Cap catastrophe 2022 : Amère conclusion.

Cap catastrophe 2022 : Amère conclusion.

Partie 10

E.Vertuis

Les auteurs eux-mêmes ne laissent pas grande place au mystère et à l’interprétation. Leur conclusion résume parfaitement les ambitions stratégiques de cette volée de réformes. Une nouvelle fois, ce qui revient est le fait qu’il faut responsabiliser les administrations dans leur rationalisation et dans la réduction de leurs prérogatives. Qu’il faut introduire la rentabilité comme un objectif premier et laisser les mains libres aux « managers » pour effectuer cette mission de liquidation.

Il apparaît comme primordial le fait de compter justement sur l’avidité de ces personnages, en termes de primes et de récompenses, pour qu’ils exercent une pression maximale sur les fonctionnaires, mais également pour qu’ils entreprennent également des licenciement et des suppressions de postes.

Sachant la pression qui va s’exercer sur ces employés auxquels ont met un revolver sur la tempe, les mauvais génies derrière ce texte ont inventé un terme fascinant : « donner du sens ».

« Donner du sens : Faire connaître largement aux usagers, aux agents publics et à tous les acteurs concernés le sens et les objectifs de la transformation engagée ; »

Donner du sens signifie diriger par la peur. Responsabiliser signifie menacer, accompagner signifie contraindre. Voilà le sens de cette Lingua Quintae Reipublicae pour reprendre l’expression d’Eric Hazan.

Que ce soient l’éducation, la santé, le droit, la justice, les prisons, les administrations, les armées, le chômage… l’ensemble des secteurs est concerné par cette politique de grande envergure. Bien des gouvernements se sont essayés à cette transformation radicale du fonctionnement de l’Etat et de ses prérogatives. Beaucoup, qui fantasment sur l’Etat-Marché de Philip Bobbit, ont vulu le faire et n’y sont pas parvenus.

Lancer cette offensive était contradictoire avec le fonctionnement habituel de la démocratie bourgeoise sous la Vème République. Le gouvernement qui aurait fait cette transformation aurait perdu les élections au profit de son opposition. Or, les vieux briscards et les vieux carriéristes ne veulent guère se mouiller.

Le gouvernement LREM, quant à lui, est différent dans sa nature. Il est un missile balistique, un kamikaze à usage unique. Il ne fait pas de doute qu’il s’est aliéné une très large partie de la population. Mais il remplit sa mission, commanditée directement par la haute bourgeoisie, il la remplit avec un style typiquement royaliste dans le mode de fonctionnement, mettant fin aux débats parlementaires, supprimant le rôle de certaines institutions. Ce gouvernement est le premier qui peut assumer le fait de faire cette « thérapie de choc ». Nul doute qu’il essaiera.

Nous devons nous préparer à cette lutte qui sera essentielle. Nous devons nous y préparer et comprendre qu’elle sera une lutte où la victoire est incertaine face à l’unité de volonté de la haute-bourgeoisie.

Les luttes qui se déroulent et qui se dérouleront ces prochaines années sont d’une nature différente à celles qui ont pu avoir lieu avant la crise de 2008. Elles montrent aujourd’hui les limites de l’économisme au sens de limitation des revendication au questions du droit du travail, du salaire… etc. Elles montrent les limites des organisations syndicales, lesquelles font leur travail, mais se sont épuisés face à plus fort qu’elles, face à des gens qui sont prêts à tenir le bras de fer jusqu’au bout, puisque leur pertes financières sont virtuelles. Elles montrent l’inanité du mot d’ordre de grève générale économique, pour ces mêmes raisons. La bourgeoisie est prête à relever le gant du défi.

Elles montrent les limites de la démocraties bourgeoise, de la sociale-démocratie qui collabore sans cesse avec la bourgeoisie, qui cherche des moyen-termes là où il n’y a que l’antagonisme.

La lutte qui se prépare, tout comme la situation politique générale montre la nécessité d’une organisation politique de combat, d’une organisation communiste. Elle montre également la nécessité d’un front politique contre l’offensive de la bourgeoisie. D’un front politique qui puisse mener une lutte extra-parlementaire, dans tous les secteurs, dans tous les compartiments de la société. Qui pose la question de la dictature de la bourgeoisie, qui pose la question de la démocratie populaire et qui la revendique comme étant légitime.

Informons-nous, formons-nous, organisons-nous et battons-nous !

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