Appel à l’unité d’action des communistes présents et présentes en France.

Nous avons rédigé cet appel avec nos camarades de l’UPML, faisant suite à deux lettres ouvertes proposant un travail conjoint des communistes. Nous considérons que la situation actuelle ne nous autorise pas à rester dispersés et désunis. Nous avons, en tant que militants et militantes communistes, une “obligation de moyens” dans le fait de lutter et de chercher, constamment, les moyens de pouvoir progresser et avancer. Nous relançons donc cet appel, et nous invitons celles et ceux qui se retrouvent dans son analyse et ses mots d’ordres à prendre contact avec nous. Ripostons ensemble, construisons ensemble, gagnons ensemble.

21 Avril 2020.

La crise mondiale liée à la pandémie représente la situation la plus grave qu’a connu la planète depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle secoue de fond en comble le monde. Avec plus de la moitié de la population en confinement, elle fournit également l’expérience la plus universelle de l’histoire de l’humanité.

Toujours est-il que cette situation chaotique peut déboucher soit sur une aggravation générale et durable de la situation sur la planète entière, soit sur des perspectives nouvelles de lutte et de victoire pour le mouvement ouvrier, le mouvement des opprimés et opprimées, le mouvement communiste. Nous considérons que cela dépendra de notre action et de notre capacité à travailler ensemble.

Les bourgeoisies préparent leur sortie de confinement. Elles développent des plans pour passer à l’offensive sur les droits sociaux, profiter de la période de trouble pour justifier un durcissement des institutions et de la répression.

La crise sanitaire a de nouveau démasqué les gouvernements et leur vraie nature : des agents serviles des intérêts capitalistes, prêts à sacrifier la santé et la vie des travailleuses et des travailleurs. Elle rétablit également la vérité sur le caractère essentiel du travail des ouvrières et des ouvriers, des agricultrices et des agriculteurs…etc. Par opposition, elle rappelle le caractère parasitaire de la grande bourgeoisie, laquelle ne vit que comme un vampire sur le dos de celles et ceux qui, avec la nature, produisent toutes les richesses. Il existe parmi les masses populaires un immense désir de justice sociale, tout comme une immense combativité potentielle. Cependant, l’efficacité de la propagande réactionnaire peut également faire basculer l’issue de la crise en faveur du chauvinisme, du fascisme, de la collaboration de classe.

Nous avons un travail massif immense à réaliser, quelles que soient nos stratégies.

Le mouvement communiste international peut sortir renforcé de cette épreuve. Le fait de parvenir à réaliser cette tâche immense dépend en partie de la capacité des organisations politiques qui composent ce mouvement de coopérer et de surmonter les écueils pour travailler ensemble.

Nous pensons qu’il est essentiel que, partout où cela est possible, la voix communiste, la voix des intérêts du prolétariat, des classes exploitées, de ceux et celles qui subissent le plus la crise, soit la plus forte possible. Que des fronts unis puissent naître et se renforcer, pour contrer les plans de la bourgeoisie et des impérialistes, mais également pour faire naître ou pour renforcer les forces qui rendront la victoire possible.

Un travail défensif est nécessaire, pour protéger les droits sociaux, économiques et politiques des masses populaires, pour s’opposer à la guerre, au fascisme… dans le cadre de fronts unis les plus larges possibles. Mais également un travail offensif, pour conquérir de nouveaux droits sociaux, économiques et politiques, pour rassembler et organiser largement les masses vers la lutte politique. Une lutte politique pour une nouvelle société, à laquelle toujours plus de travailleuses et de travailleurs aspirent. Cette société ne peut être que le véritable socialisme.

Nous mêmes, membres de l’UCL et de l’UPML, soucieux de collaborer systématiquement, travaillons au sein de la Coordination internationale des partis et organisations révolutionnaires (ICOR). Cette coordination fait partie du Front Uni International construit avec la Ligue internationale de luttes des peuples (ILPS). Nous avons fait ce choix car nous considérons qu’on ne pouvait se contenter de notre activité isolée. Nous respectons les choix stratégiques de toute organisation et le fait qu’elles puissent ne pas souhaiter adhérer à la coordination dans laquelle nous sommes. Ce n’est pas le but de notre courrier mais celui de nous rapprocher pour agir ensemble.

Travaillons ensemble, discutons, rencontrons-nous dans la mesure du possible. On pourrait s’imaginer des campagnes de solidarité commune – au niveau local, régional, national, continental, pour construire une défense et une riposte la plus large possible. Mais faisons un premier pas par cet appel commun !

Nous pensons que les positions à défendre en commun peuvent se résumer simplement autour de constats :

  • Le système de production capitaliste est incapable de répondre aux besoins matériels et culturels de la population. Il est également incapable de pouvoir exister sans ravager la planète et sans exposer l’humanité à de nouvelles pandémies. A terme, il met en péril les possibilités même de survie de l’humanité.
  • L’échec du libéralisme : Même les États les plus ouvertement libéraux ont pris des mesures pour protéger les intérêts de leurs bourgeoisies. C’est une démonstration de plus de la collusion entre États et exploiteurs & exploiteuses.
  • La loi du marché a montré ce qu’elle signifie en pratique : la pénurie pour faire monter les prix, la recherche de la rentabilité maximale, quitte à sacrifier les travailleurs et les travailleuses. Elle génère également des coûts astronomiques pour le matériel médical, dont la production est contrôlée par des monopoles immenses.
  • Le système capitaliste n’est ni réformable ni amendable. Il doit être détruit et remplacé par un système économique, planifié, conçu dans le but de satisfaire les besoins des masses populaires, dans le respect des capacités de régénération de la planète. Place à la société du futur – le socialisme révolutionnaire !

Notre propagande prend vie en lien avec les luttes des masses :

  • Pour un système de santé répondant aux besoins réels et prévisionnels.
  • Aucune législation spéciale du travail et aucun recul du droit du travail durant la crise et après celle-ci.
  • Non à une reprise économique et scolaire sans protection
  • Apporter de l’aide aux plus démunis, protéger et organiser les personnes les plus vulnérables dans un esprit internationaliste.
  • Condamnation et sanctions pour les responsables des victimes, dues à la gestion bourgeoise de la crise sanitaire.
  • Contre la droitisation des politiques, contre la militarisation des appareils d’États et la fascisation. Pour la défense et l ‘élargissement de nos droits et libertés démocratiques. Lutter contre l’action des forces réactionnaires, qui utilisent régulièrement les crises pour faire du prosélytisme ou instiller des idées racistes / réactionnaires.
  • Halte à toutes les guerres de rapine et à toutes les opérations de repartage du monde entre puissances impérialistes.

Au delà de ces tâches immédiates, et en lien étroit avec elles, préparons les luttes à venir dans une période qui va ébranler les bases économiques et surtout politiques d’un système dépassé. On verra des révoltes, des insurrections et des effervescences révolutionnaires naître. La crise engendrera d’énormes souffrances pour les masses, mais aussi des potentialités pour renverser le capitalisme. La bourgeoisie s’y prépare – et nous !? Ces mouvements forts auront-ils une perspective et une direction unifiée ?

  • Parlons-nous entre organisations et mettons ensemble ce que nous avons en commun, sans esquiver le débat sur nos divergences. L’heure est à la coopération, à l’unité d’action !
  • La voix de la révolution socialiste doit se faire entendre. Développons des méthodes et des moyens pour une propagande, pour un débat large sur l’alternative socialiste au niveau de la société. Combattons l’anticommunisme à l’œuvre comme « dernière arme » de la bourgeoise pour défendre son système pourri.
  • Apprenons les uns des autres et soutenons mutuellement nos efforts pour construire une alternative révolutionnaire.

Camarades, travaillons ensemble, agissons ensemble. Le temps du confinement, qui concerne plus de la moitié de la population mondiale, est un temps que nous devons mettre à profit pour préparer l’après-pandémie.

Faisons avancer la lutte du prolétariat, faisons de cette crise sanitaire le point de départ d’une grande victoire politique, d’un nouveau jalon vers le socialisme !

UPML et UCL, membres de l’ICOR

ANNEXE : Nos constatations sur la situation actuelle.

