Les communistes en France et les tâches de la période

Communiqué unitaire d’Unité communiste et de Reconstruction communiste

Le mouvement communiste en France est faible. Ce constat est partagé par la totalité des organisations qui se réclament de la reconstruction d’un Parti Communiste en France. Cette faiblesse est loin d’être uniquement liée au nombre de militants et militantes communistes, elle s’exprime également dans les positionnements, les orientations et dans l’activité des organisations communistes en France. Ce n’est pas par cynisme que nous faisons cet état des lieux mais au contraire car nous pensons que la lutte pour le communisme doit d’abord passer par une analyse lucide et sans état d’âme de ce que nous sommes.

Nous pensons que des maux qui affligent notre mouvement, le réformisme et ses variantes constituent le principal obstacle. Si nous pensons que les organisations trotskystes, majoritaires dans le milieu communiste, mènent à des impasses, ce n’est pas par volonté de rejouer des débats centenaires, mais parce que leurs orientations plafonnent à l’économisme et à l’opportunisme. De la même manière, de nombreuses organisations se proclamant marxiste-léniniste mènent des politiques purement suivistes de la CGT. L’opportunisme exprimé par la formule « Perdre en substance pour gagner en surface »1 n’est pas le seul fait du NPA et de ses descendants, mais est également la toile de fond de toutes les pratiques économistes et suivistes sclérosant notre milieu. Dans cette période difficile pour le mouvement révolutionnaire, incapable de jouer un rôle politique de premier plan, la tentation est grande de diluer son discours dans les luttes démocratiques sur des thèmes comme l’écologie, l’antifascisme, le féminisme ou les luttes LGBTI, ou encore de se contenter d’un militantisme syndical ou parasyndical avec des mots d’ordre sur l’augmentation des salaires. Si ces luttes sont bien sûr à mener activement et font partie des tâches des communistes, la dissolution de notre activité et de nos mots d’ordre dans la poursuite irréfléchie de ces tâches n’entraîne que notre propre dissolution politique. Toutes ces interventions sont des moyens pour reconstruire un Parti Communiste mais ne sauraient devenir le prisme par lequel nous orientons toute notre activité.

Ces tendances sont exacerbées par le changement de contexte dû à la crise de l’impérialisme français et à la montée de la Réaction. Ces phénomènes exercent une forte pression poussant au mouvementisme et à la dissolution dans l’aile gauche de la social-démocratie, l’alignement d’une partie du mouvement communiste sur le Nouveau Front Populaire en étant la dernière illustration.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des militants et militantes de valeurs ou des positions politiques justes dans ces organisations. Cela ne veut pas non plus dire qu’aucun travail commun n’est possible avec ces organisations. Bien au contraire, lutter contre le sectarisme dans le mouvement communiste doit d’abord passer par la critique ouverte des positions de chacun.

Pour le mouvement communiste en France, la période est pourtant dense, la phase de recomposition depuis 2008 se poursuit et les scissions-fusions-créations d’organisations continuent à un rythme régulier. Pourtant aucune organisation ne dépasse le stade groupusculaire. Cela n’est pour nous pas une fatalité. L’engagement communiste en est d’autant plus nécessaire. Mais l’engagement que nous cherchons à créer ne saurait être un militantisme prenant la forme d’un feu de paille de quelques années avant de tomber dans la passivité. Nous visons une transformation radicale de la société et le militantisme que nous proposons doit donc s’inscrire dans le temps long. Les maigres forces du mouvement communiste doivent le pousser à orienter son activité sur nos tâches principales.

Nous analysons conjointement le renforcement des organisations communistes comme la tâche principale de la période, nos interventions dans les luttes démocratiques et économiques en sont les moyens mais ne peuvent devenir les fins de cet objectif premier. Notre objectif est la formation de militants et militantes, de cadres communistes capables d’intervenir dans la lutte des classes. Ce renforcement ne doit pas être uniquement envisagé du point de vue de l’accumulation quantitative, elle joue bien sûr un rôle central mais ne peut être faite au prix de la qualité de l’organisation que nous souhaitons construire.

Le renforcement des organisations communistes et la formation de cadres communistes doivent selon nous aussi être un renforcement et une formation idéologiques. La reconstruction d’un Parti Communiste est impossible sans la reconstruction de son idéologie révolutionnaire. Pour cette raison, nous insistons sur l’importance de la lutte idéologique dans le mouvement communiste. Nous pensons que la lutte idéologique, loin de justifier les attitudes sectaires, est la base qui rend possible toute unité saine et constructive.

Nos organisations ne sont pas étrangères aux dynamiques que nous décrivons, ni exemptes de défauts qui nous sont propres. Mais la critique seule ne peut amener le changement souhaité, c’est pour cela que nous militons jour après jour pour construire le mouvement communiste puis le Parti Communiste dont nous avons besoin. Ainsi nous souhaitons incarner, à notre manière, une politique différente. Ce communiqué unitaire est le premier d’un travail commun que nous entamons.

1 Formule de Daniel Bensaïd préfigurant la formation du Nouveau Parti Anticapitaliste.

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