Collomb et le droit de manifester.

Collomb et le droit de manifester.

“Si on veut garder demain le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe.” Voilà ce que déclarait le ministre de l’intérieur, au micro de BFM-TV, le samedi 26 mai.

Il est parfaitement légitime que cette phrase ait déclenché un véritable tollé parmi les organisations politiques progressistes, révolutionnaires, et même simplement démocratiques. Même ses ex-camarades du Parti Socialiste, avec une certaine dose de cynisme qui les caractérise, ont dénoncé cette attitude et cette déclaration.

Cette phrase est, en effet, cruellement révélatrice. Elle indique ce que pense la bourgeoisie réactionnaire des “libertés fondamentales”. Elle indique la manière dont elle conçoit également le traitement juridique des manifestants inculpés.

Avant toute chose, nous portons un regard critique sur la question de “Blacks Blocs” et des actions organisées en manifestation. Nous nous sommes déjà exprimés dessus par le passé, et nous considérons que la tactique choisie par certain et certaines n’est pas toujours particulièrement adaptée à la situation. En revanche, nous ne la condamnons pas et nous affirmons notre solidarité avec les inculpés et les inculpées.

Gérard Collomb parle au conditionnel, car, à ses yeux, les libertés fondamentales ne sont que des contes pour enfant, des histoires faites pour se donner bonne conscience et pour se draper dans les droits de l’Homme dès qu’une injustice apparaît dans le monde et que l’impérialisme français aurait quelqu’interêt à s’en mêler.

Dans les faits, tant l’histoire que l’expérience illustre le fait qu’il n’existe ni libertés fondamentales, ni droits inaliénables, ni rien que la bourgeoisie ne puisse retirer, si jamais cela correspond à ses intérêts. Les jeunes lycéens et lycéennes du lycée Arago à Paris en ont fait les frais, en étant confrontés à une loi qui criminalise “l’intention de commettre des dégradations et des actes de violence”. La présomption de culpabilité prend le pas sur celle de l’innocence.

Gérard Collomb scandalise car, bêtement, il a laissé échapper cette malheureuse vérité, celle que l’Etat n’est pas neutre dans les conflits sociaux, n’est pas un relais passif de la démocratie, mais bien un fer de lance de l’oppression sociale et de l’exploitation économique. Gérard Collomb menace de supprimer le droit de manifester si jamais les manifestants n’agissent pas en auxiliaires de police, ne se muent pas en dénonciateurs et en mouchards.

Voilà que les représentants de la bourgeoisie, les représentants des bourreaux du peuples, des exploiteurs, de l’ennemi de classe, exigent que les victimes de l’exploitation assurent des purges pour leur compte.

La droite du mouvement social s’est empressé de faire valoir ses conceptions, Hamon déclarant qu’il trouvait scandaleux que les manifestants soient assimilés à des complices des violences alors que “même les CRS ont parfois du mal à  [les] canaliser“. La France Insoumise, par la voix de son leader Jean-Luc Mélenchon a déclaré “combattre les violences” dans le Huffington post, et, dans Libération : “ Je suis très vigilant sur la question de la violence, je la désapprouve absolument. Non pas pour des raisons morales ou esthétiques, quoique, j’en ai ! Mais la violence n’a aucune efficacité dans l’action révolutionnaire. Nulle part dans le monde, la violence n’a donné un résultat pour nous.”

Grattez le verbiage “de gauche” et vous trouverez un libéral. Il est historiquement faux de dire que la violence n’a jamais donné de résultat, et ce, quelque soit le sens du “nous”. Dans Le Capital, Marx et Engels écrivaient La violence est l’accoucheuse de toute vieille société qui est enceinte d’une nouvelle.” Elle est aussi le moyen par lequel la bourgeoisie se maintient au pouvoir. Elle est la méthode par laquelle elle accroît son exploitation et son ordre injuste.

Les Blacks Blocs et les mouvement autonomes ne sont pas des mouvements prolétariens, mais sont animés d’une idéologie petite-bourgeoise. Cependant, ceux et celles qui rejettent dans son intégralité la question de la violence, et qui se servent de quelques dégradations comme prétexte, montrent leur vrai visage. Il est celui du réformisme qui tremble d’effroi, en clamant que les travailleurs et les travailleuses rejettent la violence et ne la comprennent pas.

Pourtant, la violence, les masses populaires la connaissent, car elles vivent l’injustice chaque jour, dans leurs travails, dans leurs lieux de vie, dans leurs lieux de socialisation. Elles savent, lorsque le patron exige, lorsque la police aboie, quelle est leur valeur juridique aux yeux de l’Etat, aux yeux de la bourgeoisie. Les masses populaires comprennent parfaitement la nature profonde de la dictature de la bourgeoisie. Elles comprennent son caractère criminel. Elles comprennent également la nécessité de la Dictature du Prolétariat, sans fard et sans voile, dans ce que signifie fondamentalement cette forme de pouvoir politique.

Nous ne céderons pas aux invectives et aux chantages de la bourgeoisie et de son laquais, Gérard Collomb. Nous sommes solidaires et unitaires, et nous l’affirmons : Nous formons une seule ligne, un seul front : un front uni contre la bourgeoisie et le patronat. Nous ne laisserons pas la bourgeoisie décider de l’application du droit de manifester, ni imposer son ordre dans les cortèges.

 

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