Tenir la rue

I. État des lieux

En quelques semaines, l’actualité française a été ponctuée de deux meurtres racistes, d’attaques de commandos fascistes, d’une marche néonazie, et de déclarations racistes par le ministre de l’Intérieur, qui a dans le même temps lancé la dissolution de l’un des plus importants collectifs antifascistes, la Jeune garde, ainsi que du collectif de solidarité Urgence Palestine. La France des fachos met en pratique sa doctrine idéologique.

Mais revenons sur un fait qui a marqué l’actualité de la gauche il y a peu de temps, le défilé du C9M (Comité du 9 mai) qui s’est déroulé le samedi 10 mai 2025 à Paris.

Ce défilé annuel en hommage à un militant d’extrême droite mort lors d’une fuite de la police il y a plusieurs années, a rassemblé environ 1 000 militants et militantes de ce que l’extrême droite fait de plus radical. Un mélange de pétainistes, de fascistes, de nationalistes révolutionnaires, des cathos intégristes ou des néonazis plus portés sur le paganisme, venant de toute la France, mais aussi de plusieurs pays européens.

1 000 militants et militantes dans un défilé clairement néonazi, alors que l’année précédente ils étaient environ 800 selon les médias. Cela reste un chiffre très faible pour un événement majeur du milieu nationaliste. Si cette marche a impressionné, c’est n’est donc pas par son nombre de participants et participantes, mais par la discipline du défilé, et les références nazies arborées explicitement.

Une multitude de drapeaux à croix celtiques, représentant la suprématie de la race blanche, symbole de ralliement de l’ultradroite mondialement reconnu, plus passe-partout que des croix gammées mais dont la portée politique est globalement la même, et d’autres références nazies bien visibles, comme des tambours en tête de la marche, identiques à ceux des jeunesses hitlériennes historiques. Mais surtout, des militants et militantes en rangs, marchant silencieusement et de manière coordonnée sur le rythme lugubre des tambours.

Aucun doute possible sur le caractère de cette marche, ni sur les idées politiques de ses participants et participantes. « Participantes », car même si ce milieu est essentiellement masculin, de nombreuses femmes étaient présentes et bien mises en avant. Cette démonstration de force voulait envoyer un message à la France : « nous sommes de retour ».

Les médias bourgeois, d’habitude si zélés pour chercher des signes d’extrémisme ou d’antisémitisme dans les manifestations de gauche, et dénoncer le climat d’ultraviolence, voire de guerre civile quand quelques adolescents ou adolescentes révoltés en marge des cortèges dégradent des vitrines de banques, n’ont rien trouvé à redire à un défilé nazi en plein Paris le lendemain des commémorations de la libération de la France. Les sionistes qui instrumentalisent l’antisémitisme pour diffamer tout et n’importe qui a rapport avec la cause palestinienne ou la gauche, sont restés bien silencieux et silencieuses face à 1 000 nazis défilant dans la capitale.

Si cette marche a outré les passants et passantes parisiens et parisiennes, et si la majorité des commentaires sur internet relevaient d’une juste indignation, on ne peut qu’observer la naïveté et la mollesse que ce genre de réactions suscite. D’ailleurs, pour la grande majorité des réactions venant de la gauche, c’était un sacré but contre son camp de reprocher à ces nazis d’avoir défilé le visage masqué. Préserver son anonymat en défilant masqué est la base de la sécurité lorsque l’on veut éviter de se faire ficher trop facilement par nos ennemis politiques ou par l’État, mais les gens qui n’ont pas d’engagement politique subversif sont loin de comprendre de telles évidences. Une neutralité et un citoyennisme naïf, comme un gilet jaune avant sa première charge de flics.

II. Quel danger ?

Au-delà de cette quasi non-réaction du système politico-médiatique, démontrant une certaine complaisance, le phénomène le plus inquiétant a été les très nombreux commentaires de soutien à cette marche venant de comptes d’extrême droite, mais aussi de personnes de droite plus lambdas, non militantes. Tous ces profils qui se revendiquent du patriotisme afin de passer pour des modérés ont largement soutenu cette marche en sachant très bien qu’elle était nazie, jetant à la poubelle le peu de gloire de l’histoire de la France, lorsqu’elle était résistante.

