Pour une écologie totale.

49,5 C° au Canada. Une température invivable, qui cause plusieurs centaines de mort par jours. A Vancouver ou a Portland, villes plutôt tempérées, le mercure est monté à 20 C° de plus que les normales saisonnières. Les routes se fissurent, le ballast des voies de chemin de fer fond, les peintures cloquent et les gens souffrent. Des centres de rafraîchissement s’ouvrent dans le pays, pour tenter de compenser cette situation.

49,5, un record de température absolu, au dessus même du record détenu dans une ville d’Amérique du Nord, à Las Vegas, dans le désert du Nevada. Des chiffres terrifiants, mais un record qui ne durera pas.

Si le réchauffement climatique n’a pas causé directement ce blocage atmosphérique, il amplifie démesurément les phénomènes climatiques extrêmes. Il est ainsi responsable de l’appel d’air polaire qui a touché le Texas au printemps, mais également des tornades en Europe. L’entropie, la tendance au chaos, se développe.

Dans un précédent article, nous évoquions ce climat mauvais, tant physique que politique. Mais une réalité saute aux yeux.

Une nouvelle ère s’ouvre : celle des changements climatiques majeurs.

Pendant longtemps, l’écologie a été traité publiquement comme une lubie. Elle était vue uniquement sous un angle de protection patrimoniale de la nature, avec la mise en avant d’espèces animales symbole, comme le Panda, le Tigre de Sibérie ou le Rhinocéros blanc. La VIe extinction de masse est une réalité, mais nous avons même dépassé cette étape. La question se pose désormais sur la possibilité pour l’humanité elle même de se maintenir. Avec la publication du nouveau rapport du GIEC, nous savons que les réductions jugées nécessaires et vitales n’ont pas été atteintes. Nous faisons face aux conséquences de nos inconséquences.

Aujourd’hui, faire face au dégâts du passé et du présent est une question d’avenir. Une question centrale, cruciale. A l’ordre du jour, c’est la lutte pour protéger les moyens de vivre et même de survivre. Parler d’écologie, aujourd’hui, c’est parler de la lutte pour la survie de l’humanité. Car la planète, les écosystèmes, la nature, survivra. Nous, en tant que civilisation, en tant qu’espèce, non.

Il faut le dire, nous sommes la première génération à nous poser la question de notre survie en tant qu’espèce. Par le passé, la peur des maladies et des famines étaient des peurs qui concernaient un village, un pays, un continent. La peur du feu nucléaire, pendant la Guerre Froide, était la peur d’un holocauste déclenché par la folie militaire. Mais aujourd’hui, c’est l’activité « normale » de notre société qui creuse notre tombeau.

La lutte pour l’écologie devient une lutte à mort, avec d’immenses obstacles.

Pourquoi parler d’écologie totale ? Car, trop souvent, les courants écologistes se limite à effleurer le problème. Ils le limitent à l’initiative individuelle et au volontarisme. Cette action, positive, irremplaçable elle aussi, n’en est pas moins entravée et limitée.

Elle s’intéresse à la consommation et aux modes de vies. Donc à des aspects du problème qui, si nous étions réellement libres de nos choix, pourraient suffire. Mais notre mode de vie est il libre ? Non. Il est étroitement dicté par un système économique coercitif, écrasant, qui nous impose des choix.

Dans la course au profit maximal, dans la course à l’argent, au capital, à la concurrence, ceux et celles qui possèdent les moyens de production ont un pouvoir immense. Tandis que eux se goinfrent de profits (et d’ailleurs les 1 % les plus riches émettent 66 fois plus de CO2 que les 10 % les plus pauvres) ils imposent des salaires de misère à de très larges pans de la société, voire du monde. Pour ceux-ci, l’écologie se traduit soit par des sacrifices, soit par une simple impossibilité de faire autrement. Voitures polluantes, aliments transformés et hyper-caloriques…En somme, il faut tenir jusqu’au lendemain, même si celui-ci est toujours plus exposé à des conditions dramatiques.

Les pays du Nord ont d’ailleurs beau jeu de critiquer la Chine ou l’Inde pour leurs choix énergétiques : ces pays produisent pour eux, sous leurs ordres et leurs commandes. Ils produisent pour leurs marchés. C’est la pollution des riches qui se transfère là encore vers les plus pauvres.

Les exploiteurs n’exploitent pas que les hommes, les femmes, les enfants. Ils exploitent, surexploitent, la nature. Leur attitude de prédation vis-à-vis des ressources naturelles est simple : soit ils l’exploitent, soit, s’ils ne l’exploitent pas, ils courent le risque de voir d’autres le faire. Prisonnière de ce « dilemme du prisonnier » constant, la bourgeoisie, en guerre contre elle-même, ravage tout. Ils ont sûrement conscience des dégâts qui sont causés, mais ils se défaussent de leurs responsabilités, et le poids de cette guerre entre cliques est tel qu’elle les contraint à ravager toujours plus.

Et lorsque des lois sont prises, soit ils s’arrangent pour qu’elles soient payées par les autres, par les plus pauvres, qui doivent encore ronger sur leurs petits revenus, soit ils les transgressent allégrement.

Quant aux miracles de la géo-ingénierie et des ruptures technologiques, comme la voiture électrique, c’est le serpent qui se mord la queue : il faut des terres rares, des matériaux précieux, polluants à extraire. Cela entraînera aussi un nouveau partage par la force du monde. Notre électricité vient de notre domination des mines du Niger. Nos matériaux précieux sont responsables de la guerre du Congo. Pour le Coltran, on estime que 607 000 personnes ont perdu la vie. La réalité est qu’il n’existe aucune quadrature de cercle, aucun miracle possible sous le capitalisme.

D’ailleurs le capitalisme et ses relais politiques sont fondamentalement hostiles à l’écologie réelle. C’est un argument qui revient sans cesse : des discours qui fustigent déjà la moindre piste cyclable, l’abandon d’un aéroport, les changements d’énergie. Cette écologie serait contraignante, punitive. Les partis les plus démagogiques, les plus répugnants, tels les Patriotes de Florian Philippot, qui essaie d’exister en faisant campagne contre les mesures de santé publique, se revendiquent de l’anti-écologie.

Pour eux, l’écologie est même, c’est la le terme qui revient toujours davantage, totalitaire. C’est également le fond de la pensée des franges les plus réactionnaires du grand patronat. A leurs yeux elle est totalitaire car, pour la première fois de leur existence, ils sont contraints. Eux qui échappent à la loi, à la justice, dont les dynasties ont traversés les guerres sans perdre plus que quelques plumes, ils rejettent l’idée qu’on puisse brider leur style de vie, leur goût du luxe, et, surtout, leurs profits.

Le fil du rasoir.

Ont-ils vraiment tort ? Toute solution écologique ne peut être que intégrale et totale, c’est à dire concerner l’ensemble de la société et s’appliquer à toutes et tous, sans passe droits. Les fascistes de l’Action Française ont employé ce mot dans leur propagande. Derrière, c’est le néant. Pour eux, cette intégralité consiste en un repli localiste, en des solutions de petite échelle, passéistes, minables. L’Église catholique, par la voix pontificale, en a donné une définition plus juste. Celle d’une solution universelle qui englobe l’humanité. Mais notre vision à nous est différente encore. Elle est universelle, elle aussi, mais surtout elle est populaire et démocratique. Enfin, elle doit tracer la voie vers un avenir pour l’humanité qui ne soit pas juste une contemplation, mais bien quelque chose de supérieur.

La clé du contrôle n’est pas la consommation mais la production. Et ce contrôle passe par un contrôle politique absolu, réalisé par les pans les plus larges de la société, et particulièrement, centralement par ceux et celles qui n’ont rien à gagner à l’exploitation des autres : les exploités. d’avoir notre vie entre les mains de personnes qui nous mettent constamment en danger par leurs frénésie de profit.

Cette souveraineté populaire absolue, qui est au centre de l’œuvre de Rousseau, est la seule voie pour permettre de diriger réellement l’économie. Et même de l’abolir ! Nous ne pouvons accepter

Pour Marx, le communisme n’est pas une nouvelle économie, c’est, au contraire, la fin de l’économie. A l’exploitation forcenée des ressources naturelles et des hommes doit répondre un nouveau mode d’organisation. A cela, Marx substitue un système de gestion des richesses, lesquelles sont produites de manière planifiée en tenant compte à la fois des besoins matériels et culturels de la population, mais également de la capacité de régénération de la Terre et de son écosystème. Au lieu d’une exploitation maximale, c’est une harmonie qui est mise en place entre l’Homme en tant qu’espèce et la nature. C’est l’intégration de l’humanité dans un espace que la dépasse, et vers lequel elle a une responsabilité : la biosphère. L’ensemble des écosystèmes, la sphère de la vie.

Nous pouvons non seulement stopper la machine infernale, mais nous pouvons aussi dessiner un avenir positif.

Il est devenu presque grotesque de parler d’avenir. Pourtant, nous pouvons en présenter un qui ne soit pas une dystopie fasciste ou une catastrophe. Nous pouvons être porteur de cet avenir.

Cela ne signifie pas moins de richesses matérielles ou culturelles pour la très large majorité de la population mondiale, et même des pays riches. Cela signifie mieux : des objets durables, des produits sains, une culture qui ne repose plus que sur des injonctions à la possession.

Une reconfiguration des réseaux de transport, des manières de produire et des manières de vivre. Retrouver une vraie liberté, celle ne plus être soumis à des injonctions à posséder des choses qui nous possèdent.

Le capitalisme a fait de la possession d’objets d’apparat un marqueur social de la réussite. Or, ce sont de bien piètres palliatifs à la vraie richesse et le véritable épanouissement : celui de l’interaction sociale, de l’interaction avec la nature, de la Culture avec une majuscule, de possessions utilitaires qui échappent aux obsolescences programmées. La possibilité d’investir largement dans la recherche, de libérer les cerveaux, d’avancer ensemble, vers l’avenir. Un avenir qui se dessine aussi par la possibilité de quitter notre berceau terrestre.

En somme une vraie liberté : celle de la fin de cette angoisse de l’anéantissement par notre rapacité.

Une longue route nous attends. Mais nous devons l’arpenter. Nous devons être organisés, soudés, prêts à faire face à ces défis d’avenir. Ceux et celles qui veulent faire ce chemin avec nous peuvent venir travailler avec nous et nous rejoindre ! Ensemble, élaborons un programme d’avenir ! Nous avons besoin d’une écologie totale, mise en œuvre par une souveraineté populaire absolue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *