La police est elle encore convenable ?

Dernièrement, le porte-parole de Unité SGP-Police – Force Ouvrière a défrayé la chronique. Déclarant publiquement qu'appeler quelqu'un "bamboula" est "à peu près convenable", Luc Poignant a ouvert une boîte de Pandore, celle de la tolérance face au racisme.

Considérer, en tant que représentants de l'ordre bourgeois, que l'infraction raciste "bamboula" puisse être "convenable" est révélatrice d'une mentalité particulière.  Elle est le reflet de la mentalité de bête assoiffée de sang, entretenue par l'administration, que peut avoir, régulièrement, la Police.

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Adama, Théo, Wissam, Medhi, Rémi, Alexandre, mais aussi Umut, victime de la police Suisse, la liste s'allonge à un rythme insoutenable, entre les violences, les crimes et les meurtres. Une police qui n'hésite pas, lorsqu'il faut briser, à aller jusqu'à anéantir physiquement ses victimes.

Nous clamons rarement A.C.A.B. [All Cops Are Bastards] car nous ne pensons pas que notre regard doive se porter individuellement sur les policiers, qui, au final, présentent un kaléidoscope fascinant de parcours et de personnalités, avec cependant des relents réactionnaires bien réels, mais bien sur l'administration elle-même.

Mais qu'importe.

Certains soldats profitent des guerres pour se servir des populations civiles comme exutoires. Certains se comportent en parfaits gentleman. Mais c'est principalement sur le fond que se jugent les affaires. Or, la Police, quelque soit l'attitude des policiers -même s'il faut dénoncer chaque crime- se caractérise par le fait qu'elle soit une force en guerre contre les masses populaires.

Non pas du fait individuel des policiers, mais bien parce que c'est sa tâche.

Dans un monde magique où la Police respecterait à la lettre le code de la déontologie, où elle respecterait les règlements, où il n'y aurait aucunes exactions de sa part contre les masses, elle n'en resterait pas moins un obstacle à la lutte contre l'exploitation, contre la bourgeoisie, contre le capitalisme.

Cela ne suffit pas.

La Police est un corps détaché des masses. Elle n'en fait pas partie. Si ses membres peuvent être issus des classes populaires, ils et elles n'en font pour autant plus partie. Ils sont arrachés par la bourgeoisie, tout comme les membres de la Gendarmerie, de l'armée, à leur classe, à leur milieu social. Ils et elles sont mis dans un cocon, dans ces centres où on leur inculque leur mission. Dans ces centres, ils et elles apprennent, parfois avec en sus le sadisme de caserne, l'esprit de corps, l'esprit d'obéissance. Cela sera d'autant plus efficace que la hiérarchie favorise les plus féroces, les plus haineux.

Lancés, dans leurs uniformes, face aux classes populaires, ils et elles découvrent combien les laquais des bourgeois sont haïs par celles-ci. La Police n'est pas aimée par ceux qui subissent l'exploitation la plus noire.

Surfant sur cette détestation, la hiérarchie n'entrave nullement la formation d'une carapace de haine dans l'esprit du membre des forces de l'ordre. Haine alimentée par des préceptes racistes, par des pensées, des conceptions, directement issus de l'ordre colonial. Si "Bamboula" apparaît "encore convenable" à notre Syndicaliste de Force Ouvrière, imaginons ce qui ne l'est pas. Cela illustre pleinement cette continuité.

La jeunesse des quartiers populaires est, dans les yeux de nombreux policiers, peuplée d'animaux sauvages, de semi-humains qu'il faut mater. Il faut blesser ceux et celles qui se rebellent, par les injures, les coups, les viols. Nul étonnant que dans ces croisés autoproclamés, le FN rafle les suffrages. Marine Le Pen est par ailleurs allée faire les yeux doux à la police, en étant la seule politicienne à défendre bec et ongles les policiers inculpés, au mépris des preuves au mépris des évidences. Pour une fois, chose rare à moins qu'il ne s'agisse de ses membres mis en examen, le Front National évoque la présomption d'innocence. Pour un parti réclamant la peine de mort pour les violeurs, la contradiction est flagrante. Il est par ailleurs bien rare de voir le FN prendre position pour condamner les actes de la Police, même lorsque la justice les condamne.

Or  cette Police, nous n'en avons pas besoin. Elle ne défend pas les intérêts du peuple, pas plus que la justice bourgeoise. Elle défend prioritairement, essentiellement l'ordre social.

Nous n'avons pas besoin de cette police et nous voulons, par notre projet politique communiste, apporter sa négation ainsi que celle de l'ordre injuste qu'elle sert, celui de la bourgeoisie.

En cela, nous nous opposons à la pensée réformiste, du type de celle du social-chauvin Mélenchon, considérant qu'il suffit de purger la Police de ses éléments gangrénés pour la sauver.

Mélenchon pose une énigme à chaque pas. Il est d'une délicatesse d'ange que de parvenir à déterminer la fine barrière entre la bêtise et le mensonge, lorsqu'on s'intéresse à ce qu'il écrit. Or, lorsque Mélenchon ne comprend pas, ou feint de ne pas comprendre la nature de classe de la police, qu'il résume ça à quelque chose de personnel et non de structurel, il est délicat de savoir si nous avons à faire à un doux idiot ou à un menteur.

Etant donné son parcours, ex-membre de l'organisation Trotsko-chauvine OCI avec son laquais Alexis Corbière, il est difficile pour ce politicien d'ignorer, la place de la police dans la domination de la bourgeoisie. S'il ne l'ignore pas et qu'il cache cette nature, il agit comme tous les autres politiciens bourgeois, sans exception. Il agit en prêtre du capitalisme et de la bourgeoisie, en grand mage chargé d'entretenir auprès des masses l'illusion démocratique. S'il agit ainsi, actons le fait qu'il soit de ce côté-là de la barricade et cessons d'en parler.
S'il l'ignore complètement, c'est un benêt et n'en parlons plus non plus.

Cependant, il porte en lui les gênes d'une position que nous retrouvons sous de nombreuses déclinaisons dans l'extrême-gauche officielle, ce patrimoine génétique trotskiste qui se retrouve aussi chez L.O.

Cette position est platement économiste, platement ouvriériste. C'est une vision en rase-motte, sans la moindre hauteur et la moindre compréhension politique.  Elle considère que la police est "un travailleur en uniforme." Le policier ou la policière travaille, c'est donc un travailleur ou une travailleuse, et à ce titre, il est essentiel de le ou la défendre. Point final. Nulle analyse de classe, nulle compréhension. Cette vision dépolitisante et dépolitisée de la société se retrouve y compris chez F.O. Police, qui lutte contre les caméras piétons sur les agents, "car cela pourrait servir disciplinairement contre eux."

N'importe quel quart-de-gauchiste, n'importe quel démocrate au rabais trouverait cela bénéfique que la police soit surveillée et contrôlée. Mais pour F.O., pour L.O., c'est inacceptable ! C'est une atteinte aux droits des travailleurs !

Même la "légitime défense" controversée des policiers est défendue avec une énergie sans bornes. 

Leur position, que nous avions déjà ardemment critiquée pour son caractère particulièrement douteux, est presque plus proche de celle du Front National que de celle, doucereuse mais non néfaste, de Mélenchon. Sans crier à l'hitlero-trotskisme, il est difficile cependant, de ne pas pointer du doigt le caractère profondément réactionnaire du soutien à la Police accordé par la "candidate des communistes." Au moins, reconnaissons le, Mélenchon ne se pare pas du marteau et de la faucille pour la traîner dans la boue.

D'une manière générale, hors la position syndicale sectaire et corporatiste, hors de la position réformiste "humaniste",  les candidats de gauche aux élections ne présentent rien.

Et pour cause.

Dans le cadre étroit du capitalisme, rien de cela n'est possible. La bourgeoisie ne peut tolérer l'organisation armée du peuple pour sa défense, cela tombe sous le sens.

La police, les forces de la coercition bourgeoise ne s'amendent pas, ne se conquièrent pas, elles doivent être démantelées.

Si une propagande doit être tournée vers eux, car les communistes s'adressent à toutes les classes, même les catégories les plus réactionnaires, cette propagande ne peut se fonder que sur la dénonciation et la démoralisation. Dénonciation des contradictions entre la visions de leur idéal de mission et la réalité; démoralisation de ceux et celles qui s'en rendent compte.

Nous communistes, nous avons appris de la Commune de Paris une leçon essentielle: c'est uniquement l'organisation indépendante du peuple, l'autodéfense populaire, qui est la clé de la sécurité du peuple. Nous savons que, même après une révolution socialiste, des contradictions économiques, des contradictions politiques, des contradictions au sein des masses populaires font que le jour ne se lèvera pas spontanément sur une aube rose et de paix perpétuelle.

Des délits, des infractions, des crimes existeront toujours après la révolution.

Mais là où les bourgeois détachent des forces de répression, des unités de combat spécialisées pour imposer un ordre de fer, basé sur les sanctions et les tribunaux, nous, nous croyons en la capacité du peuple à lutter contre ces travers. Nous croyons à la nécessité des milices populaires, contrôlées démocratiquement par les comités populaires, et entretenant les rapports les moins judiciarisés possibles avec les masses. Le rôle premier de ces forces est éducatif, est de corriger les attitudes néfastes par la conviction, par l'explication, non par la répression.

 Si les crimes, si les délits sérieux -bien que, le socialisme avançant, leur base matérielle soit peu à peu sapée- si ces affaires demandent des scientifiques capable d'enquête, la sécurité de tous les jours ne doit pas être la tâche d'organisations spéciales, mais bien celle du peuple, le plus à même de veiller à sa sécurité.

Cependant, certains, et d'une bonne foi totale, déclareront qu'il est temps que la justice soit rendue uniquement sur la base d'une justice populaire et expéditive. Nous nous méfions de ceci. Après tout le "sain sentiment populaire" a excusé de nombreux abus, à commencer par les lynchages de noirs dans un Sud des Etats-Unis où les juges et les shérifs étaient pourtant mandatés.

Nous savons que les idées réactionnaires, y compris les idées fascisantes, les tendances mafieuses -qui existent même là où règnent les intentions les plus louables- seront toujours fortes. Cette justice ne peut être que politique. Sa forme ne suffit pas à mécaniquement la prémunir contre toutes dérives. Ce n'est que parce que des militants bien formés et sincères s'y investiront qu'elle pourra ne pas sombrer dans une variante de néo-féodalisme ou de mafia au service d'une clique.

Le droit lui-même doit changer. Le droit bourgeois sanctionne, à un instant T, un rapport de force entre les masses populaires et la bourgeoisie. Il est un outil qui sert à normaliser l'exploitation odieuse et criminelle. S'il pose des limites à l'arbitraire et aux exactions de la bourgeoisie, et qu'en cela il peut être un outil positif, la bourgeoisie dernière n'hésite pourtant pas à régulièrement en outrepasser les limites.

Notre droit est un droit transformant. Il n'est pas là pour sanctionner le rapport de force, il est là pour faire avancer la transformation de la société bourgeoise, de la société de classe, en une société sans classe ni Etat. Ceci ne se fait pas en un décret, mais bien en une lutte progressive, avec ses moments de calme et ses moments de lutte aigüe. Cet outil doit servir à  raffermir la dictature du prolétariat contre ses ennemis de classe, et également à faciliter la transformation de la société.

Nous Communistes, ne prenons pas les choses à la légère, et nous savons qu'il ne suffira pas d'incantations et de phrases chocs pour gagner. Nous sommes loin de pouvoir mettre en œuvre ces objectifs de manière complète. Nous sommes loin d'avoir fait la révolution. Elle est l'étape par laquelle ceci devient possible.

Nous n'avons pas vocation à rester dans une critique passive de la Police, même s'il n'existe pas encore  de force de défense autonome. Nous n'avons pas, pour le moment, de vaste camp du peuple, capable d'exercer une justice de classe, de protéger les masses populaires, d'être leur bouclier mais aussi leur épée. En un mot, il n'existe pas encore de double-pouvoir. Certains, à raison, mentionnent que, que nous le voulions ou non, la Police détient le monopole de la violence légale, et la justice bourgeoise celui de la condamnation. Pourtant à l'heure actuelle, nous pratiquons déjà, à notre échelle, certains ferments de ces principes. Dans les collectifs antifascistes, dans la lutte contre la répression, nous défendons, mais aussi pratiquons les principes d'autodéfense populaire, d'organisation indépendante de la bourgeoisie. Nous pratiquons cette défense, ce soutien collectif, sur des bases politiquement progressistes.

Le chemin est encore long jusqu'à ce qu'une force politique cohérente, organisée, qu'un Parti Communiste de l'Etat Français, soit en mesure de pouvoir, de nouveau, aligner ses milices populaires pour protéger les masses de la bourgeoisie et des fascistes.

A bas la police bourgeoise ! Vive l'autodéfense populaire !

Vive la lutte pour l'émancipation du peuple !

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