Les mêmes genres de profils qui s’offusquent de la présence de drapeaux palestiniens et de l’absence de drapeaux français dans les manifestations de gauche n’ont rien trouvé à redire devant l’omniprésence des drapeaux noirs fascistes de cette marche.

Cela ne trompe plus personne, ces gens de la droite modérée ne supportent pas que la gauche affiche sa solidarité avec un peuple du Moyen-Orient, même à l’heure d’un génocide soutenu activement par la France et l’Occident à travers ses relations diplomatiques, commerciales et militaires avec Israël. Ces gens sont donc des supporters passifs d’un génocide contre une population qu’ils perçoivent comme arabo-musulmane. C’est la même logique que lorsque la droite et l’extrême droite avaient soutenu financièrement le policier qui avait exécuté le jeune Nahel. Les mêmes qui inondent internet de commentaires racistes, appelant au nettoyage ethnique des banlieues et au massacre des gauchistes par un pouvoir militaire.

Même si la société française ne vire pas majoritairement dans le fanatisme d’extrême droite, et bien que les fachos soient nombreux dans les urnes et sur les réseaux, mais quasi inexistants dans les organisations activistes radicales, le phénomène reste suffisamment massif pour constituer à terme une menace directe non seulement pour la gauche, mais également pour toute personne ne faisant pas partie du projet de suprématie masculine blanche et de l’ordre bourgeois. Car c’est bien de cela dont il s’agit : une collaboration de classe, des travailleurs et travailleuses d’Occident suffisamment privilégiés qui soutiennent activement les politiciens bourgeois véreux du RN et les projets civilisationnels réactionnaires portés par des milliardaires, par intérêt personnel et égoïste. Accuser la collègue musulmane, le voisin au RSA ou la nièce féministe, plutôt que le Medef.

Nous savons que la bourgeoisie se radicalise et fait progressivement tomber le masque démocratique. Partout sur la planète, l’extrême droite la plus violente a toujours été soutenue et grassement financée par les franges les plus réactionnaires de la bourgeoisie.

Mais si l’esprit petit-bourgeois pacifié de beaucoup de Français et Françaises les empêche de prendre part activement à de l’activisme radical (qu’il soit d’extrême gauche ou d’extrême droite), il y a aussi toute une frange de la jeunesse blanche périurbaine ou rurale qui n’a pas connu de parcours universitaire et la culture des grandes villes qui va avec, provoquant un sentiment de déclassement identitaire.

Face à un progressisme culturel qu’ils perçoivent comme un élitisme de la ville sur la campagne, ils choisissent de se réfugier dans une culture conservatrice mise en avant par des influenceurs et influenceuses d’extrême droite qui flattent un mode de vie beauf et machiste, qui constitue pour eux une résistance face à l’évolution de la société. Plutôt que de développer des cultures alternatives à la culture dominante comme cela se faisait autrefois, ces jeunes hommes choisissent de faire de la défense de la culture dominante une contre-culture face au progrès social. C’est comme ça que de jeunes hommes blancs à peine sortis de l’adolescence passent du rôle de frustré sexuel (parce que biberonnés aux pires normes patriarcales) à milicien criminel investi d’une mission décivilisatrice brutale. Du rejet de l’égalité sociale au masculinisme accompagné d’un racisme ordinaire, ces jeunes peuvent très vite se radicaliser en se forgeant une idéologie au gré des influenceurs et influenceuses de droite puis d’extrême droite, pour enfin finir dans les rangs des organisations nationalistes révolutionnaires avec une fascination pour le militarisme et les armes de guerre, ainsi que la pratique de la musculation, des sports de combat, et du maniement d’armes à feu.

S’il n’y a que quelques milliers de militants et militantes nationalistes actifs et actives en France, il y a en revanche toute une partie de la population séduite par l’idée d’un renversement de la démocratie, d’une instauration d’un ordre militaire brutal et d’une épuration du pays. Il n’y a qu’à voir le succès qu’ont des influenceurs comme Papacito qui appellent à la guerre civile raciale en permanence, dans une France où des propagandistes sur les médias de la bourgeoisie peuvent faire l’apologie de crimes de guerre et du génocide envers les Palestiniens et Palestiniennes à longueur d’émissions sans aucune sanction. Pendant ce temps, la gauche est systématiquement décriée, caricaturée, et criminalisée pour la moindre prise de position, aussi réformiste et légale qu’elle soit, et la théorie du complot judéo-bolchevique est désormais réhabilitée et utilisée sous sa forme moderne — « l’islamo-gauchisme » — dans les plus hautes sphères de l’État.

Le meurtre sauvage de l’imam Aboubakar Cissé dans sa mosquée, puis très récemment le meurtre par balle de Hichem Miraoui par un terroriste raciste et supporter du RN montrent une chose : tuer des arabes est devenu un acte de légitime défense pour la France raciste. Nous le voyons dans les milliers de commentaires sous les articles de presse qui traitent de ces meurtres, un nombre incalculable de Français et Françaises se réjouissent de cela, minimisent la gravité de l’acte, ou bien le justifient comme une réponse aux attentats islamistes ou aux meurtres de personnes blanches par des étrangers ou étrangères ou par des Français ou Françaises d’origine immigrée. La guerre raciale est actée depuis longtemps dans le logiciel idéologique de ces Français et Françaises radicalisés, armés, galvanisés par le modèle génocidaire israélien, se sentant soutenus par toute la classe politique et médiatique, et qui n’attendent qu’une chose : déclencher un nettoyage ethnique par des meurtres de masse contre les personnes non-Blanches et contre le camp politique progressiste, à l’instar du terroriste norvégien Anders Breivik.

Oui, les nazis existent encore. Oui, ils et elles se développent. Oui, ils et elles ont pour but existentiel de prendre le pouvoir par tous les moyens pour mettre en pratique leurs idées.

Nous voyons ce phénomène de long en large dans des enquêtes, depuis de nombreuses années, nous voyons chaque semaine des signaux alarmants, de nouveaux tabous tomber et des digues sauter. Quand le capitalisme est en crise il n’y a pas de remparts, la démocratie bourgeoise ne protège que la bourgeoisie.

Alors, en tant que communistes et antifascistes, nous qui alertons depuis bien avant la mort de Clément Méric en 2013 lors d’un affrontement de rue avec des néonazis, cela nous fait rire jaune quand des gens découvrent cela seulement en 2025. Mais mieux vaut tard que jamais.

Le peuple de gauche a régulièrement des sursauts de panique face aux affirmations réactionnaires de nos sociétés capitalistes pourrissantes, une petite frayeur, comme une dose d’adrénaline sortant les gens de leur léthargie. Les scores du RN, un milliardaire effectuant un salut nazi, une marche néofasciste dans Paris… mais une fois l’émotion redescendue au bout de deux ou trois jours de polémique dans les bulles des réseaux sociaux, les gens retournent vite à leur consommation quotidienne d’informations anxiogènes mais suffisamment lointaines pour ne rien chambouler dans leur vie.

Les organisations antifascistes n’ont pas vu leur nombre de recrutements monter en flèche, les syndicats ne sont pas sortis de leur routine antipolitique et corporatiste, les habitants et habitantes issus de l’immigration dans les quartiers populaires ne se sont pas massivement auto-organisés politiquement face à la menace raciste pourtant bien réelle, même si, heureusement, les réactions instinctives peuvent se transformer en riposte immédiate et collective face à l’extrême droite1. Dans la France de Macron, la propagande fasciste des médias dominants tourne à plein régime.

Mais à part quelques organisations antifascistes ou antiracistes qui tiennent grâce à la dévotion de leurs militants et militantes, il n’y a pas d’engagement massif à la hauteur du climat politique actuel. Tout au plus quelques milliers d’étudiants et étudiantes ont rejoint les manifestations des grandes villes, chantant des slogans pendant quelques heures.

« Siamo tuti antifascisti ! » est un beau slogan, mais malheureusement nous sommes très loin d’être tous et toutes des antifascistes conséquents et conséquentes. Des plus, ce slogan n’est pas une incantation magique faisant fuir les fascistes.

« No Pasaran ! », mais si les fascistes décident de passer, qui va les arrêter ? La police qui vote RN ? La préfecture et ses laissez-passer pour les nazis ? Les gauchistes des beaux salons, et leurs petits bras, entre deux happy hour ?

L’agression au couteau sur un camarade de la CGT lors de l’attaque du local des travailleurs et travailleuses kurdes à Paris, le 16 février 2025, est une piqûre de rappel sur le but premier des milices fascistes : casser du rouge, ainsi que tout ce qui leur est apparenté de près ou de loin. Clément Méric était le premier camarade tombé dans le combat antinazi d’aujourd’hui en France, il y en aura d’autres.

Alors, actons que les nazis sont là, et qu’ils veulent vous détruire.

Ils le disent, ils l’écrivent, et ils le font dès qu’ils en ont la possibilité et l’occasion. Personne ne sera épargné. Pour autant, adopter une posture de petit lapin aveuglé par les phares d’une voiture qui lui arrive dessus n’est ni digne, ni glorieux, ni une bonne stratégie de survie.

S’il y a bien une chose que l’histoire ancienne nous a apprise, mais également l’actualité pour qui suit les activités de la lutte antifasciste, c’est que les plus virils et agressifs des hooligans nazis peuvent très facilement se transformer en vulgaires sacs de viande froide gisant sur le trottoir. Avec de la volonté, de l’organisation, un peu de préparation physique et mentale, des personnes ordinaires peuvent anéantir des fascistes.

III. Agir en conséquence

On nous dit que le fascisme arrive à longueur de tweets et de réels Instagram, qu’il est même déjà là, mais alors pourquoi la gauche n’entre pas en résistance de toutes ses forces si une menace de mort aussi sérieuse est réelle ? Évidemment, tout le monde sait très bien que le fascisme n’est pas encore là, car le dire signifierait se faire arrêter et torturer dans l’heure. Pour autant, nous constatons chaque jour que la société est poussée par une frange de la bourgeoisie pour virer à l’extrême droite et se vautrer dans le nationalisme et le militarisme. Nous ne pouvons pas prédire à quel moment sera le point de non-retour, ni si un événement particulier peut faire précipiter les choses : un nouvel attentat d’ampleur, une déclaration de guerre nous impliquant directement, ou alors une érosion progressive des droits démocratiques sous les multiples crises, et une division raciale du prolétariat de plus en plus antagonique ? Tout ce que l’on sait, c’est que même sans menace révolutionnaire crédible, la tendance à la réaction des États se renforce, et que le capitalisme ne peut que choisir l’extrême droite pour gouverner dans cette période de crise.

Face à la progression des fachos et à leurs attaques régulières, la gauche rabâche sans cesse ses appels à l’unité de notre camp, à rejoindre les syndicats et les associations de solidarité, incite à voter massivement contre l’extrême droite, mais évite soigneusement la question de l’autodéfense du camp progressiste et de l’affrontement de rue. Rassemblements de soutien après rassemblements de soutien, le nombre de militant et militantes n’augmente pas, les services d’ordre dignes de ce nom n’existent toujours pas, et on compte sur la présence d’antifascistes bagarreurs ou de la police pour protéger les événements. Des slogans, toujours des slogans, mais aucune force de frappe.

Nous savons qu’actuellement, l’extrême droite peut mobiliser une vingtaine de militants violents pour des villes de taille moyenne, et que ce chiffre peut monter jusqu’à 80 ou 100 militants pour de grandes occasions dans les métropoles. Le seul paramètre qui entrave le développement des fachos dans la rue, c’est la pression physique permanente exercée par les groupes antifascistes sérieux et organisés. Cela se traduit concrètement par des parties de chasse en ville, des attaques ciblées sur des événements d’extrême droite, et du cassage de bouches systématique à chaque rencontre avec un facho, instaurant un sentiment d’insécurité pour l’extrême droite dès qu’elle sort dans la rue. Le revers de cette stratégie, c’est que les militants et militantes antifascistes s’exposent en retour à la violence fasciste en permanence, d’autant plus une fois qu’ils et elles ont été fichés, et surtout, ils et elles s’exposent à de très gros risques judiciaires pour chaque sortie qui finit en affrontement.

Mais quand les antifascistes ne sont pas là pour faire le travail, c’est open bar pour les néonazis locaux qui peuvent harceler et agresser à leur guise.

Alors posez-vous la question : votre organisation peut-elle affronter 10 fascistes ? 20 fascistes ? 50 fascistes ?

En tant que communistes, nous devons être à l’avant-garde de la lutte démocratique antifasciste, cela veut dire que nous devons être en première ligne quand les fascistes lancent une attaque.

Le bar de gauche de votre ville s’est fait attaquer par un commando de nazillons ? Le premier acte de solidarité est de lancer une expédition punitive sur les fascistes et de leur faire manger le trottoir. C’est le minimum syndical pour sauver l’honneur.

Notre rôle n’est pas seulement de défendre nos organisations ou nos événements, mais de défendre toute notre classe sociale. Et cette défense ne consiste pas seulement à repousser des attaques de fascistes, mais d’être à l’initiative et de frapper préventivement pour instaurer la peur dans la chair de l’ennemi, par la douleur et les dégâts physiques.

Dans un premier temps, cela refroidira les ardeurs viriles des fachos les moins convaincus, et les fera abandonner. Et pour les plus virulents, ils sauront que leurs prochaines aventures pourront leur coûter cher. Il faut donc entretenir en permanence la dissuasion par la démonstration de force et la punition corporelle.

Des collectifs antifascistes, et notamment la Jeune garde, ont montré la formule à appliquer pour constituer une première ligne de défense : discipline, obéissance à la hiérarchie, hygiène de vie, préparation physique, entraînements collectifs à l’affrontement, élaboration de tactiques efficaces et d’initiatives audacieuses directement contre les fascistes, et développement d’une mentalité pour obtenir la victoire et ne pas flancher au moindre coup dur. Le tout en développant des relations de confiance avec les organisations politiques et les associations locales, ainsi qu’avec les syndicats.

Depuis toujours, la solution réside dans les organisations bien cadrées où les individus s’engagent sincèrement et se soumettent au collectif. Les caprices individualistes, la lâcheté et la fébrilité petite-bourgeoise n’y ont donc pas leur place, offrant ainsi un cadre politique sain et efficace.

Il faut ce renouveau salvateur pour enterrer définitivement cette gauche liquéfiée dans le libéralisme soixante-huitard2. Il faut retrouver les réflexes militaires et spartiates des organisations du siècle passé. Une gauche où le combat est d’abord un acte et pas seulement un mot dénué de sens dans un slogan nostalgique.

Ce renouveau doit se voir au premier coup d’œil, aussi bien dans la tenue vestimentaire des militants et militantes que dans le regard assuré et la posture physique droite, reflétant une hygiène de vie saine et des convictions idéologiques fortes et assumées. Les clowneries que l’on aperçoit dans les manifestations n’auraient jamais dû être tolérées, mais puisque la gauche est actuellement au fond du trou, une nouvelle génération de communistes doit se lever et faire le grand nettoyage.

Maintenant, chaque communiste doit imprimer ce code de conduite :

