Attaque fasciste à Lyon : le néant en action.

Dans la nuit du 19 au 20 décembre 2019, un groupe de fascistes ont attaqué un bar des pentes de Croix-Rousse. Casqués et armés, ils s’en sont pris à la façade, aux clients et clientes, pour ensuite, une fois leur raid accompli, s’enfuir. Le bar, la Pinte Douce, donnant sur la place Colbert, a été saccagé.

Ce raid n’est pas un acte isolé, mais s’inscrit dans une stratégie d’attaques menées par les fascistes dans le quartier. Ces attaques ont pour but d’instiller un climat de peur sur la colline qui était, auparavant, vu comme un sanctuaire. Par le passé, plusieurs attaques ont eu lieu, avec des configurations différentes. La Plume Noire, local de la CNT à Lyon, mais aussi le local du PCF du 4e arrondissement de Lyon. Le plus souvent, cependant, ces opérations coup de poing avaient lieu tard dans la soirée, lorsque les fascistes, éméchés et cocaïnés, cherchaient quelques traînards ou quelques traînardes à agresser. Les pages de gloire de ces apprentis croisés s’écrivent ces soirs-là.

Dans leur communiqué, publié sur Ouest-Casual, les fascistes s’exclament : « Encore une fois, la jeunesse lyonnaise prouve que l’antifascisme n’est qu’un ramassis de mouilles, à peine bon à impressionner l’étudiante en socio pendant leur manif ou à parader en pleine nuit tel des blattes. Jamais rien de concert (sic.) dans la rue. »

Il est amusant de voir que, alors que la très large majorité des actions et des événements politiques de la part des progressistes et des révolutionnaires sont publics, ouverts à toutes et tous, et annoncés librement, les fascistes n’agissent qu’en catimini. Leurs diffusions de tract sont des exploits, et lorsqu’ils écrivent que Croix-Rousse est « ce quartier bourgeois où l’extrême-gauche a ses habitudes. », ils avouent quelque chose. Eux-mêmes se permettent de se balader dans le 5e ou à Croix-Rousse justement parce que ce sont ces « quartiers bourgeois ». Les quartiers populaires, où nous pouvons aller sans problème, sont pour eux des terres inconnues.

Ces attaques, d’ailleurs, échouent à atteindre cependant leur objectif. Certes, profitant de l’attitude conciliante de la mairie, de la police ou de la justice, il leur est possible de mener leurs actions, mais ils ne sont nulle part en mesure de s’imposer comme des forces hégémoniques. Dans le 5e comme ailleurs, ils sont vus comme des agresseurs ou comme une force occupante. Nulle part la population ne se rallie à eux. Ils sont des corps étrangers dans une ville qui les rejette.

L’attaque organisé par les fascistes à Croix-Rousse est révélatrice du vide complet et de l’inutilité de ses auteurs. Tandis que tout le monde lutte et se bat contre la destruction de l’environnement, contre la casse des droits sociaux, contre les politiques réactionnaires, une poignée de “croisés” trouve sa lutte ici.

Désespérés d’exister autrement que pour attirer l’attention, leur pinacle de l’efficacité est résumée là : casser des vitrines de bars.

Lors des dernières dégradations commises contre le local du PCF, les auteurs ont été appréhendés. Devant les juges, ces fils de bonne famille ont tombé le masque du soldat de la légion de damnés. Ils ont revêtu alors celui de la pleurnicherie, demandant la clémence du tribunal, priant pour qu’une condamnation d’entâche pas leur avenir.

Dans le même ordre d’idée, les courageux guerriers qui, un soir de la Saint-Valentin de 2014, ont poignardé plusieurs jeunes dans les rues de Saint-Jean, n’ont eu de cesse de se balancer les uns des autres. Courageux dans l’écrasement, larmoyant devant la justice. Il serait tout aussi aisé de parler de Fiorina Lignier éborgnée par un tir de flash-ball, qui, auparavant, priait devant des croix-gammée et qui n’assume pas aujourd’hui son nazisme en public.

Ou un « Damien Rieux », « prolétaire » de la banque, qui s’en prend à ceux qui fuient la guerre depuis un hélicoptère loué à grands frais. Un Alain Bonnet de Soral, nobliaud protégé par le parquet de Paris, n’est qu’un mercanti, un boutiquier, un petit commerçant.

Ces portraits, pour reprendre la formule d’Eugen Kogon, rescapé de Buchenwald, « se ressemblent comme un fruit pourri en ressemble à un autre ». Bourgeois ou nobliauds, petits seigneurs, petits princes, vomissant leur xénophobie et leur racisme.

Leur origine de classe les trahit bien souvent et trahit leur rapport à la politique marquée par le manque de sincérité. Tout comme les anciens du GUD ou d’Occident, ils ont une jeunesse de pseudo-rebellion, avant de trouver leur place dans la bonne bourgeoisie ou dans les organisations « modérées » comme LR. De ce point de vue là, nous retrouvons également des éléments de ce type dans la frange la plus radicale du gauchisme. Un Cohn-Bendit n’est que la version « de gauche » d’un Devedjan ou d’un Longuet.

