Le mouvement des Gilets Jaunes : Construire les outils de la victoire – Partie 6

Construire les outils de la victoire.

Partie 6

E.Vertuis

Il faut être réaliste. A moins qu’il se produise un phénomène inattendu et imprévisible, le mouvement des Gilets Jaunes conduira immanquablement à un reflux, tôt ou tard. En tant que tel, il ne peut déboucher sur une révolution prolétarienne, sans que des préalables soient franchis en amont.

L’usure, la fatigue, la répression de l’Etat bourgeois auront raison de la mobilisation. La bourgeoisie est gênée par ce mouvement, elle a été un peu écornée en surface. Mais elle n’a pas été menacée dans les fondements de son pouvoir, dans les racines de son ordre. Les affrontements ont pu déborder tactiquement les forces de l’ordre, la police, mais n’ont pas été une menace d’ordre stratégique, laquelle ne peut émerger que si elle a volonté à substituer un nouveau pouvoir à l’ancien dans les zones où les affrontements ont mis en péril la possibilité pour ce dernier de fonctionner correctement.

Les assemblées qui émergent aujourd’hui posent les embryons de l’amorce de ces questions. Elles sont une première phase d’un questionnement qui présente une étape supérieure. Ces réunions de coordination et d’élaboration d’un calendrier posent la question du pouvoir au sens premier du terme, c’est-à-dire, au stricto sensu, le fait de « pouvoir ». Pouvoir prendre des décisions et pouvoir les faire appliquer. Mais cela ne suffit pas et demande, de plus, une certaine conception stratégique et une certaine conception organisationnelle. Or, cela fait partie de la tâche des organisations politiques communistes de les porter. Sans organisation communiste, pas de mouvement communiste.

Le reflux se manifestera tôt ou tard. Nous devons l’anticiper pour que tout ne soit pas perdu. La mobilisation a jeté dans la rue toute une population qui n’avait jamais été mobilisée auparavant, qui n’avait pas été engagée, pas militante, peu idéologisée. Elle forme une expérience commune à un grand nombre d’individus tandis que toute une partie de la jeunesse, en particulier lycéenne, sera irrémédiablement marquée par les images terribles de la répression.

Cela laissera forcément des traces, des séquelles, des souvenirs. Mais cela ne veut pas dire mécaniquement qu’une nouvelle génération d’engagés et d’engagées militants et militantes est née et qu’elle perdurera. Le fait de ne pas parvenir à une victoire stratégique, le fait de porter peut-être un soutien à des candidats aux élections qui trahiront leurs engagements, tout ceci peut, en dernière instance, renforcer le sentiment d’impuissance et la désespérance que la combativité. Plus qu’un statu quo ante bellum, l’expérience vécue peut être un frein à un nouvel engagement.

Il n’est pas possible de contrer le reflux des mouvements de masse. Même en URSS ou en Chine, les mobilisations de masses, malgré la puissance des partis communistes, avaient leurs flux et leurs reflux. Mais il est possible de ressortir renforcé et en position de force par rapport à avant le mouvement.

Cela ne peut être fait que par le fait d’organiser ceux et celles qui se sont mobilisés, dans nos organisations politiques ou dans les organisations de masse. Nous le savons mais nos ennemis le savent également.

Les fascistes tout comme les électoralistes tentent une guerre de mouvement pour savoir qui ressortira gagnant politiquement de cette épreuve de force. Chacun avance ses positions. Nous devons avancer les nôtres également, sans toutefois nous livrer aux opérations cyniques des uns et des autres. Il faut mener une politique qui permette aux masses de pouvoir participer au processus de création du Parti Communiste révolutionnaire, que cette question ne soit pas l’apanage unique de militants dans un entre-soi.

Nous devons le faire en faisant la démonstration de la nécessité de l’organisation politique comme outil de la victoire. Car, contrairement aux organisations fascistes qui existent pour servir la bourgeoisie, contrairement aux organisations électoralistes qui sont simplement des perspectives de carrière, nos organisations sont génétiquement différentes. Ou du moins doivent l’être.

Pourquoi avons-nous besoin d’une organisation ?

Avant tout pour gagner définitivement contre la bourgeoisie et son ordre d’exploitation.

