

Actuellement en grève de la faim depuis 35 jours, Turgut Kaya et son camarade Hidir Gönek sont menacés d’extradition depuis la Grèce vers la Turquie.

Vous pouvez consulter le communiqué ici pour de plus amples informations. 

Il nous a été transmis deux lettres de sa part, que nous avons traduit de l’anglais vers le français. 

Il s’agit de documents inédits en français, que nous vous invitons à diffuser le plus largement possible.

Sentir l’odeur de la faim.

J’ai eu la chance de passer le nouvel an de 2014-2015 avec Gregori Konstantinoplu, qui est l’un des plus grands communistes que le peuple Grec ait pu élever. J’ai appris que le peuple Grec a une tradition de faire des gâteaux a chaque nouvelle année, de mettre une pièce dans l’un d’entre eux et la première personne qui le trouve porte le premier toast du nouvel an et formule un vœu pour la nouvelle année. Bien sûr, après de rapides mouvements de sa main, le camarade Gregori trouva la pièce et fis ses vœux :

« Je souhaite que la nouvelle année apporte la joie au peuple de Turquie. »

« Je souhaite qu’elle apporte la joie au peuple Grec »

« Je souhaite le succès pour notre parti frère le TKP/ML »

Ce grand camarade, élevé par le peuple Grec, nous montrait de nouveau ce que la solidarité internationale signifie. Il nous honorait, comme un grand camarade du Parti Communiste avec sa pratique et ses mots. Sa perte fut importante pour le peuple Grec et pour le peuple Turc. La leçon qu’il nous a donné se montre elle même dans la dialectique de la vie.

La solidarité et la gentillesse du peuple Grec au trentième jour de la grève de la faim que j’ai commencé, après la décision de l’état Grec, pour obtenir une libération immédiate et l’annulation de l’extradition nous a montré que les plus grands amis du peuple sont le peuple lui même. Bien sur, le fer de lance de cette solidarité internationaliste révolutionnaire est le peuple Grec. Au point où ils ont porté haut les actions de solidarité pour ma grève de la faim et pour notre libération, moi et mes amis et camarades. L’aide apportée par les signatures, les venues aux différents stands et l’expression de pensées et de soutien sont historiquement un des plus beaux exemples de solidarité internationale.

A cette occasion, si nous suivons les mots du camarade Gregori dans un sens opposé, puisse l’avenir apporter au peuple Grec une vie sans classes, sans exploitation et sans frontières. Puisque ce peuple précieux a souffert d’innombrables souffrances et les plus sombres persécutions, ils le méritent. Le peuple Grec ne laissent pas un révolutionnaire Turc seul quand il sent l’odeur de la faim. Même si cela est spontané, c’est un magnifique exemple du caractère internationaliste de la solidarité et la capacité d’unité de ce peuple.

En ces jours, où je ressent cette odeur de la faim, je dois aussi remercier le TKP/ML (Parti Communiste de Turquie – Marxiste Léniniste), les pionniers communistes du peuple de Turquie, composé de Turcs, de Kurdes et diverses nationalités Depuis sa fondation, en prison à Amed à la mort, jusqu’à la mort et les longues grèves de la faim de 1996 et 2001, c’est le TKP/ML qui a la pratique la plus concrète et qui ne laisse pas les positions vacantes. Nous tenons modestement, en tant qu’étudiants de cette pratique, cette ligne de résistance. C’est cette histoire qui doit être appréciée.

En cette période, c’est aussi important de montrer que les actions, manifestations et communiqués de l’ATIK, Yeni Kadın ve Yeni Demokratik Gençlik, actif en Europe de l’Ouest, et toutes les organisations migrantes constituent un bel exemple de solidarité internationale et révolutionnaire. Particulièrement les camarades de Yeni Kadin et du YDG, affiliés à ATIK, qui ont atténués le souffle de la faim avec leurs longs efforts pendant cette période et ont encore réchauffé le cœur de la camaraderie.

Il faut aussi mentionner Partizan, SMF, Devrimci Parti, ESP et HDP, qui ont envoyé leur support et solidarité depuis la Turquie. Tout ces efforts ont crée le plus bel exemple de solidarité révolutionnaire, d’unité – qui est la plus grande arme du peuple – et faire front ensemble contre le fascisme.

Tout en ressentant le souffle de la faim, je veux exprimer que la solidarité des Grecs, des organisations, les communiqués de solidarité des organisations révolutionnaires et démocratiques en Europe de l’ouest et en Turquie ont donné force à la résistance; s’unir contre les intérêts des réactionnaires par le peuple de Turquie et de Grèce et montrer l’existence de la solidarité internationaliste est notre plus belle victoire.

