Samuel Paty.

A la suite de cet attentat particulièrement brutal, nous avons voulu nous accorder un délais de réflexion avant de nous exprimer. L’emportement et la précipitation entraînent (comme on l’a vu avec Mélenchon) des propos inconsidérés, lesquels peuvent s’avérer contre productifs.

Nous exprimons nos condoléances envers les proches, les amis, la famille et les collègues de Samuel Paty. Cela nous semble être le point fondamental préalable à tout propos.

Nous condamnons cet acte terroriste sans réserve. Nous le condamnons pour son caractère horrible et sa brutalité. Décapiter de sang-froid un individu, un inconnu, après l’avoir traqué, est un acte propre à frapper d’effroi, un cauchemar éveillé.

Nous le condamnons également pour les conséquences qu’il aura à plus ou moins court terme. Il est un acte intégralement négatif, dont les répercussions frapperont tant les musulmans – que le terroriste prétendait défendre –, les mouvements démocratiques et sociaux, que les enseignants eux-mêmes.

Suite à cet assassinat, de nombreux rassemblements ont été appelés. Parfois le fruit de syndicats enseignants, mais également parfois spontanés. La réaction de rejet populaire, général et massif du terrorisme est à saluer. Elle est importante dans le processus de guérison et de résilience. En dépit de la situation sanitaire qui se dégrade de jours en jours, cette mobilisation a été large et très suivie. Il est notable qu’il n’y ait pas eu d’incidents au cours de ceux-ci, aucun acte de haine à l’encontre des musulmans ou des musulmanes venus aussi témoigner de leur horreur.

Si la mobilisation a été importante et positive, elle a également attiré une cohorte d’opportunistes et d’agents de la haine et de la division. Dans ces grands rassemblements, la question se pose : quelle classe, quel courant politique, aura l’hégémonie ?

Car, si ici les voix étaient celles de l’apaisement et de l’union, ailleurs, sur les plateaux télévisés, celles de la division et de la haine ont dominés. Des individus, des courants politiques, qui auparavant vouaient seulement du mépris aux enseignants et aux enseignantes, se sont emparés de Samuel Paty. Ils en ont fait leur étendard. Nous pouvons affirmer sans trop prendre de risques que ce professeur incarnait, socialement et idéologiquement, l’inverse total des Morano, des Zemmour et des Valls.

L’occasion est trop belle : Les réactionnaires sont prêts à assassiner une seconde fois Samuel Paty pour nourrir leurs projets politiques racistes.

« Expliquer, c’est justifier ». (Valls)

Nous ne voulons pas minimiser l’existence d’un risque terroriste. Nous ne faisons pas d’angélisme. La société capitaliste, en particulier en période de crise, est violente, cruelle, impitoyable. Elle fragmente les individus, les jetant dans la misère, dans le désespoir et la violence.

Manuel Valls avait dit, en 2015, que « expliquer c’est justifier ». C’est superficiellement vrai. Essayer de comprendre la trajectoire de radicalisation d’un individu fait qu’on ne peut plus le rejeter dans la catégorie des « monstres » et des anomalies. Le terroriste, le radicalisé, l’assassin, le criminel ne nous apparaît plus comme un « autre », mais comme un reflet de nous même.

Manuel Valls pense, comme d’autre, qu’il n’y a pas besoin de comprendre pour lutter contre. Mais c’est aussi parce que M. Valls ne se donne pas d’autres objectifs que de gérer le risque terroriste (et de l’utiliser comme argument pour justifier son existence politique). Nous, en revanche, nous voulons y mettre un terme de manière définitive et radical.

D’autres prétendent le faire. Mais en réalité, ils placent implicitement une élimination physique de certaines catégories de la population comme condition nécessaires à leurs projets. Nous non. Nous pensons qu’il faut connaître les racines profondes de ce mal, de ce ressentiment, de cette colère qui finit par exploser, engloutissant des innocents. Au « Expliquer, c’est justifier », nous répondons « expliquer, c’est comprendre, comprendre c’est pouvoir agir. »

L’agresseur ayant été abattu par la police, il n’y aura pas de procès qui puisse permettre de comprendre plus en détail, d’analyser, d’étudier, le cheminement d’un jeune tchétchène de 18 ans vers un acte aussi brutal. Nous ne pensons pas, comme Mélenchon l’avait mentionné, que cela soit lié à son ethnie comme nous ne pensons pas non plus que cela soit profondément lié à l’Islam, contrairement à ce que l’on veut faire croire.

