Communiqué UCL sur le 8 mars, jour de lutte.

Ce 8 mars est pour nous l’occasion de rappeler que la lutte de libération des femmes n’est pas séparable de la lutte de libération des travailleurs et travailleuses. Elles sont imbriquées et inéluctablement liées dans leur objectif commun d’émancipation. Ainsi il est du devoir de tout·e communiste de prendre part à l’entreprise de déracinement du patriarcat hors des consciences et des pratiques, en vue de son abolition définitive. L’unité de la lutte féministe et prolétarienne est historique. Nécessaire à tout projet d’achèvement du socialisme. L’oublier, c’est oublier l’histoire de notre mouvement, négliger ce que nous devons hier et toujours aujourd’hui aux femmes révoltés contre leurs conditions, et finalement abandonner les tenants de notre but, le communisme.

C’est aussi l’occasion de nous rappeler qu’en tant qu’organisation très majoritairement masculine, il faut connaître notre rôle. Nous devons faire reculer avec le plus d’énergie possible les forces réactionnaires partout où elles se présentent, sans usurper ce combat.

Ces dernières années, les mouvements de libération de la parole que sont #MeToo ou en France, #Balancetonporc ont durablement marqué les esprits. Son bilan provisoire c’est la fin du silence, la fin de l’indifférence et du tabou sur les crimes ordinaires du patriarcat. Le début de la réappropriation de la rue et des médias, avec récemment, la campagne nationale de « Collages féministes » qui imprime sur les murs les horreurs perpétrées par la domination masculine. Imposant aux yeux de tous cette image : notre société a le sang des femmes sur les mains. Les affiches marquent au fer rouge les consciences en dénonçant la honte que porte le monde patriarcal.

Ce mouvement est le préambule d’un nouveau chapitre de la grande histoire du féminisme, il sera écrit par celles qui continuent et continueront de refuser le présent et l’avenir auquel le patriarcat et l’ordre capitaliste les condamne. Nous avons pu voir, lors de la dernière cérémonie des Césars, une page de plus s’écrire avec le départ de Adèle Haenel au cri de « La Honte ». Cette honte d’une impunité de plus, qui se complaît dans sa bienséance bourgeoise et étouffe les pires indécences. Nous ne pouvons pas non plus occulter le rôle de ces faux-amis et fausses-amies, qui se servent de la juste lutte émancipatrice comme d’une arme : instrumentalisant la lutte des femmes voilées pour attiser les haines et le racisme.

Le capital peut s’accommoder de quelques progrès marginaux, mais il lui est insupportable de tolérer que les femmes ne restent plus à leurs « justes places », tant il a besoin de leur travail gratuit et de leur main-d’œuvre exploitable à bas coûts. Abolir la domination masculine, c’est attaquer tout l’ordre social capitaliste. C’est fissurer toutes les dominations. C’est reconnaître le droit à l’émancipation de tous et toutes comme raison légitime et suffisante pour remettre en cause le statu quo. Elles nous font la démonstration que nous avons tous et toute raison de nous révolter contre ce monde, et ce partout où c’est nécessaire, jusqu’à notre victoire.

Comment imaginer un capitalisme où les femmes ne seraient pas les esclaves de la marchandisation implacable de leur image, de leur corps, de leur intimité ? Il n’y a pas de capitalisme qui puisse s’accommoder du féminisme comme il n’y a pas de féminisme qui puisse tolérer le capitalisme. Il est naturel à ce système de vendre une moitié de la population à l’autre : la souffrance des femmes est pour lui une marge d’ajustement marchande. Ce mouvement de libération n’est pas une vue de l’esprit, c’est un combat matériel contre toutes les normes sociales dans lesquelles nous évoluons. Utopiste, celui qui s’imaginera renverser la plus veille structure de domination de l’histoire sans faire quelques vagues. Et si ces vagues doivent nous incommoder, ou pire, nous déranger dans nos positions d’hommes et nous remettre en cause au sein de nos combats, nous ne devrons y constater que l’étendue de notre propre échec. Et être d’assez bons camarades pour soutenir celles qui mènent la lutte chaque instant de leur vie.

Aujourd’hui la domination des hommes se combat en Inde et aux Philippines au bout du fusil et dans la rue au sein même des luttes contre le fascisme et pour la libération des travailleurs et travailleuses. Alors qu’aux États-Unis, au Brésil, au Chili, en Bolivie, en Équateur, etc, la réaction progresse, les femmes sont encore une fois les plus menacées. Mais ce sont aussi elles qui les premières se dressent contre l’oppression, comme c’était elles qui les premières marchaient sur la perspective Nevski en février 1917. Nous avons pu le constater en France où les femmes étaient à l’avant-garde du mouvement des Gilets jaunes en 2018-2019, tant sur le plan des revendications, de l’organisation que de la répression. Hier comme aujourd’hui, n’oublions pas qui se met en danger contre la loi de tous les dominants. Le féminisme est un mouvement vivant, un souffle vital qui ne doit pas reculer et ne reculera pas devant la nécrose réactionnaire qui gagne le capitalisme agonisant, laissant germer le fascisme en semant la misère. Ce seront les femmes qui seront encore une fois, les premières des premiers touchés par la dégénérescence du capitalisme globale, mobilisant tout son pouvoir face à sa propre gangrène.

Si les femmes sont à l’avant-garde de la lutte, c’est parce qu’elles sont les premières victimes de l’état actuel de la société, des deux glaives du capital et du patriarcat, les avatars interdépendants d’un unique système d’une domination synergique. Très concrètement, cela signifie en France, précarité et insécurité dans tous les domaines, exploitation et aliénation sur le lieu de travail et au foyer, violences quotidiennes, meurtres silencieux, viols impunis. Voici la bête à abattre, voila comment elle se caractérise au cœur même d’un pays impérialiste. Le double système du capital et de la domination masculine n’épargne les travailleuses d’aucun pays, pas même celles des pays dominants du bloc impérialiste.

Les femmes seront toujours les premières à refuser d’être écrasées par un quelconque ordre social : Drapées du blanc de Ala’a Salah guidant le renversement d’un régime ; du noir des émeutières de Mexico répondant au viol et au meurtre d’une de plus, d’une de trop ; des couleurs des YPJ, frappant l’état islamique au cœur et résistant héroïquement contre le fascisme turc ; ou du rouge du prolétariat triomphant.

Le drapeau rouge, l’étendard d’un autre futur, du socialisme, qu’il faudra savoir porter haut et planter sur le cadavre de la bourgeoisie vaincu, est vif du sang des millions de femmes qui se sont révoltées, qui furent blessées, qui furent tuées, par le patriarcat durant toute son histoire. Souvenons-nous-en lorsque nous le dressons contre nos ennemis, et ce faisant n’oublions pas que les morts, les violences, l’esclavage persiste en ce moment même, soyons dignes des exigences de ce combat, soyons communistes, et déclarons :

Vive le mouvement international de libération des femmes, vive le féminisme prolétarien et révolutionnaire !

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