Filoche antisémite ?

Filoche antisémite ?

Gérard Filoche est désormais expulsé du Parti Socialiste à la suite d’un tweet. Celui-ci présentait Macron avec un brassard marqué d’un dollar évoquant celui du NSDAP, entouré de Jacques Attali, de Patrick Drahi et de Jacob Rothschild le tout agrémenté d’un drapeau Etatsunien et Israélien. L’origine de la photo, issue de la fachosphère, plus précisément de Egalité et Réconciliation, a déclenché le feu aux poudres, entraînant des plaintes de la LICRA et du CRIF et poussant le bureau du Parti Socialiste à voter, à l’unanimité, son exclusion.“C’est une décision très négative, ça va affaiblir le PS car ça repose sur un mensonge” déclare Filoche, qui annonce saisir la commission des conflits.

Le coordinateur du parti, Rachid Temal, a déclaré : “La famille socialiste (…) a été durement marquée par ce tweet antisémite. (…) Nous touchons à l’essentiel même de nos valeurs, parmi lesquelles les valeurs de la République, l’humanisme, le combat contre le racisme et l’antisémitisme. (…) Il n’est pas possible qu’un dirigeant du Parti socialiste puisse tweeter ce tweet qui reprend les codes antisémites des années 30. (…) Ce soir le PS a pris la seule décision qu’appelait ce tweet”.

Quant à Jacques Attali, il a annoncé son intention de porter plainte pour incitation à la haine raciale.

Gérard Filoche a agit avec une stupidité manifeste en publiant cette image, laquelle est clairement antisémite, formant une négation de l’impérialisme français, alimentant -c’est bien son rôle- les approches complotistes et souverainistes. Il s’en est rapidement excusé au travers du même média, retirant l’image et expliquant qu’il avait été inconséquent en la publiant.

Bien que cela soit révélateur d’une manière d’agir sans réflexion, sans jugement, sans prise de conscience, nous penchons tout de même l’hypothèse de la bonne foi dans ce cas de figure. Filoche n’est pas particulièrement connu pour ses ambiguïtés quant à l’antisémitisme. De ce point de vue là, il semble que la déferlante qui le frappe révèle des troubles sous-jacents au sein du Parti Socialiste, mais bien également au sein de la société française.

Nous n’aimons pas Gérard Filoche, qui est l’incarnation même du trotskisme dans toute sa splendeur. Il est issu, comme Mélenchon, de l’OCI, cette secte lambertiste, véritable ANPE du trotskisme, centrale de l’entrisme, dont sont issus également Corbière ; l’ex-premier ministre Jospin [comme quoi les trotskistes ont déja exercé le pouvoir !] ; mais aussi le conseiller d’Emmanuel Macron Romain Goupil ; ou encore Gilbert Collard.

Membre d’une gauche anticommuniste, il est notoirement connu pour avoir, en 1991, sauté de joie à l’annonce de la chute de l’URSS, titrant l’édito de son torchon trotskiste, alors à la LCR, d’un grand “Champagne !” Il l’a célébré comme l’apothéose de la réussite d’une lutte qui fut l’alpha et l’oméga du mouvement trotskiste : la lutte contre le communisme. De même nous n’aimons guère le sale rôle de rabatteur qu’il effectue au sein du Parti Socialiste, dont il est membre du bureau politique, incarnant une gauche domestiquée, uniquement maintenue pour entretenir l’illusion d’un possible virage à gauche du parti qui a causé le plus de tort aux travailleurs.

Pourtant, malgré le fait que nous n’apprécions pas ce laquais servile, nous trouvons que sa menace d’expulsion soulève des aspects inquiétants. Si nous le défendons aujourd’hui, ce n’est pas comme nous défendrions un camarade. Nous ne partagerions pas ce que pouvait écrire le NPA sur lui : “Au sein de ce parti de tous les reniements, Gérard Filoche, à sa façon, a défendu les intérêts du monde du travail.” Les trotskistes ne se renient pas. Filoche était un faux-ami, un faux-camarade, un agent de la diversion, un rabatteur de la bourgeoisie.

Pourtant nous le défendons aujourd’hui.

Nous ne le défendons pas comme l’ont fait certains, criant à l’omerta, criant au complot juif, clamant que Gérard Filoche venait de trouver la foi, l’illumination, en se dressant contre le lobby, le complot, ou d’autres élucubrations. Non.

Nous le défendons sur la base de ce qui nous paraît être une manœuvre basse, sordide, utilisant cette erreur comme prétexte pour attaquer ce personnage, mais également pour amplifier un climat vénéneux.

Depuis plusieurs années, celui-ci semble exprimer des relents plus que putrides. Un sentiment de montée en pression fait jour peu à peu. Il ne date pas d’hier. Depuis la crise de 2008, des tentacules fascistes semblent étendre leurs ramifications dans l’ensemble de la société.

2015 et les attentats jouent un rôle de catalyseur. Ce qui, avant, était considéré comme des positions honteuses, s’affiche désormais comme une norme. Le terme islamo-gauchiste, réservé à l’extrême-droite, fait même une percée dans le vocabulaire des élections présidentielles. Et ces termes n’apparaissent pas dans une frange proche de l’extrême-droite, mais sortent de la bouche du socialiste Manuel Valls, illustrant la porosité de la politique bourgeoise aux idées fascisantes.

