Nous affirmons notre solidarité avec le Groupe Antifasciste de Lyon et Environs. Darmanin a décidé de lancer une procédure de dissolution contre le Groupe Antifasciste de Lyon et Environs. Le Groupe a déclaré :
« Darmanin a indiqué vouloir dissoudre le groupe, après avoir fait un signalement au ministère de la Justice, et demandé aux services du ministère de l’Intérieur d’entamer des investigations ».
C’est la poursuite d’une stratégie d’anéantissement de ce groupe, opéré depuis plusieurs années. Il s’inscrit dans une stratégie dont nous avons pu voir les effets récemment, avec notamment la dissolution du Collectif Palestine Vaincra. Face à la gauche, Darmanin montre les dents. La répression touche depuis longtemps les militants et les militantes de cette organisation. Mais les choses se sont accélérées.
Déja en 2019, des arrestations ciblées, des procédures d’intimidation, la destruction du matériel militant – y compris des possessions sans rapport, uniquement dans le but de briser la détermination et de faire étalage de l’impunité policière.
Fin 2021, nous avions pu voir plusieurs militants de la GALE se retrouver dans un engrenage kafkaïen pour un affrontement contre des intégristes. Pas de plainte, mais un parquet ravi de trouver l’occasion de faire là un exemple. La détention préventive a été utilisée, contre son sens premier, qui est de permettre des compléments d’enquête. Elle a été utilisée dans un sens punitif : pour casser ces militants.
La même année, une pression importante a été exercée sur le Lyon Antifa Fest pour qu’il soit impossible qu’il se tienne. Le président de la région, Laurent Wauquiez, avait alors menacé le lieu dans lequel se tenait habituellement ce festival, le CCO de Villeurbanne, en menaçant de lui supprimer une partie de ses subventions. La raison : des slogans anti-police dans une chanson. On sait déjà, d’expérience, que chanter Hécatombe peut coûter parfois cher. Ces slogans sont au centre de la procédure de dissolution, ainsi que le fait d’avoir partagé l’appel à « assiéger Bayer-Monsanto » le 5 mars. La GALE vient donc rejoindre la longue liste d’organisations dissoutes. En dernière instance, on retiendra la chose suivante : devenir influent, trop gêner le pouvoir, même dans des moyens d’expression et d’action qui ne transgressent pas la loi en tant que tel, c’est trop. La démocratie, que la France se targue constamment de défendre, est à géométrie décidément bien variable.
Pendant ce temps, nous avons pu le voir, les délinquants fascistes peuvent se pavaner. Lorsqu’ils tuent, ils sont systématiquement dédouanés de leur responsabilité : on en fait des actes isolés, sans lien avec une idéologie qui voit l’existence comme une lutte à mort entre races. Pendant ce temps, un condamné pour incitation à la haine est un des candidats les plus médiatisés. Pendant ce temps, une longue montée en pression se poursuit. Un « ensauvagement » tel que dépeint par Aimé Césaire : face aux difficultés actuelles, surtout économique, on brutalise, on abrutit au sens premier du terme, on décivilise. Quant aux petites tapes sur les mains des fascistes, qui servaient à montrer prétendument la neutralité de l’État, elles n’ont été que des prétextes pour intégrer ces membres aux groupes du RN ou de Zemmour. Elles ont été des professionnalisations.
Cette contamination se voit, elle produit ses effets. Comme l’écrivait la spécialiste de la Russie Anna Colin Lebedev :
« La logique de la goutte de poison nous fait dire que l’armée ukrainienne entière aurait été contaminée par le néo-nazisme promu par quelques membres. Que doit-on dire alors de nos propres forces de l’ordre qui votent volontiers pour l’extrême droite ? »
Oseront-il la dissoudre ?
Nous déclarons notre solidarité avec les membres de cette organisation. Nous ne doutons pas que cette opération échouera et ne fera que contribuer à renforcer leur détermination et à bâtir quelque chose d’encore plus grand.