L’islamophobie nourrit l’islamisme le plus réactionnaire.

Si l’islamisme, contrairement aux fantasmes de la part d’une grande partie du monde politique, est lié à l’extrême-droite, il possède une différence importante dans leur point de départ. Les chemins qui amènent des Anders Brievik ou des Brendon Tarrant à commettre des tueries sont ceux de dominants qui sont terrifiés de perdre leur position dans la société. Ils estiment que leur mode de vie, que leur civilisation, que leur ethnie est encerclée, menacée d’extinction. Chez les musulmans, c’est l’idée d’un combat pour la survie d’une minorité, pour se défendre contre l’anéantissement. Si l’un part d’ « en haut » et l’autre d’ « en bas », les deux se rejoignent, et se répondent.

Si on se pose la question du « qui de la poule ou de l’œuf », la réponse est relativement aisée : les fascistes, les suprémacistes, les xénophobes possèdent une mainmise sur l’appareil d’État, sur les institutions, sur les forces de répression et sur la justice. Ils « jouent à domicile » et possèdent un avantage écrasant par leur classe sociale.

Avant, ils parlaient de race, aujourd’hui, ils ont appris à contourner le racisme en parlant de religion. Mais le fond reste le même. Ils considèrent qu’une partie de la population de France est inassimilable, incompatible, et donc à liquider.

Ces institutions paraissent hostiles ou indifférentes. Personne n’est venu représenter le gouvernement devant les mosquées brûlées de Lyon, tandis que Darmanin s’est déplacé pour une Église à Rillieux-la-Pape. Quand un acte anti-musulman ou raciste est mené, il faut discuter sans fin pour en comprendre les tenants et les aboutissants par une longue enquête. Cela convainc les musulmans (mais aussi d’une manière générale les minorités présentes en France) qu’ils sont des individus de seconde zone, auxquels ont peut s’en prendre impunément, qu’on peut tuer au détour d’une ruelle, lors d’un contrôle qui « tourne mal ».

Dans le même temps, les prédicateurs islamistes tiennent exactement le même discours. Ils considèrent que ces politiques montrent que l’occident les rejette, qu’ils sont incompatibles avec ses « valeurs », et qu’il faut soit arracher par la force des zones « libérées », soit partir.

La prophétie auto-réalisatrice se crée.

L’école.

De gauchistes fainéants, gavés de vacances, les enseignants sont subitement devenus des remparts contre l’islamisme. Le 27 août, Emmanuel Macron refusait l’embauche de nouveaux professeurs, déclarant que « C’est le genre de créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays ».

Le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, s’est ainsi adressé aux enseignants en des termes inhabituels. Après avoir nié tout malaise dans les lycées, nié toute contamination COVID19, conspué les « enseignants décrocheurs », il s’est montré en façade bienveillant et conciliant.

S’ouvre d’ailleurs aujourd’hui, 22 octobre, un expéditif Grenelle de l’Éducation, qui doit permettre de réaliser une rentrée ad hoc le 2 novembre. Encore un bel effet d’annonce. Peut-être se traduira-t-il par quelques effets cosmétiques, qui servent à convaincre que le gouvernement fait quelque chose. Mais que va il en sortir d’utile ? Blanquer a été nommé pour aligner progressivement l’Éducation Nationale sur le modèle managérial de l’entreprise privé. Il a contribué à transformer les enseignants et enseignantes en prestataires de service qui doivent être rentabilisé.

Le ministre promet un « recadrage pédagogique » à la rentrée. Nul ne sait ce que cela signifie pour le moment, mais il est certain que cela ne répondra en rien au problème de fond : le fait que l’école cristallise les tensions présentes dans la société. Elle est le reflet de la confrontation entre les classes – bien que la bourgeoisie ait ses propres lieux ailleurs –, de la confrontation entre les groupes sociaux, de l’affrontement aussi entre l’État et la population. De ce point de vue là, nulle mesure ne peut changer cela.

La situation de l’école est paradoxale. Elle est supposée former des citoyens français, acquis aux valeurs de la République et à un certain mythe consacrant la France comme la championne des droits de l’homme. La rencontre avec la réalité brise ce discours. Expliquer que la police protège à des enfants qui ont été témoins de violences policières ; que la justice est équitable face aux affaires Sarkozy, Balkany… ; que la France est la patrie des droits de l’Homme alors qu’elle entretient des relations néo-coloniales avec de nombreux pays… La confrontation entre l’imaginaire et le concret ne peut que déboucher sur une fragmentation de la confiance entre les élèves et l’institution.

D’autant que les arguments sont hypocrites. La liberté de pensée et d’expression est constamment entravée par l’Etat. Sacralité du président de la République, omerta sur les crimes policiers et sur les génocides commis par la France. En revanche, la liberté des propagandistes racistes, elle, est garantie.

De même, la lutte contre la radicalisation, construite uniquement comme une charge contre les musulmans (en interprétée par ceux-ci comme tel !) est, dès le départ, incapable de pouvoir remplir son but. Elle ne laisse pas d’espace d’élaboration commune, de construction d’un vécu commun, elle ne permet pas l’apparition d’un sentiment d’appartenance à une même communauté. En ne comprenant pas les contacts qu’il y a entre l’extérieur et l’intérieur des établissements, en oubliant que des Zemmour et des Morano existent, l’Éducation Nationale ne peut pas permettre de créer cette espace commun d’échange pour résoudre réellement les problèmes. La critique et la discussion deviennent alors des vexations et des stigmatisations dans l’esprit de ceux qui les subissent.

Le pire est que la colère contre l’État, contre les inégalités, contre les institutions, se reportent justement sur ces enseignants, seuls, isolés. Lâchés par une administration qui ne veut pas reconnaître de problèmes, par un ministre qui pense que tout est affaire de rentabilisation. C’est ce qui rend ce crime encore plus terrible, c’est qu’il est un coup porté contre quelqu’un qui, à la mesure de ses moyens, essayait d’enrayer la marche vers la brutalisation de la société.

Demain.

Ce meurtre est arrivé comme un déclencheur dans un pays où le climat est à la crise et à la violence. La pandémie n’a pas été gérée convenablement. La crise économique menace. Aujourd’hui est plus incertain qu’hier, demain est une énigme. Dans ce contexte, dans cette tension, il est extrêmement aisé de jouer la carte de la provocation. Il faut regarder avec lucidité la situation. Nous devons nous interroger sur l’état de la société française. Une société dans laquelle la tension est telle, la pression est tellement intense, que des caricatures puissent pousser au crime.

Les musulmans et les musulmanes n’ont pas plus, ni moins, de sens de l’humour que les autres. Ils n’ont pas plus, ni moins, de tolérance quant à leur religion. Toutes les religions, tous les groupes sociaux, ne sont cependant pas égaux en France. Après avoir été l’ennemi racial, ils sont devenus les inassimilables. Ils sont passés de gens qui ne « veulent pas s’intégrer » à des individus qui sont incompatibles avec la société.

Les discours se sont lâchés. Il n’existe plus de frein. Un consensus se fait à la droite du PS : celui que les peines de prison, l’État de droit, la bienveillance, sont d’un autre temps. Le temps de la détention de sûreté, le temps de la répression préventive est venue. Elle est déjà initiée par Darmanin, ayant arrêté des individus « sans rapport à l’affaire », mais « pour faire passer le message ». Derrière les discours qui indiquent que la « peur doit changer de camp », il y a une question : n’est-ce pas celle-ci qui pousse à la violence ? La peur qu’ont déjà certains musulmans, certaines musulmanes, pour leur vie, qui les jettent dans les bras des ultras de la réaction ?

La campagne raciste et islamophobe produit des fruits vénéneux de part et d’autres comme nous l’avons systématiquement dénoncé. Elle nourrit les aspirations à la haine, à la destruction, à l’anéantissement physique de population et d’individus.

