Soutenons la marche vers l’indépendance du peuple Kanak !

Soutenons la marche vers l’indépendance du peuple Kanak !

Le 4 novembre 2018, la Nouvelle-Calédonie votera. Elle votera pour déterminer son avenir politique et institutionnel. La question qui lui est posée est la suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Occupée depuis 1853 par la France, « le caillou » est à la croisée de chemins.

Cette date est importante en soi pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et des Kanaks. Elle l’est aussi dans la mesure où elle ouvrirait, si le référendum fonctionne, un questionnement général sur la possession des « confettis d’empire » dont dispose la France, tout comme de la question des territoires contenus dans l’hexagone lui-même.

Cette date importante, pourtant, est passée sous silence en métropole.

Dans la très large majorité de la population métropolitaine, la possession de ce territoire, de cette colonie, va de soi. Elle est une évidence. Fort peu d’individus savent que la Nouvelle-Calédonie est considérée par l’ONU comme un territoire à décoloniser, tout comme la Polynésie française -dont le président, Oscar Temaru, vient de porter plainte pour crime contre l’humanité à l’encontre de la France, du fait des essais nucléaires dans le Pacifique. Ce genre de sujet est passé sous silence dans l’enseignement national, car il ne cadrerait pas avec la finalité civique de l’histoire et de la géographie : dire que la France est la patrie des droits de l’homme et que ses frontières et ses possessions sont légitimes.

Pourtant le gouvernement s’active, et, sur place, les relais de l’impérialisme font massivement campagne pour le non. Leurs arguments jouent sur la peur. Peur de l’indépendance, projets irréalisables, risque de guerre civile, ou d’abandon… De plus, 22 000 kanaks ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Les « loyalistes » mobilisent leurs troupes et incitent massivement à voter. Fonctionnaires issus de la métropoles, cadres d’entreprises se sont inscrits sur les urnes pour répondre à l’appel du gouvernement.

En métropole, les organisations politiques ne se mouillent guère. Le sujet est épineux et implique de trancher certaines questions, dont celle de l’impérialisme français et du chauvinisme. Ainsi, le PC a pris formellement position sur le principe, mais sans plus en reparler depuis. La France Insoumise, par la voix de son tribun, s’est montrée ambigüe. Le 30 septembre, il déclarait « Indépendants ou Français, notre affection leur est acquise. » tout en ajoutant « si je faisais parler mon cœur, je dirais ‘restons ensemble’ ». Dommage que ce ne soit une affaire de cœur.

Pour Lutte Ouvrière, le référendum n’a pas d’intérêt car il ne débouche pas directement sur le socialisme. « Même si l’indépendance était votée, les travailleurs ne seraient pas libérés de quoi que ce soit : certainement pas de l’exploitation, et même pas des discriminations en tant que Kanaks. », toujours le même rejet des étapes qui permet de rejeter l’ensemble.

En revanche, en caractérisant le référendum comme insuffisant en soi, une partie des forces politiques de Nouvelle-Calédonie, notamment le Parti Travailliste, ont annoncé qu’ils boycotteraient le scrutin. Nous ne présumons pas de cette tactique, ne pouvant maîtriser toutes les cartes et nous ne nous érigeons pas en juge de cette tactique.

En revanche, il nous appartient de soutenir la volonté d’indépendance sous les formes décidées par les organisations combatives locales, de soutenir le peuple de Kanaky, et de combattre les tentacules de l’impérialisme français, qui ne reculent devant rien pour conserver leur mainmise.

La longue expérience des processus de décolonisation négociés montre que les impérialistes ne renoncent jamais à un bastion. Surtout quand ce bastion offre un promontoire sur le Pacfique (1,74 millions de km² de ZEE), surtout quand ce bastion est riche en nickel (20-30% des réserves mondiales). Une île qui représente 7,165 milliards d’euros de PIB (855,5 milliards de francs CFP, la monnaie coloniale), ne sera jamais abandonée sans bataille. Déjà, un important dispositif policier se dirige vers l’île, dans le but d’assurer le contrôle.

Les impérialistes prophétisent sur ce que l’indépendance coûterait aux Kanaks -alors que les études faites par le FLNKS – Le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste- démontrent l’inverse. Cette prophétie est surtout une menace à peine voilée. Il s’agit de ce que les impérialistes feront payer à l’île si jamais elle n’est plus française. Nul doute qu’il sera tenté de vampiriser toutes les richesses locales, d’abaisser le niveau de vie de la population, de susciter les troubles et les mécontentements pour briser l’Ile et imposer un gouvernement de serviteurs, de compradores.

L’histoire démontre que les impérialistes agissent toujours ainsi. Leurs alliés de gauche les appuieront certainement, prétextant tout un fatras d’humanisme, de mièvrerie, qui masquent mal la puanteur des charniers qu’ils ont creusés. Dans le fond, ils ne réfléchissent qu’en termes de puissance pour la métropole, et l’intérêt supérieur de la nation est un autre mot pour parler de celui de la grande bourgeoisie.

Il n’est pas possible non plus de cautionner le fait qu’une indépendance reviendrait à substituer à l’impérialisme français un autre impérialisme. Cela reviendrait à renoncer à lutter contre notre premier ennemi, notre premier bourreau. Et ce ne sont ni les USA, ni l’Allemagne, mais bien la grande bourgeoisie française. Notre impérialisme n’est ni plus ni moins aussi carnassier que les autres, il commet crimes sur crimes pour conserver ses positions.

Nous pensons qu’il faut prendre le référendum pour ce qu’il est, une consultation dont les aboutissements ne sont pas garantis. En cas d’échec, cela ne doit pas signifier le fait qu’il faille acter le colonialisme comme inéluctable -acterait-on le capitalisme comme juste si un référendum le validait ?- mais qu’il reste des étapes à franchir. En cas de victoire, ce ne serait pas l’aboutissement du cheminement vers la liberté pour le peuple Kanak, mais le début de celui-ci.

C’est là où la solidarité internationale devra jouer son rôle en plein, pour brider les tentatives de coup de force, pour nuire aux plans de l’impérialisme français, pour dénoncer le social-chauvinisme, non comme une déviation, mais bien comme un ennemi des travailleurs, tant de métropole que des colonies.

Vive la lutte anti-coloniale !

À bas l’impérialisme français !

Solidarité anti-impérialiste entre les peuples !

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