  • Cette pandémie est coûteuse en termes de vies humaines. Si les critiques occidentales se portent principalement vers la Chine, en l’accusant de minimiser sa surmortalité, il ne fait aucun doute que chaque État tend à pratiquer une politique similaire. Cette surmortalité est un critère qui dévoile publiquement l’insuffisance des moyens sanitaires, y compris dans des pays considérés comme développés ou dans des puissances impérialistes.
    • La première vague, qui a déferlé sur l’Asie-Pacifique, semble stoppée pour le moment. Cependant, rien ne permet de s’assurer qu’elle ne réapparaisse pas.
    • La seconde vague touche l’Europe et les USA. Elle a stoppé l’activité économique de la plupart des États du « vieux continent ». Les USA deviennent le nouveau centre de celle-ci. La politique de Trump semble être celle d’un « darwinisme immunologique », laissant vivre ceux qui survivent, et mourir ceux qui n’ont pas de mutuelle.
    • Une troisième vague, sur les pays les plus pauvres et les plus dominés, pourrait naître. Ce serait elle qui serait la plus dévastatrice tant les infrastructures sont défaillantes.
  • Cette pandémie était envisagée et considérée comme une certitude. De nombreux acteurs ont dénoncé l’impréparation des systèmes de santé face à son irruption. Cependant, pour des raisons d’austérité et de rentabilité, l’ensemble des pays impérialistes ont eu tendance à réduire leur possibilité de soigner massivement la population, et ont remis sans cesse à plus tard toute politique de santé publique sur cette question et toute politique de coordination sérieuse.

  • Cependant, ce n’est pas tant la hausse de la mortalité qui pose problème, pour la bourgeoisie, que le coup d’arrêt porté à l’économie mondiale. La bourgeoisie peut sans problème accepter des génocides ou des massacres. Mais elle n’accepte pas le moindre ralentissement de ses rendements. Or, la pandémie a accéléré le développement de la crise économique. Elle préexistait à celle-ci, mais la maladie a eu un effet catalyseur. En désorganisant les chaînes de production, cette situation met en péril les pays dépendant des importations pour leurs denrées alimentaires. Ce sont souvent des pays de monoculture, comme les États dominés d’Afrique ou d’Asie. Ces États produisent pour l’export, et ne sont absolument pas auto-suffisants. Une famine mondiale peut se profiler.
  • Dans l’ensemble des pays touchés, le coût économique de cette crise risque de créer des vagues de chômage immenses. De plus, les différentes bourgeoisie en profitent pour s’attaquer aux droits sociaux, y compris les plus élémentaires. Non seulement elles comptent faire payer la crise aux masses populaires, mais elles escomptent même en tirer profit. Elles ont invoqué une économie de guerre pour justifier que les pertes soient socialisées, tandis que les profits tombent toujours dans la poche des mêmes bandits.
  • La politique de confinement, qui concerne plus de la moitié de l’humanité, accentue les inégalités de classe et les inégalités entre hommes et femmes. Les prolétaires et les femmes en subissent les conséquences les plus néfastes. Désignés « travailleuses et travailleurs essentiels », les prolétaires sont constamment exposés, sans protection, aux risques de contamination. Les femmes subissent de manière accrue la pression des tâches domestiques ainsi que les risques de violence et de viols.

  • Le durcissement de la situation économique se traduit mécaniquement par un durcissement de la situation politique interne aux pays. Déjà dans certains États comme la Hongrie, le spectre du fascisme se fait menaçant.
  • La situation est propice également au développement d’idées chauvines, bellicistes ou réactionnaires. Dans certains États, le racisme décomplexé a frappé. Les étrangers et les étrangères sont accusés de propager le virus. Un climat pogromiste s’installe. Les théories conspirationnistes et les rumeurs les plus folles circulent. Les peurs peuvent être employées comme une épée par les réactionnaires, pour frapper dans l’intérêt des bourgeois et des bourgeoises.

  • L’affaiblissement de certaines puissances entraîne de fait un risque accru de guerre. Nul ne sait, à l’heure actuelle, dans quelle situation seront les États d’occident à la sortie de cette crise. Les choix qui sont faits à l’heure actuelle peuvent les avoir durablement affaiblis. Il ne fait aucun doute que d’autres États en profiteront logiquement. Peut-être pour certaines nations, cela sonne l’heure de la liberté, mais pour d’autres, cela se résumera à un changement de maître. Il y aura certainement des luttes de libération qu’il faudra soutenir, mais également des affrontements inter-impérialistes qu’il nous faut dénoncer et combattre.

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