L’agression d’Augustin : une baudruche qui se dégonfle ?

Nous avons hésité a employer certaines images, notamment celles de Augustin. Cependant, son omniprésence sur les réseaux sociaux fait qu’il n’y aurait eu aucun sens à ne pas les réutiliser. Nous avons par contre choisi n’anonymiser les tweets.


Augustin, 17 ans, aurait été passé à tabac par un groupe de “racailles”, alors qu’il venait en aide à des jeunes femmes harcelées.
Les réactions, extrêmement rapides, unanimes, de la part de la droite réactionnaire et de l’extrême-droite étaient trop vives pour être honnêtes. Il était possible d’y déceler la marque de fabrique d’un coup de communication.

Les propos tenus par le frère de la victime, propos flirtant avec le racisme, ont commencé à susciter les soupçons. Après une rapide enquête, il a pu être avéré que Augustin était un militant identitaire, membre d’une organisation connue pour son racisme, sa violence…et sa misogynie.

La version des jeunes femmes vient apporter une dissonance.

Passée l’émotion et le coup de communication, les versions changent, au fur et à mesure où d’autres acteurs, surtout d’autres actrices, apportent leur version. L’hypothèse, alors largement diffusée, d’un tabassage en règle semble s’effriter, au profit d’une brève altercation. Pour l’exploiter politiquement, les militants qui tirent les ficelles ont donc sciemment gonflé les faits. Le lynchage à 5 s’effondre, devenant une bagarre, puis un seul coup porté, avant que soient séparés les protagonistes.

Nous ne cautionnons pas le harcèlement de rue, ni le fait d’être “lourd” pour reprendre les termes des jeunes femmes. Il ne s’agit pas d’inverser non plus les choses. En revanche, le fait que ce soit un militant d’extrême-droite qui se soit “interposé” ne peut que laisser planer un doute sur la forme de cette interposition, dont nous ne voulons faire le procès in abstenso. Nous considérons que l’enquête doit permettre de comprendre les formes qu’ont prise cette courte altercation. En revanche, le ses sbires se sont empressés de faire taire toute voix dissonante. Ils ont menacé de mort, par les réseaux sociaux, les jeunes femmes qui apportaient leur version. Les fascistes ont donc menacé les mêmes personnes qu’Augustin aurait défendu. La boucle se boucle d’elle-même.

Augustin faisant le salut aux trois doigts, ersatz de salut nazi.



De plus, c’est l’usage de cet épiphénomène qui est dangereux. Cette affaire a drainé dans son sillage une série de déchets, et leur a laissé un promontoire pour s’exprimer. Nous pensons ainsi à celles et ceux qui se sont empressés d’associer la violence à l’origine “civilisationnelle” – ce piètre camouflage de la race – des protagonistes.

Finalement, les fascistes se font eux-mêmes les bourreaux.

Un non-événement, une illustration des violences au sein de la société.

Ce non-événement vient alimenter la machine à discours réactionnaires, tandis que, pendant ce temps, les violences des fascistes restent tapies dans l’ombre.

Il existe, il faut le souligner, une violence inhérentes aux classes populaires. Il existe d’ailleurs, chez elles, des penchants réactionnaires, sexistes, homophobes…etc. C’est un fait avéré, et valable de tout temps, que ce soit à l’époque des “apaches de la zone” ou aujourd’hui. Si aujourd’hui ce sont les fils et les filles de l’immigration qui sont ciblées, c’est car les exclusions sociales et le racisme s’entremêlent intimement.

Cette violence est critiquable et doit être critiquée. Elle se combat par les luttes sociales, par les luttes politiques et idéologiques, et par l’unité populaire.

Seulement, les individus qui ont pris position avec empressement – y compris de gauche – eux, considèrent que cette violence et ces travers réactionnaires doivent être écrasés dans un poing d’acier. Qu’il faut saigner les quartier populaires pour qu’ils se tiennent tranquille, oubliant que c’est la misère, l’absence de perspectives sociales et politiques, qui entraîne le pullulement de l’économie informelle et de la violence.

Ce poing d’acier ne fait que faire taire la violence, il ne fait que la masquer. Il ne la règle pas. Nous ne faisons pas confiance aux fascistes, aux réactionnaires – maquillés en communistes ou non – pour la régler. Nous ne pouvons faire confiance qu’aux classes populaires, qu’aux exploités eux mêmes et elles mêmes pour se libérer de la domination, pour souder les rangs, et pour mettre à bas le régime qui reproduit la misère et qui reproduit la violence.

En dernière instance, que retenir de cette affaire ?

Les fascistes ont le mensonge et la manipulation dans le sang, et ils ont réussit à faire d’un non-événement une affaire. Le temps que celle-ci dégonfle, ils auront monté en exergue un nouveau sujet, quitte, une fois de plus, à tordre la réalité pour qu’elle corresponde à leur grille de lecture.

Ceux qui ont embêté, et non pas agressé, les jeunes femmes ne sont pas des anges. Mais la réalité n’est pas faite d’anges et de démons. La situation mérite d’être traitée pour ce qu’elle est : une illustration des violences qui peuvent exister dans la société. Ce qu’elle n’est pas, en revanche, c’est une illustration de son caractère génétique ou civilisationnel. Les fascisent savent montrer qu’ils violent, agressent et tuent.

Cette affaire n’est pas sans évoquer celle de Fiorina Lignier, victime d’un tir de police…et néo-nazie.

Il existe un climat extrêmement propice à ce que ces affaires occupent le devant de la scène. Il est animé par les mêmes qui incendient des mosquées ou poignardent des mineurs dans les rues de Lyon. Face à leur omniprésence, nous devons faire bloc et pulvériser un à un leurs mensonges.

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