Quant à leurs actions en tant que groupe, elles révèlent leur vraie nature de classe.

A Strasbourg, l’Action Française est venue débloquer les lycées et attaquer les blocages. Dans le mouvement des Gilets Jaunes, les fascistes ont systématiquement entravé et saboté toutes les tentatives d’organisation autonome de ceux qui luttaient. Ils ont continuellement œuvré pour détourner la colère populaire dans des impasses : contre le « pacte de Marrakech », mentant pour en aggraver le contenu. L’UPR ou d’autres organisations réactionnaires ont nié la responsabilité du capitalisme et de la bourgeoisie de France pour ne pointer qu’une hypothétique responsabilité de l’Union Européenne.

Au Mans, un groupe équipé avec “des casques, des masques, des gants coqués, des matraques télescopiques et des foulards royalistes” s’en est pris à tous les bars gay-friendly du centre ville. Revendiquée par leur page Ouest-Casual, cette page de gloire montre les priorités de leur mouvement : s’en prendre aux minorités, qu’elles soient culturelles, sexuelles ou ethniques. Les questions sociales ne les intéresse pas. Et pour cause, ils sont socialement du côté de la bourgeoisie. L’élue LREM Agnès Cerighelli, qui partage le même fond que ces gens, ou le RN Messiha l’illustrent pleinement quant à leur position vis-à-vis de la grève. Devant le refus de la part des syndicats et des mobilisé·e·s de céder aux injonctions hypocrites sur Noël, ces sinistres agents de la calomnie proposent une explication complètement aberrante. Leur explication de la lutte sociale, d’une lutte menée pour défendre pied-à-pied les droits sociaux, frise la conspiration : Ce serait l’islamisation de la CGT qui, du coup, ourdirait un complot pour saboter le Noël des Français.

Aujourd’hui, le Rassemblement National a montré qu’il n’était pas capable de prendre position d’une manière simple. Quand la question lui est posée directement sur savoir si l’organisation soutient la grève, les seules réponses furent des bafouillements honteux. Coincé entre la base anti-communiste, anti-sociale du RN et la volonté de se placer comme le « premier parti ouvrier », celui-ci fait dans la demi-mesure. Ce moyen terme les a toujours suivis, comme vis-à-vis de la question du SMIC ou par rapport aux violences policières. Ce moyen terme bloque d’ailleurs la possibilité d’évolution du RN et les condamne a n’être qu’une organisation de boutiquier, de parasites, dominés par une dynastie qui vit de rentes et de la traite des vaches à lait que sont les adhérents et adhérentes.

Anecdotique, mais significatif, l’attitude ambivalente de la part des fascistes avec leurs homologues islamistes de Daesh. Idéologiquement, ils sont les deux faces d’une seule et même pièce. Ce n’est pas un hasard si ce sont des fascistes comme Hermant qui vendirent des armes aux terroristes de Charlie Hebdo, tout comme qui ont négocié pour le compte de Lafarge avec Daesh. Entre obscurantistes et réactionnaires, il est possible de s’entendre sans problème.

Dans le fond, derrière les étiquettes différentes et variées, on retrouve un même contenu. En dépit de leurs prétentions d’être du côté du peuple, ils agissent toujours, systématiquement, contre ses intérêts. En instillant la défiance entre les origines, entre les croyances, entre les syndiqués et non-syndiqués.

Les fascistes n’ont aucune place dans les luttes. Ce n’est pas qu’une déclaration de principe, c’est un fait. Ce ne sont que des agents de la division, des alliés objectifs de Macron. Leur discours patriotique, nationaliste, sonne creux.

En fait de patriotisme, de nationalisme, ce sont des traîtres dont la seule et unique visée est de livrer pied et point liés les travailleurs et les travailleuses à leurs premiers bourreaux : la grande bourgeoisie française, les Dassaut, les Arnault, les Pinault. En réalité, ces groupes jouent un double jeu. Ils rêvent d’un peuple enrégimenté. D’un peuple asservi, dévoué, fanatique dans la défense d’un hypocrite intérêt national, qui n’est en réalité que l’intérêt des mêmes parasites sociaux.

Nous exprimons notre solidarité envers tous ceux et toutes celles qui ont subit la violence fasciste. Nous exprimons à nouveau notre solidarité envers ceux qui ont pu subir la violence des fascistes, organisés ou non.

Nous pensons que les conceptions différentes de l’antifascisme qui peuvent exister, dans le monde, en France comme à Lyon, ne sont pas antagoniques, mais sont complémentaires. Nous appelons à l’unité la plus large, sur la base d’une autonomie de classe, sur la question de l’antifascisme. Nous n’acceptons pas que ceux et celles qui ont joué sur leur terrain confisquent l’expression de l’antifascisme populaire.

Ensemble, unissons nos forces et ripostons aux fascistes sur tous les plans. Intellectuel comme organisationnel. Chassons-les de nos luttes, chassons-les de nos quartiers, chassons-les de nos vies !

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