Manuel Valls, battu, humilié, ridiculisé lors de ces élections, s’est mué en croisé agressif et vindicatif, cherchant à opérer une résurrection par ce biais.

Aujourd’hui, les attaques pleuvent sans cesse.

Les “vallsistes” mènent aujourd’hui une campagne de haine permanente. Ce courant protéiforme fédère autant des droitiers notoires que l’équipe dirigeante de l’ex-journal gauchiste Charlie Hebdo. Chacun se lance dans le conflit, instrumentalisant sans la moindre honte tout ce qui peut servir à nourrir leur guerre raciste.

Un jour contre Sonia Nour, à la suite d’une déclaration qui, il est vrai prêtait particulièrement le flanc à ce genre d’attaques.

Un jour contre Obono et Mélenchon, en faisant les agents de l’antisémitisme et de l’islamofascisme ou gauchisme, selon le gout du jour.

Un autre jour contre la France Insoumise et contre le PCF, en prenant appui sur l’affaire Salah Hamouri, tentant d’assimiler l’opposition au colonialisme israélien à de l’antisémitisme. Sur ce point, l’attitude des députés FI et PCF fut exemplaire, quittant l’Assemblée plutôt que de couper dans le jeu sournois des provocateurs.

Un autre jour contre Edwy Plenel et Mediapart, affaire dans laquelle le dessinateur et éditorialiste Riss a truqué sans vergogne les déclaration de Plenel, lui attribuant des déclarations de guerre fictives.

Aujourd’hui, c’est Filoche qui arrive sur les bancs de l’accusation pour les raisons précitées. C’est une manière d’enfoncer le clou, mais aussi la liquidation d’un opposant à une dislocation du PS, et à sa reconstruction sous la forme d’une organisation réactionnaire sur toute la ligne.

Dans le même ordre d’idée, l’avocat Dupont-Moretti subit les foudres de Bernard Henri Levy quant au fait de respecter les droits, pourtant constitutionnels, de la défense, sous prétexte de la qualité de l’accusé.

Pour finir, dans une note plus exotique, Finkielkraut s’en est pris à la campagne #balancetonporc, utilisée, selon lui, pour “noyer le poisson de l’Islam.”

Valls et ses réseaux ne partent pas bille en tête, seuls. Macron les adoube. La bourgeoisie les encense. Les classes dominantes les applaudissent : ils et elles préparent l’après Macron.

L’ennemi de la campagne, l’extrême-droite, n’est plus la cible. Il cède la place aux contestataires de gauche, aux passeurs de migrants, aux anarco-autonomes, aux antifas, aux syndicalistes, aux communistes, à tout ce qui s’oppose à la guerre antisociale.

L’extrême-droite n’est plus l’ennemi, elle incarne une voie de secours pour la bourgeoisie, après la destruction du centre, inéluctable, liée à la politique kamikaze de Macron.

A la droite de Macron, un monstre se forme. Un vieux rêve de la droite se réalise, celui d’une jonction donnant naissance à une droite élargie. Wauquiez ouvre les bras au retour d’une Marion Maréchal-Le Pen, ayant fini son éclipse, après avoir “pour le moment, définitivement quitté la politique.” C’est dans ce pôle que réside les espoirs des classes dominantes.

Derrière ses attaques de surface, une lame de fond balaie également les questions historiques. Lors des anniversaires de 1917 ou de l’assassinat du Che par les milices fascistes, certains intellectuels s’en sont ainsi donnés à cœur joie.

Pascal Ory, un éminent tapis de bain de la bourgeoisie, officiant à Science Po paris, a ainsi expliqué que Lénine et Che Guevara étaient les parrains de rien moins que le terrorisme international dans son ensemble.

Une belle manière d’entretenir la chimère de l’islamo-gauchisme, de l’islamo-communisme, et d’opérer une jonction sur deux des projets de la bourgeoisie : mener des guerres de diversions, en instillant la haine au sein des classes populaires, et souffler sur les braises de l’anticommunisme.

Dans une certaine mesure, l’Islamo-gauchisme remplace, ainsi, le judéo-bolchevisme.

Ce ne sont pas que des mots.

Ces attaques ont un caractère de préparation idéologique. Une préparation idéologique au sens propre, frappant les contestations qui vont immanquablement naître de la politique de Macron et de ses sbires. Une préparation idéologique et une mobilisation des esprits dans un sens réactionnaire.

Une lame de fond dangereuse, tant dans les discours politiques que dans la loi, se met en branle. Tout ce qui s’oppose, même les modérés, même les républicains peuvent être taxés de terroristes ou d’agent du terrorisme.

Pendant ce temps, les vrais bourreaux, les véritables ennemis du peuple sont protégés, se pâment, se gavent de profits. Pendant ce temps, les apprentis terroristes fascistes, comme ceux de Dijon, sont libres. Libres de semer la haine, libre de frapper. Ce n’est pas l’Etat bourgeois, ce n’est pas la bourgeoisie qui mettre un terme à ces actions.

Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces, notre unité, notre solidarité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *