Qui a entarté BHL ?

 

Mercredi 10 mai, le philosophe -s’il est possible de s’exprimer ainsi- Bernard-Henri Lévy, dit BHL, grand ambassadeur de l’impérialisme français, s’est fait une nouvelle fois entarter. Ce gimmick, tant ce type de désagrément lui arrive de manière récurrente, a eu lieu tandis qu’il présentait son film, Peshmerga, à Belgrade. Une banderole a été, par la suite, déployée, indiquant en anglais “Bernard Levy (sic.) advocate imperialist murders” – BHL excuse les meurtres impérialistes-

L’action a été revendiqué par la SKOJ (Savez komunističke omladine Jugoslavije, Ligue des jeunes communistes de Yougoslavie), organisation de jeunesse liée au NKPJ (Nova Komunistička Partija Jugoslavije, Nouveau parti communiste de Yougoslavie).

D’abord stoïque, la force de l’habitude, le philosophe de l’ingérence est cependant sorti de ses gonds face à la banderole du SKOJ, les invectivant avec brusquerie. Sur les réseaux sociaux, BHL s’est empressé d’associer cette expression politique avec les guerres de Yougoslavie qualifiant les jeunes communistes serbes de « nostalgiques de Milosevic », les accusant de collusion avec le pouvoir autoritaire serbe. Récemment, l’arrivée aux affaires d’Alexandar Vucic, ancien ministre de l’information sous Milosevic, s’est en effet traduite par une restriction des libertés, notamment de la presse. BHL associe les jeunes militants communistes à ce régime, dans une tentative de salir leur engagement.

Celui-ci affirme également que « l’agression » dont il a été victime est une réponse à ses prises de position, favorables aux musulmans bosniaques, durant la guerre civile de 1991-1995.

Renvoi au régime de Milosevic, accusation indirecte de soutien aux nettoyage ethnique, BHL excelle encore une fois dans l’art de la calomnie.

Les militants en cause -n’en déplaise à BHL- n’ont cependant rien à voir avec les forces politiques traditionnelles de Serbie, que ce soit les nationalistes repentis de Vucic, les démocrates pro-occidentaux, ou la vieille garde ultra-nationaliste, pro-russe, de Vojislav Seselj. Ils sont issus du camps du peuple, de la lutte, du progrès.

La SKOJ, et par extension, le NKPJ, se revendiquent du marxisme-léninisme. Ils dénoncent la trahison titiste, le révisionnisme, ainsi que la xénophobie et le nationalisme. Ils sont une force de progrès dans un pays ravagé par les conflits interethniques, mis à genoux par l’impérialisme.

Impérialisme dont BHL se veut effectivement l’avocat, lui qui, lors des bombardements de Belgrade de 1998-1999, avait déclaré que la ville aurait due être bombardée 8 ans plus tôt, dès l’éclatement de la fédération Yougoslave, en 1991.

1991 marque, en effet, la chute du régime légué par le maréchal Tito. “Inventeur” de ce socialisme autogestionnaire, si beau aux yeux de l’occident et d’une partie de l’extrême gauche. Socialisme autogestionnaire que Enver Hoxha, le dirigeant de l’Albanie socialiste, avait défini comme « le morcellement de la propriété étatique socialiste en propriété de groupes particuliers de travailleurs, qui l’administrent soi-disant directement. » Dans les faits, le modèle titiste n’a eu de cesse que de creuser sa propre tombe, d’entretenir des rapports capitalistes, une forte concurrence intérieure, faute de planification. Cette concurrence, cette inégalité de développement, a été la base des dissensions entre nations, lesquelles ont mené aux terribles guerres yougoslaves. Elles ont mené aussi au dépeçage de la Yougoslavie, à son morcellement en parts de marché, négociées par les puissances impérialistes.

Le NKPJ dénonce le démantèlement de cette dernière non pas comme le résultat d’une lutte de libération nationale, non pas comme une avancée vers l’affirmation de nouvelles nations, mais comme le partage d’un gâteau par des bourgeoisies compradores, agitant le drapeau du chauvinisme tout en se mettant à la remorque des intérêts des impérialistes.

Le NKPJ, loin de se comporter en successeur de Milosevic, se positionne dans une optique de révolution socialiste, et d’union librement choisie des peuples yougoslaves, sur la base d’une égalité, non seulement en droit, mais réelle. Elle forme l’une des rares forces politiques soutenant cette position.

Ce programme politique n’a rien de commun avec la caricature du pseudo-philosophe, dont la simple présence à Belgrade est une insulte faite à un peuple encore meurtri par la guerre impérialiste.

D’autant que son film, Peshmerga, mérite un petit détour. Ce film documentaire est une ode, avant tout, à la gloire de son auteur, dont le narcissisme ne connaît aucune limites. Mais il est également une glorification des troupes de Barzani, du Kurdistan Irakien.

Barzani est titulaire d’un exploit personnel, il est le seul individu qui ait réussit à faire parler de Kurdistan au président-dictateur de l’Etat turc, qui est même parvenu à lui faire hisser son drapeau. Ceci serait a applaudir à deux mains, si cela ne camouflait pas un marché de dupes.

Les dirigeants des Peshmerga ont abandonné à plusieurs reprises les combattants du Rojava, les laissant seuls face à Daesh, n’hésitant pas non plus à être les exécutants des basses œuvres des occidentaux et du gouvernement turc.

Ce documentaire respecte une loi quasi-immuable : ceux que BHL applaudit sont généralement des agents de l’ennemi.

L’Unité Communiste de Lyon considère que tout ce qui contribue à dénoncer le laquais de l’impérialisme français BHL est un acte positif. Elle accorde son soutien aux forces qui luttent pour l’indépendance, contre la domination impérialiste et criminelle.

En chemise ouverte, en costume, en treillis, tous les agents de l’impérialisme sont les ennemis de l’humanité.

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