À cette occasion, je souhaite rendre hommage au grand communiste Gregori Konstantinopolu en cette deuxième année de deuil et clamer que nous continuerons de perpétuer son héritage entre les peuples Grecs et Turcs et parmi les organisations révolutionnaires et démocratiques.

Longue vie a la solidarité internationale!

Turgut Kaya

Juillet 2018

Le gouvernement de Syriza laisse un révolutionnaire mourir!

Je suis au trente-troisième jour de la grève de la faim que j’ai commencé en protestation contre la décision de l’État grec de laisser passer mon extradition vers le régime fasciste Turc d’Erdogan. Au trente-deuxième jour de cette grève, au delà de la visite que j’ai reçu du parti Syriza, et non du gouvernement de ce même parti, aucune action concrète a été entreprise depuis le premier jour.

La délégation du parti Syriza n’est pas allée plus loin que l’expression de leurs vœux et désirs et m’ont demandé d’arrêter la grève en me disant que “c’est mal pour un révolutionnaire de se faire du mal par une grève de la faim”.

Pendant que j’étais en Grèce avec mon identité de révolutionnaire, j’ai été arrêté par létat Grec à cause d’un mandat d’arrêt d’Interpol posé par l’état fasciste Turc. La justice Grec qui prétend être démocratique et progressiste ont collaboré avec l’état fasciste Turc en passant la décision de m’extrader.

Cette décision n’as pas été faite contre moi personnellement mais contre les principes et valeurs du parti prolétarien que je n’ai jamais trahis. Personne ne devrait s’attendre à une acceptation de ce fait de notre part. Nous allons résister encore et encore et se battre tout comme nous l’avons fait dans des centres de tortures et dans les cellules de prisons de type F du fascisme contre les attaques commises contre les révolutionnaires. C’est la tradition de notre parti et un essentiel de tout communiste. C’est pourquoi je n’arrêterais pas ma grève de la faim avant qu’une action concrété sera actée selon mes demandes.

Le gouvernement de Syriza d’un côté disent que l’extradition n’auras pas lieu à travers des chaînes non officielles mais jouent aux trois singes de la sagesse de l’autre côté. C’est la caractéristique naturelle de la bourgeoisie ; sans face et opportuniste. Un gouvernement qui se vend comme des radicaux de gauche mais qui se taisent quand la vie d’un communiste est en jeu. Cette attitude est inacceptable.

Tant qu’ils n’accomplissent aucune action concrète, le gouvernement de Syriza et son ministre de la justice S. Kondosis vont laisser un communiste mourir. Rien ne pourra jamais justifier la mort d’un communiste, pas même la réaction de l’état Turc. Il est bien connu que l’état fasciste Turc, au delà des communistes et autres révolutionnaires, massacre et emprisonne les démocrates et toute forme d’opposition, visant spécifiquement la lutte du Peuple Kurde pour la démocratie.

Esquiver les réactions d’un régime de cette sorte signifie une collaboration avec ce dernier. Le vrai problème n’est pas subir la réponse d’un régime fasciste. Prendre position contre les atrocités commises par le régime fasciste Turc et Erdogan est essentielle pour devenir un vrai gouvernement progressiste et démocratique.

Les Communistes ne masquent pas leurs opinions peu importe le lieu et leurs conditions, ils voient comme un devoir le fait de dire au public ce qu’ils pensent être juste. La réalité que je vis aujourd’hui est une expérience importante pour voir comment un gouvernement auto-proclamé démocratique peut montrer sa vraie face quand ses intérêts de classe sont questionnés.

La bourgeoisie n’hésitera pas à appliquer toute sorte de politique réactionnaire contre le peuple, et spécifiquement les communistes, quand il s’agit de leurs intérêts de classe. Donc nous n’hésiterons pas à faire ce que nous devons faire en tant que représentants de nos traditions. Nous continuerons notre résistance contre cette attaque.

Mes demandes sont claires. Le gouvernement de Syriza sera responsable des conséquences tant qu’ils gardent le silence. La seule chose qu’il reste a faire pour trouver une solution à ce problème est l’arrêt du processus d’extradition et ma libération immédiate. Cette tâche politique, je l’ai hérité des traditions de notre parti plutôt que d’une décision personnelle.

Je salue tout ceux qui ont apporté du soutien à cette décision politique et je vous souhaite le meilleur pour votre lutte!

Nous vaincrons!

Longue vie àla solidarité Internationale.

Turgut Kaya

2 Juillet 2018

 

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