Match retour Poutou – Bourgeoisie : 0 – 2

 

Le NPA vit, en 2017, son annus horribilis. Une campagne qui peine à démarrer , une absence visible d’unité de volonté et, dans les médias, des interventions qui dérapent.

Ainsi, la pétition de supplications, #2017poutoudoitenetre, à donné une image plus que déprimante d’une organisation qui se fardait, auparavant, d’un vernis radical. Celle-ci, rédigée sur un ton destiné à fendre les cœurs, ne posait pas de critique politique de la campagne présidentielle, de la démocratie bourgeoise, du capitalisme.

Ce qui formait la base du discours, à l’origine, était l’idée d’utiliser les élections comme tribune pour dénoncer le capitalisme, l’impérialisme, l’exploitation. La tactique a pris le pas, visiblement, sur la stratégie. Prêt à tous les compromis pour remporter cette bataille -tactique-, le NPA est incapable, désormais, de mettre en place sa stratégie. En voulant jouer sur les deux tableaux, en voulant à la fois glaner des voix et conserver une image radicale, le NPA a donné naissance à une stratégie hybride. Un peu de l’un, un peu de l’autre, peu de résultats. Comme dans la nature, les hybrides sont bien souvent stériles.

L’absence d’unité de volonté s’est montrée à plusieurs reprise. Des militants et militantes NPA ont ainsi déclaré qu’ils et elles hésitaient entre l’abstention et le vote Poutou. Beau coup de poignard dans le dos du candidat. Plusieurs raisons à cela, contradictoires sans s’exclure mutuellement : d’une part un sincère attachement à l’idée que cette élection est une bataille perdue d’avance, et un constat que le NPA peut y laisser des plumes et y perdre en crédibilité.  D’autre part, le fait que le mouvement de boycott prend de l’ampleur : Boycott 2017 ; Génération Ingouvernable. Le NPA, organisation sans physionomie politique, voit certaines de ses fractions hésiter à rejoindre cette ligne. Flairant la bonne affaire, ils et elles cherchent à se positionner, à faire leur nid. Si Poutou échoue, ou plutôt lorsqu’il échouera, sans surprise, sans vergogne, les militants NPA déclarerons les élections nulles et clameront que leur idée était -dès le début- de boycotter.

Comme en 2012, où les fractions du NPA s’étaient attaquées les unes les autres, pour la répartition de la trésorerie, notamment, Philippe Poutou se retrouve avec un staff diminué, divisé, tiraillé. Ce n’est pas une situation enviable. Nous ne doutons pas de sa sincérité, ni du fait qu’il soit humainement sympathique. Cela ne facilite pas, évidemment, le fait de le voir haché menu par les piranhas de la bourgeoisie.

Lors de sa première prestation, dans l’émission On N’est Pas Couché, présenté par Laurent Ruquier, le candidat s’est fait écharper, humilier, par le présentateur et son équipe. Déjà, nous avions commenté cela dans notre article Les communistes ne rampent pas devant la parodie de démocratie des bourgeois.

Le nouveau round, samedi, a été commenté par Julien Salingue par ces termes : Philippe Poutou invité chez Ruquier hier soir, ou le nouvel épisode de “Un ouvrier, c’est là pour fermer sa gueule”.

L’arrogance et le mépris social dont fait preuve cette petite caste, incapable de supporter la moindre critique, sont à vomir.

En effet, malgré un avertissement sec la dernière fois, malgré cette humiliation, le candidat du NPA a été dominé, écrasé, par le jeu de perturbation des présentateurs, des intervenants, lesquels ont taillé en pièce son discours, au point de le rendre inintelligible. Une stratégie politique, même fausse, demande du temps pour être étayée, développée, expliquée. Cela n’était nullement le cadre ou le lieu, le format de l’émission, de base, ne s’y prêtant pas. Même avec les meilleures intentions du monde, Philippe Poutou partait déjà perdant, face à la répartie, la punchline, qui est le point central de cette émission.

Pour enfoncer le clou, les présentateurs ont même insisté sur l’aspect de double face du candidat, souriant ici, mais incisif sur les réseaux sociaux.

Cette séquence, même pour nous tenons la ligne de l’abstention, qui considérons que la stratégie du NPA est fausse et opportuniste, n’en est pas moins désagréable à regarder.

Sur les réseaux sociaux, on s’étonne, on s’indigne, on crie à l’insolence au mépris de classe.

Mais, et nous nous adressons à tous les militants et militantes, à quoi vous attendiez-vous ?

Seriez-vous devenus naïfs au point de croire que les médias, les émissions de divertissement, sont neutres ou amicales envers les militants progressistes ? Qu’ils vont accueillir avec des sourires, avec de la tendresse, de la compassion, ceux qui défendent l’idée d’un partage des richesses -même réformiste- comme Philippe Poutou ?

Cette indignation, qu’elle soit légitime ou jouée sur un air faussement choqué, doit cesser.

Elle doit se muer en résolution.

Que croit-on ? Que la bourgeoisie est fair-play, qu’elle accepte qu’on l’attaque, qu’on la dénonce, qu’on la pointe du doigt comme la responsable des maux de la terre ? Non, elle se rebiffe.

Elle corrompt.

Si elle ne peut corrompre, elle humilie et salit.

Si cela ne suffit pas, elle tue.

La grande faiblesse de Philippe Poutou, comme de nombreux “révolutionnaires”, qui, au final, sont des humanistes romantiques, c’est de ne pas avoir attaqué. D’avoir voulu être le gentil, la victime des méchants. Cela colle bien à l’image de son parti, de sa révolution romantique, rêvée, jamais construite.

Nous ne sommes pas là pour être les gentils, pour être les victimes, nous sommes ici pour battre la bourgeoisie.

Nous ne sommes pas ici pour être humiliés mais pour gagner.

Nous savons que, lorsque la bourgeoisie fait mine de nous donner la parole, c’est pour -au mieux- faire une répétition d’un “diner de cons”, au pire pour nous assaillir sous les tonnes de mensonges anticommunistes.

Il ne saurait en être autrement dans une société divisée en deux classe antagoniques.

Ce qui est, fondamentalement, le véritable scandale, c’est de croire encore en la bienveillance de nos ennemis, que de leur tendre le cou pour qu’ils nous décapitent.

Ce qui est fondamentalement notre faiblesse, c’est -une fois sorti des discours- cette tendance que nous avons à être bernés par des pièges grossiers.

Si nous voulons gagner, nous devons grandir, briser définitivement les mythes, dont ceux des médias neutres, ceux de l’Etat neutres, ceux des élections “démocratiques.”

Pour gagner, nous n’avons pas besoin de candidats, de pétitions, de supplications, mais de militants, d’organisation. Nous avons besoin d’un Parti, d’un Front.

 

Cessons de croire dans la bourgeoisie. Cessons de jouer ses jeux truqués.

Croyons uniquement en nos propres forces ! Ne comptons que sur elles !

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