Les cendres encore chaudes de la Première Guerre Mondiale.

Les cendres encore chaudes de la Première Guerre Mondiale.

 

La onzième heure du onzième jour du onzième mois de l'année mille neuf-cent dix-huit, le clairon sonnait la fin des hostilités à la suite d'une guerre démarrée quatre années plus tôt. Des millions de morts plus tard, l'épreuve de force entre deux coalitions impérialistes prenait fin.

 

Américains, français et britanniques, accompagnés de celle de l'Empire Russe face aux intérêts tout aussi rapaces des empires centraux, de l'Autriche-Hongrie mourante, de l'Empire Allemand montant, et d'un Empire Ottoman à bout de souffle.

Ce conflit s'est étendu sur l'intégralité du globe, de l'aventure des marins des l'amiral Graf von Spee dans les Iles Bismarck, dans les colonies d'Afrique, dans l'impasse des Dardanelles comme dans les boucheries de Tannenberg et de Verdun.

Les banquiers, les marchands d'armes s'en sont frotté les mains, engrangeant par millions, par milliards les bénéfices, tandis que le sang des prolétaires, mais aussi des peuples colonisés, se mêlait à l'acier et aux gaz en une apocalypse criminelle.

Cette guerre, cependant, effraya les bourgeoisies du Monde entier. Elle donna naissance à leur cauchemar concrétisé: la révolution communiste. Celle d'union soviétique souleva un espoir gigantesque pour les masses et les peuples opprimés, apparaissant comme un champion de la liberté et de la paix. Celles d'Europe, les tentatives de Bavière, de Finlande, de Hongrie, de Berlin, de Strasbourg furent écrasés sans pitié par les capitalistes et leurs laquais, qu'ils fussent corps francs ou sociaux-démocrates. Dès la fin de la guerre, les armées de tous les pays impérialistes et capitalistes furent dirigés contre la République des Soviets, où elles furent défaites.

La Grande Guerre Impérialiste accouchait ainsi de sa propre négation, la révolution soviétique. La croisade antibolchevique lancée dans les années quarante accouchera d'une négation encore plus grande: de 1/6, le Monde libéré s'est porté à près de la moitié de la population mondiale.

 

Symétrie, cent ans après.

 

Aujourd'hui, alors que les capitalistes et leurs alliés de gauche et de droite se réjouissent de la défaite -temporaire- du communisme, les cendres de la première guerre mondiale n'ont jamais été plus chaudes.

Les tensions internationales, près de cent ans après la fin de la seconde guerre mondiale n'ont jamais été aussi fortes depuis la fin de la guerre froide. Pourtant elles étaient tempérées à ce moment par la menace de la dissuasion nucléaire crédible, de la parité militaire est-ouest.

La pax americana proclamée comme une ère nouvelle, éternelle, n'est plus. Ceux qui prêtaient une crédibilité quelconque à cette thèse se vautrent dans les conceptions du super-impérialisme de Karl Kautsky et des révisionnistes. Le monopole américain, pourrissant, ne pouvait se maintenir, et les bourgeoisies n'acceptent pas de se faire dicter leur conduite à tenir. Elles respectent leur destin de classe: devenir impérialistes, réclamer leur place au soleil, comme le formulait Otto von Bismarck, ou accepter de devenir compradores, de simples clients.

Ni la bourgeoisie française, ni la bourgeoisie chinoise, ni la bourgeoisie russe ou allemande n'acceptent de devenir des compradores.  Elles choisissent donc la voie adaptée à leurs intérêts.

Les élections américaines sont significatives: La période Bush père et Clinton consacraient les USA comme la seule hyperpuissance, gendarme du Monde, triomphante. C'est la période de la guerre du Golfe, la période de la grande coalition red white and blue.

 

 

La période suivante marque un premier recul. L'élection de Vladimir Poutine sur un programme de restauration de la grandeur impériale, de défi vers l'occident, marque un retour d'un nouvel acteur dans la partie. Le 11 septembre 2001 est un réel trauma pour les USA, lesquels se sentent de nouveau vulnérables, comprennent que les menaces sur leur hégémonie se sont adaptées, mais que leur dispositif militaire issu de la guerre froide, lui, non. Depuis, l'échec de la guerre en Afghanistan, en Irak, démontre que ce n'est toujours pas le cas.  L'opposition de la France à la guerre en Irak, qui faisait partie de sa sphère de marché, marque une fissure, relative certes, dans la coalition.

L'Amérique de Bush fils est une Amérique belliqueuse, agressive, mais en perte de vitesse. Dans les discours, elle est toujours la superpuissance, mais la posture d'Obama, son discours, marque un nouveau recul. L'année de son élection, l'année 2008, est une année qui marque un recul important: Les américains lâchent la Géorgie de Saakachvili, aspirant pourtant à rejoindre l'OTAN. L'armée Russe, qui s'est illustrée par sa capacité opérationnelle à aplatir la résistance Tchétchène, au mépris des pertes et des vies humaines, par son utilisation de la force brute, écrase également l'armée géorgienne.
 

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Les deux mandats d'Obama marquent un fléchissement plus important. Le discours est moins arrogant, plus réaliste, plus basé sur les liens d'alliances, sur une tendance à répugner à s'engager plus en avant dans des aventures militaires. En bref, le régime gère. Il prend peu d'initiatives, temporise même l'agressivité d'Israël, s'humilie devant la face du Monde avec ses "lignes rouges" contre Bachar Al Assad. Comparativement l'impérialisme français, qui s'engage dans la guerre au Mali, dans les bombardements contre la Libye, dans le soutien à peine voilé aux opposants à Bachar, mais également dans les coups tordus et coups d'Etat, l'exemple même étant la Côte d'Ivoire.

L'arrivée de Trump au pouvoir soulève bien des interrogations dans un monde qui devient de plus en plus multipolaire. L'aigle américain n'est pas mort, loin de là, mais il a le plumage terni. La ligne défendue par l'inénarrable candidat américain, par ce roi de la provocation, est intéressante à étudier.

Selon l'analyse et la compilation du programme par Igniacio Ramonet, Trump se marque comme un recul de l'impérialisme américain. L'application de son programme serait même un saut périlleux arrière. Son protectionnisme militant, sa déclaration de vouloir rompre avec l'ALENA, qu'il estime contraire aux intérêts américains, de remettre des barrières douanières, n'est pas la déclaration d'un bourgeois triomphant, mais bien de celui du repli. Populisme ou réalisme ? La question reste en suspens.

« Il n’y aura plus de garantie d’une protection automatique des Etats-Unis envers les pays membres de l’OTAN. » La déclaration sonne comme un coup de tonnerre. Cette déclaration est une rupture complète avec les principes même de l'organisation. Si elle est passée à peu près inaperçue en occident, elle a été très bien reçue par Moscou, qui, également, a approuvé la proposition d'acter l'annexion de la Crimée.

 

Parité militaire en danger ?

 

Le programme militaire américain, quant à lui, marque le pas. La Russie ne s'est pas privée de parader, pour les 70 ans de la victoire contre l'ogre hitlérien, avec son nouveau matériel de combat, ses Soukhoï T-50, les derniers nés de son programme de chasseurs cinquième génération. Cette année, c'est le T-14 Armata, le char le plus moderne du Monde, qui défile sous les acclamations. Le salon naval IMDS de 2015 a également révélé son lot de surprises: une nouvelle gamme de forces maritimes, renforcement bienvenu dans une politique de contrôle des mers nouvelles du pôle. Mais l'élément le plus significatif est le Projekt 23000 Shtrom -tempête-, un porte-avion géant de 90 à 100 000 tonnes de déplacement -à comparer aux 88 000 tonnes du Ronald Reagan américain-.

 

 

De son côté, la Chine n'est pas en reste, avec la sortie officielle du J-20, lui aussi classé en avion de chasse de cinquième génération, et dont les caractéristiques restent à l'heure actuelle spéculatives. Sa modernisation du porte-avion Liaoning se poursuit, un sister-ship est par ailleurs en construction, avec des caractéristiques modernisées. Surtout, la RPC vient de franchir un bond technologique énorme, en mettant au point son premier radar quantique. Le CETC, qui peut détecter des appareil furtifs, indépendamment de leur camouflage, jusqu'à cent kilomètres  de distance, pose une question cruciale quant à la suprématie technologique américaine. De même, le premier satellite de communications quantique Micius inquiète les services de renseignement du Monde entier.

De son côté, l'armée américaine semble dans une passe complexe. Malgré une suprématie indéniable en terme de projection de force et en terme de puissance de feu à longue portée, cette suprématie se heurte à des bottlenecks, des goulots d'étranglement importants.

 

Le programme F-35, lancé en 1996, déjà émaillé de problèmes, ne trouve aucune résolution satisfaisante. L'avion est simplement mauvais, vulnérable, victime d'une inflation budgétaire terrifiante. A tel point que ses acheteurs se détournent maintenant, le concentré de technologie ne justifiant pas le coût, financier et opérationnel. Pire encore, plusieurs téraoctets de données ont été piratées, les soupçons se portant sur la Chine, rendant l'appareil aussi translucide que si il était de cristal, aux yeux des analystes étrangers.
 

L'Army, elle aussi, abandonne plusieurs concepts de blindés, censés remplacer le M1A1 Abrams, vieux de près de quarante ans, et censés compléter la gamme pour le combat urbain. L'improvisation continue, pour une armée comptant de plus en plus sur ses contractuels des S.M.P [sociétés militaires privées], qui paient le plus lourd tribut en pertes, mais permettent de prétendre que le no boots in ground est toujours valable.

