Déclaration de l’Unité Communiste de Lyon sur le jour de lutte qu’est le 8 mars.

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée Internationale des droits des femmes.

Depuis le 28 février 1909, instaurée à l’époque par le Parti Socialiste d’Amérique, cette journée est une journée qui doit servir de point d’orgue aux luttes féministes, mais également de rappel du travail qui reste à accomplir, au sein de la société, pour que l’égalité soit effective, indépendamment des genres et des sexes.

(Affiches soviétiques et Allemandes; source TV5 Monde.)

Alors que cette journée, à son origine, est un coup de tonnerre dans un univers dominé sans le moindre partage par les hommes, beaucoup de son sens s’est perdu au fil des années. C’est là une illustration de l’influence débilitante de l’idéologie bourgeoise, laquelle tente de traiter tout comme une marchandise, y compris les jours de lutte. Ce qu’elle ne peut acheter, elle le salit ou le détruit.

Défendre le sens originel de cette journée est déjà une lutte en soi.

Cette journée fut impulsée de manière internationale par la militante communiste Clara Zetkin, également enseignante et journaliste. Adoptée lors de la 2e conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague, cette journée devait servir, à la base, pour organiser la propagande en vue d’obtenir le droit de vote pour les femmes. Cette journée devint par la suite un repère de lutte et un symbole pour toutes les forces progressistes. Manifestations pour le droit de vote, manifestations pour la paix, le 8 mars fut un jour de mobilisation.

Cette journée de lutte, s’est muée également en journée révolutionnaire.

Le 8 mars 1917, les ouvrières de Petrograd se mettent en grève et manifestent, impulsant la révolution russe. Dès la fondation de l’Union, la direction de la jeune URSS inscrivit, dans le calendrier de ses fêtes,  le 8 mars comme journée nationale des droits des femmes. Cela fit de l’Etat prolétarien le premier Etat au monde à reconnaître cette journée.

Il faut attendre 1977 pour voir l’ONU avaliser à son tour cette date, toujours célébrée aujourd’hui.

Il est essentiel de porter encore avec fermeté la nécessité de lutter pour cette égalité, laquelle est loin d’être acquise, et, dans certains Etats, tend même à reculer avec une virulence terrible.

Au sein de la vague réactionnaire qui déferle, nous devons résister et défendre cette égalité plus que nécessaire.

Malgré l’apparence, même au sein de l’Etat Français, cette égalité est très loin d’être acquise. Les inégalités de salaires, les inégalités de carrière, les inégalités de considération sont tout autant de point qui briment l’égalité économique, indépendamment des genres et des sexes. Cette déconsidération contribue à perpétuer une forme de « salaire féminin », vu comme un revenu d’appoint, pour des femmes toujours vue comme dépendantes du foyer.

Les rapports sociaux, le harcèlement de rue, les violences, les crimes sexistes, sont un fléau qui révèle la mentalité retardataire d’une très grande partie de la population. Ce sont des aspects qui traversent l’ensemble de la société et qu’il est nécessaire de combattre avec vigueur.

Lutter contre le sexisme ne peut se faire à coup de déclarations générales, de simples annonces. C’est une forme de domination qui est ancrée profondément dans la société actuelle, et dont on ne se débarrasse pas d’un coup de baguette magique.

Nous sommes fondés à faire, sur ce sujet, notre bilan critique.

Un long chemin reste à traverser pour les organisations politiques communistes de l’Etat français, vis-à-vis de cette question. Notre composition essentiellement masculine est le reflet, là aussi, de failles au sein même de notre organisation quant à notre rapport à ces questions.

Nous portons avec nous, malgré le fait que nous soyons militants communistes, de nombreuses tares qui sont du fait que nous soyons issus de cette société inégalitaire.

Un long travail reste devant nous pour progresser, non seulement dans notre capacité à analyser la situation, mais également dans nos rapports personnels.

Ce chemin, nous tentons de l’emprunter avec honnêteté, avec des succès et des reculs, avec des erreurs, avec des stupidités commises, mais avec la volonté inébranlable d’avancer.

Cependant, nous sommes également critiques quant à certains discours libéraux, qui tentent de dissocier la lutte des classes de la question de l’égalité entre genre et sexes.

Une branche libérale petite-bourgeoise de ce mouvement est capable d’annoncer que cette lutte est en soi révolutionnaire. Nous ne pouvons que réfuter cette thèse erronée.

La base matérielle du sexisme est la division genrée du travail, la division en tâches attribuées à un genre ou un autre. C’est cette division, dont la forme moderne est née avec le capitalisme, qui explique bon nombre de rapports sociaux inégalitaires, bon nombre de conceptions réactionnaires.

Mais la résolution de cette contradiction, à savoir l’égalité entre les genres et les sexes, le fait que cette distinction disparaisse, ne signifie pas l’abolition de toute l’exploitation.

Contrairement à certains point de vue erroné, le capitalisme peut très bien survivre tout en ayant liquidé ses pans patriarcaux. C’est une position défendue d’ailleurs par les libéraux, y compris par Laurence Parisot, ancienne représentante du MEDEF.

L’exploitation, par le travail domestique, des travailleurs et des travailleuses par leurs frères et sœurs peut très bien passer par d’autres rapports de domination que ceux liés au sexe. C’est le cas dans les couples homosexuels, ou l’un des partenaires peut assujettir l’autre, alors qu’ils possèdent fondamentalement le même genre ou le même sexe.

Car ce n’est pas la division genrée du travail qui est intrinsèque au capitalisme, mais c’est l’exploitation jusqu’à l’os des travailleurs et des travailleuses, ce qui les pousse à forcer au surtravail, aux tâches domestiques, d’autres. C’est cette exploitation en poupée russe qui poussa Marx à écrire : “dans le couple, l’homme est le bourgeois et la femme le prolétaire.”

Cette exploitation peut très bien se répercuter ailleurs, sous d’autres formes, sous d’autres aspects.

C’est en cela que le féminisme est une lutte démocratique, nécessaire, indéniablement, mais qui doit être intégrée dans la lutte des classes pour triompher intégralement de l’exploitation. Sans cela, c’est combattre contre une hydre qui renaîtra sans cesse, contre un marécage dont on ne peut se sortir.

Car c’est par l’abolition de l’exploitation que la base matérielle de la division du travail, des contradictions de genre, pourra être détruite. C’est là la racine à trancher pour permettre l’anéantissement de toutes les formes de domination et d’exploitation, mais également du poison mortel formé par le sexisme, le racisme, et les nombreuses formes de discriminations.

Les exemples internationaux ne manquent pas. 

Que cela soit au Kurdistan, en Inde, au Népal, aux Philippines, les femmes combattent les réactionnaires, les armes à la main. Elles se battent pour leur émancipation et pour celle de l’humanité.
Par le passé, les combattantes -d’armées régulières comme l’Armée rouge, ou de milices-, les militantes, les résistantes ont démontré une chose : l’égalité se gagne par le combat, elle n’est jamais donnée.

Cette égalité militante et combattante jette les base d’une société égalitaire. La liberté défendue par les libéraux est une liberté de façade. De fait, l’histoire le démontra et le démontrera encore, l’AK 47 et le treillis ont plus fait pour l’égalité que Moulinex et l’Oréal.

C’est en anéantissant la société de classe que toutes les oppressions seront détruites.

Certains et certaines indiquent que cela ne sera pas automatique. C’est un fait. Même une fois que la base matérielle de l’exploitation aura été balayée, il sera nécessaire de poursuivre la lutte. A la fois contre les tendances à la restauration de l’ordre ancien, mais également pour nettoyer cette crasse instillée dans nos esprits, dans nos pratiques.  

La lutte pour la révolution ne se fera pas sans le féminisme, et le féminisme sera victorieux avec destruction de l’exploitation et du capitalisme !

Progressons sur la voie de l’égalité, célébrons le 8 mars !

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