Prolétaires sous l’uniforme ?

L'organisation trotskiste Lutte Ouvrière s'est fendue d'un communiqué sur les manifestations des policiers qui est plus que révélateur de ses conceptions idéologiques. 

Niant la violence de classe de la part de la bourgeoisie, elle prend le parti de soutenir la police, gémissant sur le fait que les attaques contre les policiers soient des actes condamnables. "On ne peut évidemment qu’être choqué des agressions gratuites répétées à l’encontre des policiers."

La violence du peuple répond à la violence de la bourgeoisie. A la violence de l'exploitation, à la violence de la discrimination, à la violence du racisme institutionnalisé.

Que nous puissions débattre des moyens par lesquels elle s'est exprimé est une possibilité, en effet, mais en nier le fond de classe, s'est être un allié de la bourgeoisie. 

"Leur hiérarchie les dépêche contre des locataires s’opposant à une expulsion ou des parents d’élèves à une fermeture de classe et contre les travailleurs en grève et les manifestations ouvrières." Est un fait indéniable. Cependant, bien qu'ils en soient le bras armé, parfois contre leur gré, leurs revendications, ainsi que celle de leur mobilisation ne sont pas des revendications progressistes. 

Les policiers ne dénoncent pas, en gentils hommes et femmes empreints d'amour, "La dégradation de la situation (…) subie dans toutes les cités, dans tous les quartiers. " Non, ils réclament plus d'armes, plus de libertés, plus de moyen pour mener à bien leur mission d'oppression. Ils réclament des moyens pour servir plus efficacement la bourgeoisie et écraser plus efficacement le peuple.

 "l'une des premières revendications porte sur le matériel. Les policiers se plaignent souvent d'avoir des locaux vétustes, du matériel informatique hors d'usage ou des véhicules et des protections qui ne sont pas adaptées." Selon le journaliste Hakim Abdelkhalek , "Bernard Cazeneuve promet d'accélérer la modernisation de tous ces équipements. Sur ce point, Manuel Valls avait déjà promis des véhicules anticaillassage ainsi que des protections antifeu."

 

Une des revendication "porte sur les missions. Les policiers se disent fatigués, épuisés moralement et physiquement. Au total ils ont accumulé 18 millions d'heures supplémentaires." D'ailleurs, le journaliste ajoute que ce mercredi 19 octobre au soir, "Bernard Cazeneuve promet de recentrer le travail des policiers sur leur cœur de cible. Les policiers demandent par exemple à être déchargés de certaines missions comme la protection de certains bâtiments publics."

C'est une erreur de conception que de croire que la bourgeoisie " s’intéresse aussi peu à la vie des quartiers populaires qu’à celle de leurs forces de répression sur le terrain. " Bien au contraire, l'utilisation de l'Etat d'urgence, les méthodes inspirées par l’expérience coloniale sont autant de moyens mis en oeuvre pour contrôler ces quartiers. Ce qui ne leur importe pas le moins du monde, en revanche, c'est la misère qui y règne. Tant qu'elle n'explose pas. 

"Les possédants ont besoin d’une police pour protéger leurs biens et leur ordre social, cette police largement utilisée par exemple lors du mouvement contre la loi El Khomri." Voilà une vérité bien assénée. Une vérité qui devrait pousser l'organisation trotskiste à réfléchir à deux fois avant de pleurer sur les malheurs des agents de la bourgeoisie. 

"L’espoir, aussi lointain puisse-t-il paraître aujourd’hui, réside dans plus de conscience, plus d’organisation, plus de solidarité, plus dans confiance dans la classe ouvrière et le combat pour changer le monde." Encore une fois, Lutte Ouvrière effleure la vérité pour ensuite s'enfoncer dans la bêtise. 

Lino, du groupe de musique Arsenik, écrivait que "si l'espoir fait vivre, ceux qui vivent d'espoir meurent de faim." Poser les questions en terme d'espoir est un bien piètre vœu. Communistes, nous posons les questions non en terme d'espoir mais en terme de tâches à remplir. Et lutter contre les détachements armés de la bourgeoisie, les démoraliser, instiller le défaitisme chez eux est une tâche. Non soutenir leurs revendications et leurs rêves fascisants, tremplin de l'extrême-droite. 

Que les manifestations de policiers soient le reflet d'une aggravation des contradiction dans la société française est un fait. Cependant, ramper devant les factions idéologiquement les plus réactionnaires, fussent-ils simples agents de la bourgeoisie, est une position fausse. Fustiger ceux qui ne tolèrent plus la présence de l'Etat, de la Police, de l'Armée dans leurs quartiers est révélateur de la tendance fondamentalement réactionnaire qui réside dans l'idéologie de L.O.

Le discours du "prolétaire sous l'uniforme", déjà tenté par les trotskistes durant la seconde guerre mondiale, cherchant a saboter la Résistance, se reproduit aujourd'hui de nouveau.

Nier le contenu réactionnaire de ces manifestations, c'est croire que "tout ce qui bouge est rouge", c'est saper le lien avec les classes populaires, qui subissent l’oppression de la police et de la justice chaque jour. 

Aujourd'hui comme demain, nous n'oublions pas qui nous tire dessus, qui nous arrête et qui nous opprime. Et nous n'allons pas soutenir leur quête pour faciliter cela!

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