La Navy quant à elle, vient d'annuler une série de projets de croiseurs multi-rôles, lesquels se sont heurtés à un échec complet, tandis que ses projets de porte-avions se heurtent à des écueils budgétaires, ainsi qu'à l'incertitude de la nouvelle élection.

 

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La loi d'Augustine, sur l'inflation logarithmique des coûts, les industriels se gavant de bénéfices monstrueux au passage, réduisent le format des armées occidentales, tandis que le choix d'une technologie plus fruste, plus accessible, plus éprouvée, par d'autres, permettent une capacité opérationnelle plus importante, et , surtout, sur une plus grande durée qu'une blitzkrieg version 2000.

 

 

 

L'armée Française n'a pas brillé non plus ces dernières années. Le modèle monopolistique, Nexter et Dassault aviation se partagent le marché des armes lourdes et aériennes, ne permet à l'armée française que des opérations digne des guerres coloniales, avec un format réduit.

L'épreuve de la guerre de Syrie, véritable guerre d'Espagne-bis quant à l'application des doctrines de chaque forces, à montré l'incapacité de cette dernière à pouvoir soutenir de manière efficace les troupes au sol, au contraire des Russes, fervents utilisateurs du choc en profondeur et de l'opératique. Pendant ce temps, dans le reste du Monde, le réarmement est la tendance générale, que cela soit au Japon, où le militarisme renaît, en Corée du Sud, mais également dans un Caucase toujours brûlant.

D'une manière générale, les armées issues de la guerre froide ne sont pas en mesure de répondre aux nouvelles conflictualités et aux nouvelles formes de combat asymétriques.

Le doute marque partout.

 

Les incertitudes subsistent. Et ces incertitudes sont favorables à l'entropie, la tendance au chaos.

 

Pour supprimer l'inévitabilité des guerres, il faut détruire l'impérialisme.

J. Staline cité in Les problèmes économiques du socialisme en URSS.

 

Aujourd'hui, la symétrie entre notre situation et celle d'il y a un siècle peut frapper. Les terrains d'affrontement pour un repartage du Monde entre puissances impérialistes ne manquent pas. Le cas ukrainien est symbolique, de même que la tentative de coup d'Etat au Monténégro. L'Europe reste un terrain privilégié de la conflictualité et des rivalités.

La guerre peut surgir du Pacifique, du pôle Nord, du Caucase ou du Moyen-Orient, mais la seule certitude est qu'elle finira par surgir. C'est une loi inévitable du capitalisme, celle de l'inégalité de développement, mais aussi celle du pourrissement qu'induit le capitalisme monopolistique. Les impérialisme dominants se succèdent, mais leur passation ne se fait jamais dans la douceur et la tendresse, le plus souvent dans le sang et les flammes.

Aujourd'hui, la tendance au conflit est toujours présente. Elle le sera tant que le capitalisme et l'impérialisme n'auront pas été liquidés. Ni le libéralisme, ni le protectionnisme ne sont des barrières à la rapacité du capitalisme et de l'impérialisme, seul le socialisme l'est.

Les discours des candidats au poste de directeur de la bourgeoisie française sont variés, atlantistes convaincus, pro-russes, indécis, ou, comme Mélenchon, partisans de l'aventure en solo de l'impérialisme français, ce qu'ils appellent "la place de la France dans le Monde." Mais la mission des communistes n'est pas de conseiller la bourgeoisie et d'espérer qu'elle "fasse le bon choix". Nous ne sommes pas un pays dominé et sous la tutelle de Berlin ou de Washington, contrairement à ce que prétendent les révisionnistes du marxisme et les fascistes. Nous sommes un état impérialiste, un des plus agressifs, des plus barbares.
 

Notre rôle n'est pas de dire "hors de l'OTAN", "Hors de l'UE" comme si ces deux instances étaient le mal incarné. Non, notre tâche est de cibler notre impérialisme, ses méfaits, et de le combattre jusqu'au bout avec résolution. Nous serons du côté du peuple, du côté de la paix, du côté de ceux qui luttent sans relâche contre les méfaits du système capitaliste.

La tâche des communistes est d'être les instigateurs de la résistance contre les manœuvres des faucons pour égorger nos frères et sœurs de classe. Chaque fois, à chaque guerre, les exploiteurs creusent leur propre tombe.

Nous ne paierons pas de notre sang la prochaine guerre, nous n'enterrerons pas nos frères et nos sœurs.

 

Nous ferons en sorte que ce soit la bourgeoisie qui soit exterminée !

Nous devons être solidaire et fraternels avec tous les peuples qui constituent le Monde. Nous sommes le camp de la paix, le camp du peuple, le camp de la Révolution 

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