Elle a réduit à néant l’espace de dialogue, de débat, d’échange entre les différentes communautés qui existent en France. Elle crée les conditions d’une montée aux extrêmes des tensions, à un point tel que celle-ci ne trouvent plus d’autres issues que la violence.

Plus la tension monte dans la société, plus son entropie, sa tendance au chaos, se développe. Elle en devient intenable. La racine de ces crimes ne pourra être extirpée par la force brute, la criminalisation, les vexations et la haine.

Se prépare la double offensive. L’union sacrée contre l’islamo-gauchisme, éternelle renaissance du judéo-bolchevisme est une union sacrée mêlant racisme et mise au pas des exploités. L’accusation, portée contre LFI, l’UNEF, Solidaires…etc a pour but de ressusciter de vieux fantasmes. Celui de l’ennemi intérieur, irréductible, inassimilable. Celui qui fragmente la belle harmonie de la société capitaliste, venant semer le désordre entre le patron et son employé, la femme et le mari, rompant la belle alliance nationale, construite pour porter au plus haut les couleurs de la France et l’intérêt de sa bourgeoisie.

Au vu de la crise qui se profile, cela ne mange pas de pain que de frapper préventivement syndicats, partis politiques de gauche, organisations progressistes. Ce balayage préventif, pré-électoral, assure les coudées franches aux réactionnaires. Car le monde de demain, celui d’après la pandémie, celui d’après les élections, risque de ressembler au monde d’hier. Ou d’avant-hier. Un monde de défiance, de tensions, de brutalité et de menaces internationales. Un monde dans lequel la bourgeoisie renoncera à cette interface qu’elle nomme démocratie. Un monde dans lequel elle prendra les commandes directement, brusquement, pour assurer sa propre survie.

Nous.

Notre position est la suivante. Nous sommes hostiles aux réactionnaires quel qu’ils soient.

Nous regardons les fascistes et les islamistes comme la même manifestation d’une idéologie anti-populaire, anti-révolutionnaire. Mais l’un est celui des dominants qui refusent de perdre leur place.

L’autre est celui des opprimés, du ressentiment détourné de ses bourreaux vers une lutte fratricide et sororicide.

Nous rejetons l’un comme l’autre. Nous rejetons ces réponses identitaires à des problèmes concrets.

Nous considérons que le ferment de la misère, celle dont se nourrissent les fascistes de tous types, est l’exploitation capitaliste. Son abolition ne résoudra pas tout d’elle même, mais elle créera le cadre qui permettra de mettre fin aux expressions réactionnaires. Lorsque Marx parle de « l’opium du peuple », il n’en parlait pas comme d’une drogue dangereuse, mais comme d’un baume protecteur, qui permet d’oublier la souffrance de la misère, la souffrance concrète de la lutte des classes. Ce n’est pas en attaquant un « mauvais » remède qu’on supprime la maladie.

Le fait que certains ou certaines soient croyante, dans un dieu ou un autre, ne nous importe peu. Ce n’est pas la foi qui compte, mais les actes et les pratiques sociales. Ce sont elles, lorsqu’elles sont réactionnaires, qu’il faut combattre. Cela demande aussi de savoir ce qui est du ressort du débat, de l’éducation, et ce qui est du ressort de la répression. Si nous étions au pouvoir, nous n’aurions aucune hésitation à frapper les agents de la haine et de la division. Mais nous ne sommes pas là.

Aujourd’hui, le camp du peuple, au sens populaire du terme, est faible, éparpillé. Il fait face à un raz de marée réactionnaire, prêt à déferler, à diviser, à créer des diversions et à accroitre les conflits au lieu de les résoudre.

Nous, membres de l’Unité Communiste, appelons toutes les forces politiques qui partagent le même projet que nous à se connaître, se reconnaître, travailler ensemble. Le temps joue contre nous. Les choix que nous faisons aujourd’hui seront les victoires, ou les défaites de demain.

Nous appelons, lorsque cela est possible, à participer aux actions de défense des droits démocratiques et politiques. Nous appelons également à dénoncer toute tentative de l’extrême-droite d’avancer ses pions, y compris sous un maquillage « de gauche », ou « républicain ».

Nous rappelons notre attachement au respect des victimes. Elles ne sont pas nous, nous ne sommes pas elles. Nous ne voulons pas prétendre parler en leur nom, à moins que nous puissions estimer partager la même parole. Nous n’avons que répugnance pour ceux qui s’en emparent, les assassinent à nouveau, et en font des marionnettes de leurs projets.

Soyons soudés et avançons ensemble. Pour unifier les exploités et exploitées. Pour frapper nos bourreaux.

En dessous : notre déclaration au lendemain de l’attentat.

À la suite de l’assassinat particulièrement atroce qui a frappé Samuel Paty, nous voulons formuler la déclaration suivante. Celle-ci sera enrichie progressivement au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête de du déchiffrement du processus qui a conduit à ce meurtre. Nous tenons à rester prudent et prudentes dans notre analyse.

Nous exprimons notre solidarité et nos condoléances envers sa famille et ses proches, ses amis et ses collègues. Cela nous apparaît comme étant primordial avant toute autre considération. De même nous considérons que ce crime est à condamner sans réserve.

Nous le considérons, en revanche, comme terriblement révélateur du climat actuel. Comme illustrant une montée en tension extrêmement importante, nourrie par une cohorte de pompiers-pyromanes.

Imaginer qu’on puisse mourir pour avoir projeté des caricatures, en particulier dans un lieu qui est supposé être celui du débat, de l’échange, de la discussion, est quelque chose qui paraît invraisemblable. Et pourtant cela a eu lieu.

Un jeune homme de 18 ans, qui n’était nullement connu pour un quelconque fanatisme religieux, a jugé qu’un professeur d’histoire-géographie méritait la mort pour cela.

C’est dire quel est l’état de la société française, quel est son degré de fragmentation, à quel point elle est proche d’un point de rupture.

Cette rupture, cette tension, est due à un contexte anxiogène, à des absences de perspectives sociales, politiques, à la misère et à la précarité. Cela en forme le socle. Nombre d’individus se sentent menacés, dans leurs conditions d’existence, dans leur mode de vie, voir dans leur sécurité physique elle-même.

Dans ce climat de peur, des agents de la discordes, de la haine, déversent leur venin. Ils se sont emparés de la liberté d’expression, valeur fondamentale, et s’en servent comme d’un maillet pour écraser leurs cibles.

Polémistes racistes et prédicateurs haineux se tendent la main pour que ce conflit éclose.

Cette tension s’accumule et finit par provoquer ces actes barbares. C’est la même main qui guidait le couteau de l’assassin, comme celle qui guidait les balles de Anders Brievik, ou d’autres assassins.

Nous voulons que cette haine s’éteigne. Nous savons que nous avons bien plus en commun, notre souffrance, nos peurs, nos espoirs, que ce qui nous sépare. Nous savons que la très grande majorité des gens recherchent la même chose.

Nous pensons que la climat actuel, les ambitions politiques, et l’angoisse privent l’école d’une de ses fonctions. Celle de créer le cadre apaisé, calme, d’un débat, d’une discussion, d’un lieu qui permette à la jeunesse d’exprimer ses sentiments…Et ses ressentiments. Et de créer les bases qui permettront à la nation, au sens populaire du terme, au sens de la communauté vivante qui constitue le peuple, d’élaborer en commun une société nouvelle. Une société dans laquelle il n’existera nulle exclusion, nulle haine, nulle discrimination.

Nous sommes persuadés que c’est également le projet que défendait Samuel Paty. Qu’il s’agissait d’un projet émancipateur, unificateur.

Hélas, que pèse la volonté d’un homme, d’une femme, face à la machine à broyer des déterminismes sociaux, face à la puissante machine de guerre politique qui cherche à contrer ses efforts. Face à un ministère qui a ôté tous les moyens et l’indépendance de l’école, tout en se réclamant son « ami », pour en faire un fer de lance de la reproduction des inégalités.

Bien peu.

Et tant que cela ne changera pas, il existera des actes de violence aveugle, de haine, qui frappent non pas les bourreaux, mais ceux qui essaient d’aider, ceux qui essaient de faire apprendre, de faire connaître, mais qu’on sacrifie dans la tourmente d’une société qui s’effondre.

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