C’est pour cela que nous avons besoin de nous organiser. C’est pour cela que nous avons besoin d’une forme d’organisation qui puisse permettre de remporter cette victoire, c’est pour cela, encore, que nous avons besoin d’une politique d’unification qui permette de forger cet outil. Nous faisons le choix de fonctionner au centralisme démocratique, même si cela demande une rigueur à accroître, non pas parce qu’il s’agit d’un fétichisme malsain autour de l’ordre, mais parce que nous avons le devoir d’être efficace dans nos prises de décision et dans leur application par la suite.

Replacer cela à sa juste place répond à un certain nombre de questions fondamentales sur les formes que doivent prendre notre organisation et sur le programme de développement que nous devons suivre pour parvenir à remplir nos objectifs.

Pour revenir à ce que nous mentionnions plus en amont de cette brochure, il existe une ligne de démarcation entre notre conception et celle qui est défendue par d’autres courants idéologiques s’apparentant au communisme. Parce que nous n’attendons pas « le Grand Soir », parce que nous ne vivons pas dans l’espoir que la révolution n’« arrive » mais que nous voulons la mener, nous avons des exigences. Notre faiblesse, notre statut de groupe ne nous suffit pas. Nous ne saurions nous en contenter. Il nous est insupportable. Contrairement au « Collectif Athéné Nyctalope », contrairement à « A gauche » ou à un grand nombre d’autres organisations politiques, même d’importance nationale, nous ne pouvons rester ainsi.

La bourgeoisie est organisée et structurée dans le but de pouvoir assurer sa domination sur les exploités et les exploitées. Si nous voulons non seulement nous soustraire à cela, y mettre fin, mais également empêcher que d’autres systèmes de domination ne soient mis en place, il nous est essentiel de pouvoir être à la hauteur de la tâche.

Or pour se hisser à cette hauteur, les mouvements seuls, les comités, les collectifs, ne suffisent pas. Si Lénine a défini le Parti de type nouveau, ce n’est pas par fétichisme de l’autorité, mais bel et bien car il répond aux nécessités du combat révolutionnaire. Sa structure, sa discipline est faite pour remplir ces tâches, non pour faire plaisir et pour créer des espaces de contre-culture.

Tout ramène, en bout de piste, à la question du Parti Communiste révolutionnaire. Nous avons besoin d’un parti pour être plus efficaces. Nous ne sommes pas les seuls à penser cela, heureusement. Mais nous ne sommes pas forcément en accord sur la définition des termes du sujet tout comme sur le diagnostic à poser. La question du PCF rejoint celle-là. Cela ne signifie pas qu’il faille considérer que tout ce qu’il contient est fait de poison. Certains, notamment les « opposants de gauche » au sein du PCF, s’adressent à nous pour que nous renforcions leur lutte interne. Si nous regardons une grande partie d’entre eux comme des militants sincères, nous ne pouvons être d’accord avec eux et elles, pour au minimum deux raisons fondamentales.

La première est que cela ne marche pas. Depuis des décennies, ces oppositionnels n’ont pas gagné de terrain. Et pour cause le PCF est une structure qui a rompu avec le centralisme démocratique, avec le débat idéologique. Chaque congrès apporte son lot de réflexions amères sur le fonctionnement antidémocratique de l’organisation ex-communiste, mais sans que les décisions qui s’imposent ne soient appliqués.

Ce qui amène directement à la seconde. Ceux et celles qui pensent cela sont satellisé autour du PCF, même s’ils ou elles n’en font pas partie. Ces militants et militantes sont en orbite autour d’une organisation anémique, sans parvenir à obtenir une « vitesse de libération » suffisante pour envisager autre chose.

L’argument principal est celui de la masse de militants et de militantes qui restent au PCF, ainsi que de la structure. C’est là une faute idéologique. La masse de militants reste au PCF parce que les militants et militantes les plus avancées ne s’en détachent pas non plus pour proposer quelque chose qui puisse leur permettre de le quitter. De l’autre, la structure n’est pas primordiale. Elle est une déclinaison de la stratégie, elle est l’outil de celle-ci. Récupérer une structure de parti réformiste en croyant que cela en fera un parti révolutionnaire, cela revient à se tromper lourdement sur les raisons qui poussent à s’organiser.