  • Renforcer ses capacités mentales : affronter nos ennemis demande une force psychologique élevée, délivrée des entraves du virilisme. Nous refusons de tolérer les machistes pensant que parler de ses émotions ou aller soigner ses névroses chez le psy serait synonyme de faiblesse. La force mentale passe par le travail, l’humilité et le collectif. On renforce notre esprit autant que notre corps pour le bien du collectif.
  • Ne tolérer aucun affaiblissement de l’organisation ou des individus : interdire la consommation collective et individuelle d’alcool et de drogues. Le mode de vie straight edge est ici un très bon exemple à suivre. Mais également, faire en sorte que l’organisation ne devienne pas un lieu de drague et/ou de prédation sexuelle. La promiscuité sexuelle entre militants et militantes doit être interdite, et les relations amoureuses sérieuses doivent pouvoir se réaliser uniquement dans des conditions qui ne nuisent pas à l’organisation.
  • Revoir à la hausse les capacités physiques : il n’est plus question de prêter attention aux gémissements de gauchistes fébriles pour qui l’injonction aux sports de combat et à l’hygiène de vie serait « de droite ». Tous les militants et militantes en capacité de le faire se doivent d’augmenter leur force physique, d’entretenir leur cardio, et d’avoir une alimentation leur permettant d’augmenter leur masse musculaire. Dans un monde dominé par le virilisme réactionnaire, et lorsqu’en face vous avez des hooligans néonazis sous stéroïdes et des CRS en armure, même si vous êtes d’un gabarit moyen, il est toujours préférable de gagner du muscle et passer de 60 à 70 kg, de 70 à 80 kg, etc., et ce pour les hommes comme pour les femmes.
  • Renforcer la camaraderie, le collectif et l’entraide : l’organisation communiste doit être un lieu d’honnêteté et de confiance, et cela doit être mis en pratique structurellement. La critique doit se faire systématiquement, avec fermeté, tout en restant dans la justesse et la bienveillance (lire et relire Contre le libéralisme de Mao).
  • Ne plus confondre SO et AG : le service d’ordre est un outil, et bien qu’il soit soumis aux décisions démocratiques des organisations, ce n’est pas une instance politique. Donc, les quotas d’inclusivité ou de diversité des profils n’y ont pas leur place, et les accusations de soi-disant virilisme n’ont aucun sens, car seules les capacités physiques et mentales, ainsi que la discipline et l’obéissance, comptent. Ce sont par défaut les hommes qui assument cette tâche, mais les femmes y ont toute leur place, encore faut-il que l’organisation leur en donne les moyens et qu’elles veuillent s’emparer de la violence. Le but premier d’un service d’ordre est d’être visuellement dissuasif (c’est pour cela que les membres du service d’ordre portent une tenue vestimentaire uniforme et robuste) pour qu’aucune force réactionnaire n’ose s’y frotter. Mais si jamais c’est le cas, le service d’ordre doit pouvoir encaisser la charge, puis contre-attaquer pour blesser et faire fuir l’ennemi.
  • Se préparer à toutes les situations :
    • savoir se procurer et apprendre à manier tout objet permettant de détruire efficacement un fasciste, mais également pratiquer toute discipline sportive aidant à neutraliser des fascistes à main nue ;
    • apprendre les techniques de combat de rue aussi bien collectives qu’individuelles ;
    • s’entraîner à planifier des actions illégales, et mener systématiquement des actions punitives sur les fascistes lorsqu’ils sortent ;
    • reconnaître le danger potentiel, le voir mais ne plus le fuir ;
    • assumer la violence, pouvoir l’infliger et l’encaisser.
  • Mettre tout en œuvre pour vaincre, en une phrase : tenir la rue.

Avoir des idées politiques révolutionnaires, c’est avant tout pouvoir les porter et les défendre matériellement. Si vous n’êtes pas en mesure de détruire, voire simplement de résister à un groupe fasciste par vous-même, sans aide de l’État, alors vous pourrez abandonner toute prétention révolutionnaire lorsque les temps se durciront. Le retard accumulé toutes ces années, et surtout la progression quantitative et qualitative du milieu nationaliste, ne doit pas être une excuse pour un nivellement par le bas et un abandon de ce domaine de la lutte politique. La gauche radicale peut aisément rattraper ce retard si nous développons collectivement une culture du combat, et si nous l’imposons dès aujourd’hui.

1 Comme lors du débarquement de 100 fascistes venus provoquer et en découdre dans un quartier populaire de Romans-sur-Isère, à la suite du meurtre du jeune Thomas lors d’une rixe ultraviolente pendant une fête dans un village proche. Les jeunes du quartier ont pu lancer une chasse aux fachos après que ceux-ci aient été mis en difficulté par les policiers qui sont intervenus. Cela a donné de belles séquences de tabassage et d’humiliations des nazis. On notera que par la suite, ces militants néonazis laissés sur le carreau ont ému certains médias qui se sont empressés de les faire passer pour « de jeunes manifestants victimes d’un lynchage »

2 Mai 68 a bien été un moment où la gauche a montré qu’elle savait s’organiser pour attaquer et se défendre, mais c’est aussi à partir de lui que le pacifisme est devenu dominant dans celle-ci. La génération militante qui a fait Mai 68 est aussi celle qui a abandonné la rue, avec la radicalité politique, dans les décennies qui ont suivi. L’héritage de Mai 68 dans notre mouvement est aujourd’hui beaucoup plus le réformisme dégénéré que l’autodéfense de classe.

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