A un certain nombre de reprises dans l’histoire récente, des militants et des militantes ont proclamé la fondation du Parti révolutionnaire. Certains l’ont décrété, d’autres ont agi, en interne, comme si c’était le cas. Nous pensons qu’ils et qu’elles se trompent en faisant cela. Nous pensons que cette proclamation est prématurée. Il reste des étapes à franchir.

Nous pensons que ce qui détermine un Parti est différent de ce qui détermine une organisation politique. Dans un texte de septembre 2018, inédit jusqu’à présent, nous nous exprimions ainsi :

Comprendre la question du Parti demande tout d’abord de la replacer dans un certain cadre et de ne pas la traiter comme un fétiche. Le Parti n’est pas une fin en soi, il est un moyen. Il est le moyen par lequel les masses s’organisent, sont dirigés par leurs éléments les plus avancés, et peuvent faire la révolution puis procéder à la construction du socialisme dans sa phase inférieure puis supérieure. Le Parti est donc un moyen, un moyen essentiel, mais construit autour d’un certain pragmatisme. Son but est de fonctionner convenablement. Avoir stratégiquement raison ne suffit pas. Il faut également être capable d’être tactiquement dans le vrai, mais même de l’être aussi d’un point de vue de l’opératique, c’est-à-dire agir d’une manière qui permet de triompher des obstacles. Il est vrai que, idéalement, l’opératique, la tactique, devraient être étroitement subordonnés à la stratégie, mais dans les faits, dans la construction du parti, cela exige parfois d’accepter de temporiser sur sa volonté de démonstration et sur sa volonté de polémique pour pouvoir, d’une manière large, construire l’espace qui permettra après de traiter ces questions d’une manière réelle, influente, efficace et, surtout, décisive.

Qu’est ce qui détermine le Parti par rapport à l’organisation ?

Ce n’est pas forcément une barrière si aisée à définir. Il est possible de faire une analogie avec la vie. Qu’est ce qui détermine ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas ? Deux aspects.

Un métabolisme et un matériel génétique. Le matériel génétique est la théorie, l’idéologie. Le métabolisme est la possibilité d’avoir une action positive, affirmative, vis-à-vis de l’environnement, d’avoir un ordre du jour qui ait un impact, qui puisse être autre chose que simplement répondre à la bourgeoisie, mais bien pouvoir avoir un propre programme.

Avoir un métabolisme sans théorie revient à faire régner l’opportunisme, mais disposer d’un matériel théorique sans métabolisme et se contenter de cela, c’est rester au stade viral de la vie, une vie parasitaire. C’est dépendre de la bourgeoisie ou d’autres organisations pour exister et cela revient également au fait de n’avoir qu’une action incantatoire dans la lutte des classes.

Or, un parti pour exister, doit disposer des ramifications, de liens avec les masses, mais également de la possibilité d’agir de manière opérationnelle et indépendante de la bourgeoisie, de disposer de ses forces propres, de disposer de ses moyens propres, et d’avoir la capacité de pour mettre en œuvre un certain nombre de dispositifs. Un Parti se définit donc par son contenu idéologique, mais également par les dispositifs opérationnels qu’il peut mettre en place. »

Ce qui nous ramène à ceux et celles qui ont proclamé la fin du processus de construction, la fin du travail de rassemblement et d’unification. Nous avons du respect pour leur travail, mais cela ne nous empêche pas de penser qu’il est prématuré. Nos expériences personnelles, bien avant la fondation de l’UCL, nous ont amené à rencontrer un grand nombre de cas de figure de ce type, dans lesquels, finalement, il est possible de retrouver un certain nombre de constantes.

« Au sein de ces organisations qui fonctionnement comme des partis en miniature avec leurs bureaux, leurs secrétariats, la théorie et l’idéologie sont proclamées comme étant des vérités. C’est la foi qui règne, car elles n’ont pas la masse critique pour faire le travail de démonstration scientifique. L’adhésion est sur la base d’un corpus de textes et d’auteurs et de vérités indémontrables scientifiquement parlant. Leur relation aux masses n’est que par l’incantation.

La compréhension de l’étape du parti est, au mieux, comptable, mais n’est pas le fruit d’un bond qualitatif. On ne saurait améliorer ce qui est parfait. Le bureau de ces organisations se vit en permanence comme étant dans un état de siège idéologique, comme voyant toute autre ligne comme une déviation révisionniste incorrigible.

La progression dans la maîtrise idéologique, dans ces organisations, se fait selon la recette de la scolastique. Militants et militants acquièrent et répètent à l’infini les préceptes érigés par leur direction comme une vérité absolue et immuable. Cette connaissance universitaire ravale, de plus, le marxisme au rang de fétiche et non de guide pour l’action.

Trois conséquences directes : d’une part, les autres organisations sont ignorées ou considérées comme hérétiques. L’unification ne peut se faire, de fait, car la foi parfaite ne peut trouver de terrain d’entente, ne peut évoluer, ne peut être débattue. Le un se divise en deux est ainsi employé comme excuse pour rejeter toute évolution de manière préemptive.

Deuxième conséquence, elles ne peuvent organiser la classe ouvrière, du fait d’une exigence de connaissance universitaire de la théorie. Exigeant la perfection, elles se retranchent derrière sas après sas pour filtrer les entrées.

La troisième conséquence est que les mots d’ordres ne correspondent par à la réalité sociale, à la situation politique ou au niveau de conscience des masses. Ces organisations s’adressent à la petite bourgeoisie radicale, mais ne peuvent parler aux prolétaires »

Nous ne pensons pas que le processus soit terminé, nous pensons que ces organisations se trompent dans la « recette » du Parti, tout comme dans le fait de savoir ce qui sera le centre de celui-ci.

Nous ne croyons pas que nous soyons le centre de gravité. Nous ne pensons par que c’est par accrétion autour de nous, par absorption-intégration, que nous grandirons. Nous pensons que c’est au contraire par le fait que cela ne peut se faire qu’autour d’une fusion qui liquidera les anciens cadres organisationnels pour en créer de nouveaux, communs et uniques.

Notre participation récente à l’ICOR, tout comme le travail que nous faisons au niveau national découle de ces constats. Nous ne connaissons pas toutes les organisations participant à cette coordination internationale. Nous n’avons pas tout lu ni statué sur l’intégralité des prises de position qu’elles ont pu avoir au présent comme par le passé.

Nous pouvons certainement trouver des désaccords à formuler. Cela ne représente aucune difficulté. Nous sommes certains que si nous voulons trouver des alibis au fait de rester en dehors de cette coordination, nous pourrions sans peine en trouver. Nous pourrions rester, ainsi, à couver notre vérité pure et parfaite sans jamais la confronter à d’autres, sans jamais tenter de la prouver, de la démontrer et de la défendre. Nous pourrions être satisfaits de notre grandeur et regarder avec condescendance toutes les forces politiques qui nous entourent, nationalement et internationalement.

Ou nous pouvons partir du principe que nous ne faisons pas de procès d’intention aux organisations membres de cette coordination. Nous pouvons partir du principe de cesser cette politique de défiance et de méfiance et partir du principe que nous nous adressons avant tout à des camarades communistes qui cherchent à travailler à la même chose que nous. Nous pouvons partir du principe que les critiques que nous pouvons formuler ne sont pas là pour justifier un isolement et un désengagement, mais qu’elles sont des pierres à apporter à l’expérience commune d’organisations politiques qui cherchent à bâtir une unité internationale. Nous pouvons partir du principe que nous serons écrasés par un moule normatif ou que nous participons ensemble à construire un outil qui peut nous permettre de remporter des victoires et de disposer d’un espace de recherche et de débat prolétarien permettant d’affûter notre idéologie et ses applications concrètes.

« Paradoxalement, la grande connaissance de l’histoire des partis communistes leur fait perdre de vue la véritable manière dont ils ont fonctionné. De cette histoire, on ne retient que les scissions, que les conflits internes, que les purges, mais pas les principes de fonctionnement du Parti. Surtout le fait que l’adhésion idéologique n’était pas la base, mais bien l’adhésion politique. Il existe, par ailleurs, une tendance à pratiquer un raisonnement téléologique chez les militants et militantes. Il s’agit de ce que nous avons analysé de notre propre pratique et de nos erreurs. Cette tendance pousse à surestimer constamment les difficultés et à fonctionner sur le mode de l’imputation et du procès d’intention.

A nos yeux, la ligne la plus importante est celle qui constitue la dictature du prolétariat. Pourquoi ? Car elle contient en germe toutes les autres questions. La forme de l’organisation, pour l’instaurer, sa discipline, pour réussir, mais également la forme souhaitée du pouvoir une fois la victoire obtenue. Les adhérents, pour être admissibles, n’ont pas besoin même de formuler ce concept selon l’expression consacrée, mais simplement d’en comprendre les tenants et les aboutissants, pour ne pas rester sur un rejet sémantique.

Exposer cette problématique n’est pas suffisant en soi, car cette tendance est omniprésente. Nous l’avons vécu dans les processus d’unification, qui ont tous été voués à l’échec. Il faut prendre des risques, oser avancer, oser s’unifier. Quitte à perdre ce que nous avons construit, car, sans cela, cette construction est vaine et sans objet.

D’un point de vue pratique nous défendons le fait de proposer une rencontre de l’ensemble des organisations qui se revendiquent de la dictature du prolétariat pour qu’existe une reconnaissance mutuelle des organisations les unes vers les autres. D’autre part nous souhaitons développer des cadres de débat pour permettre d’avoir un travail de discussion politique qui soit transorganisationel. »

Notre organisation proposera bientôt ces cadres. Elle proposera largement aux communistes de s’y associer dans le but d’avancer en commun dans la construction d’une organisation qui permette de répondre aux besoins de la classe ouvrière, des exploités, des opprimés.

Nous savons que ce genre de processus est effrayant pour ceux qui s’arc boutent sur leur minuscule royaume. La peur d’être inaudible, la peur d’être entraîné dans quelque chose de médiocre. Peut-être notre « immense sagesse » ne sera t-elle pas reconnue au premier jour, peut-être nous faudra t-il faire la preuve de celle-ci. Devons-nous le redouter ? Tant que le cadre de débat reste ouvert et qu’il permet que les positions évoluent, s’affinent, se décantent, non. Peut-être découvrirons-nous que nous avons tort. Dans tout les cas, soit nos forces et nos organisations doivent être risquées dans un processus qui permette d’avancer idéologiquement et organisationnellement, soit elles n’ont strictement aucun intérêt. Autant les démanteler et renoncer. Nous ne finirions que comme ces « navigateurs en solitaire du léninisme », inorganisables, ingérables, inutiles à toute lutte et toute cause.

En dernière instance, mieux vaut être dans un parti qui puisse courir le risque d’être, à un moment, tactiquement dans le faux que de rester seuls à végéter, contemplatif de la lutte des classes qui se déroule sans nous. Si nous ne franchissons pas ce pas, nous continuerons d’être des spectateurs. Même si nous échouons, nous en apprendrons plus pour mieux avancer que si nous ne faisons rien.

Les Gilets Jaunes nous donnent une leçon de vie et une leçon de politique. Leur mouvement est une démonstration salutaire qui nous renvoie à nos manques. D’une part, vers les travers du milieu militant : le fait qu’il ait capitulé pour rester un entre-soi, le sectarisme et le mépris de classe…

D’autre part vers les schémas préconçus et préétablis d’organisations routinières, incapables de saisir la réalité de la lutte des classes actuelle. Vers les croyances en un incontournable cursus honorum de la lutte, au travers des syndicats, des organisations politiques, des collectifs et des partis. Pourtant, c’est le réformisme, le clientélisme, la perte de combativité tactique et stratégique qui explique ce débordement.

En dernière instance, cette mobilisation nous ramène à notre propre incapacité à avancer de manière sérieuse, rigoureuse, déterminée, vers le fait de construire l’outil l’arme du combat, l’outil de la révolution, le Parti Communiste Révolutionnaire.

L’image que reflète le miroir de la lutte des Gilets Jaunes n’est pas particulièrement agréable à regarder. Mais il n’est d’aucune utilité de s’en prendre au reflet ou à le croire déformant. Il n’y en a qu’à grandir pour se hisser à la hauteur de la tâche qui nous incombe.

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