Vœux de l’Unité Communiste de Lyon pour l’année 2020.

-Unité, coopération, combativité-

L’année 2019 s’est achevée. Elle a été une année de conflit social important. Jusqu’aux dernières heures, elle a été marquée par une lutte des classes intense, par des coups de boutoir de la part de la bourgeoisie et par une défense résolue de la part des travailleurs et des travailleuses de leurs droits sociaux & politiques.

L’heure est au bilan.

Le 31 décembre, au soir, Emmanuel Macron, dans ses vœux, a indiqué qu’il poursuivrait sur la même voie, tout en prétendant qu’il soit possible de trouver des accords à la marge. Cela illustre parfaitement l’adage : « ce qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable. ». Du lest a été lâché auprès de certaines corporations spécifiques, comme la Police, dans le but de les rallier, ou d’autres de les neutraliser et de fragmenter le front de lutte. Ironiquement, le régime universel promis par Macron se fracture en une multitude de cas particuliers.

En dépit de la mobilisation, qui est l’une des plus forte que la France ait connu dans l’après-guerre, le gouvernement conserve un cap inchangé. Il poursuit sa politique d’exécution servile des désirs de la grande bourgeoisie.

La collusion totale entre l’appareil d’État et le grand capital ne se camoufle même plus. Emmanuel Macron a décoré Jean-François Cirelli, grand patron de la filiale française du groupe Black Rock, en faisant un officier de la Légion d’Honneur. Or, Ce groupe est un de ceux qui appuient le plus fortement la liquidation des retraites, et pour cause : les fonds de pensions constituent une de leurs ressources les plus précieuses.

Agnès Pannier-Runacher a contribué à accentuer cette impression de dictature des bourgeois en déclarant «Si M. Ghosn [qui vient de s’enfuir du Japon avec la complicité quasi-certaine de la France] venait en France, nous ne l’extraderons pas, parce que la France n’extrade jamais ses nationaux. Nous appliquons à M. Ghosn, comme à monsieur Tout-le-monde, les mêmes règles du jeu.» Si, légalement, l’argument est recevable, il arrange néanmoins beaucoup M. Ghosn. Le mandat d’arrêt international délivré par Interpol, dont, ironiquement, le siège est à Lyon, ne semble rien y changer. Mais la France ne livre pas non plus le pédocriminel Roman Polanski, après tout, pas plus qu’elle ne condamne Matzneff, autre pédocriminel notoire, du fait de sa renommée.

La bourgeoisie vit une période bien faste ! Elle gagne sur un grand nombre de tableau.

La privatisation de la SNCF est a été actée, elle devient le 1er janvier une Société Anonyme à capitaux publics. Mais que les investisseurs se rassurent, le plus gros du coût (l’entretien des voies) reste à la charge des contribuables.

Quant aux fonctionnaires, le Sénat vient d’avaliser la mise en place de trois jours de carence en cas d’arrêts maladie, tout la comme la rupture conventionnelle, et le remplacement des cadres par des contractuels. L’argument, comme pour la réforme des retraites, est celui de l’harmonisation entre public et privé. En réalité, elle contribue à la liquidation du corps des fonctionnaires.

Ces quelques faits, qui constituent une part de l’actualité politique, sociale et économique récente, illustrent la teneur de la période. L’intensité des luttes ne semble pas avoir le moindre écho auprès de ces groupes privilégiés, au-dessus des lois, au-delà des réalités quotidiennes des masses populaires.

En réponse à la misère, à la destruction des droits sociaux, les gouvernements et les bourgeoisies sont chaque jour davantage tentées par l’étranglement des droits politiques et par les solutions fascisantes. La liberté se restreint, y compris dans les « démocraties libérales ». Partout, le même schéma s’applique, avec des polices toutes puissantes et une délégation progressive des taches de répression à l’appareil administratif. Partout, l’extrême-droite gagne du terrain, quand ses idées et son programme ne sont pas déjà appliquées par le gouvernement en place.

Ailleurs dans le monde, le spectre de la guerre est plus fort que jamais. L’assassinat ciblé du général iranien Soleimani par les troupes US, déclenche une vague d’inquiétude. Par le jeu des alliances et des réseaux internationaux, un nouvel embrasement du Moyen-Orient pourrait déboucher sur un conflit d’ampleur.

La nature elle-même n’est pas en reste. Dans l’hémisphère nord, si la douceur a régné, les phénomènes climatiques extrêmes, comme le froid, le vent, la pluie ou la neige ne s’en sont pas moins manifestés. C’est là une conséquence paradoxale du réchauffement de l’atmosphère.

L’été austral, quant à lui, a changé l’Australie en brasier. On estime que 500 000 000 d’animaux sauvages sont morts du fait de ceux-ci. La réalité d’un écocide massif est chaque jour davantage plus difficile à nier.

C’est dans ce contexte difficile que nous présentons nos vœux. Mais si le bilan est pénible à faire, les perspectives d’espoir existent. Chaque jour, les masses populaires du monde entier se dressent davantage contre leurs exploiteurs et exploiteuses, contre leurs bourreaux.

Les perspectives de luttes sont là.

Partout, les masses se sont dressées contre ces injustices. En France, les mouvements se sont rejoints, Gilets Jaunes, écologistes, antifascistes, féministes, syndicalistes… Ces luttes ont parfois réussi à se coordonner. C’est un début qui a donné plus d’allant et plus d’ampleur à cette grève qu’à celles qui ont précédé.

Nous défendons l’idée qu’elles fusionnent et puissent opérer une synthèse. Cette synthèse ne peut être que politique : c’est-à-dire poser la question de la forme et de la nature du pouvoir. L’an passé, la notion de régime despotique, de dictature de la bourgeoisie et du capital, a pris un ascendant considérable dans le mouvement des Gilets Jaunes. Cette progression politique est une des grandes victoires de l’année passée, même si elle demeure temporaire, vulnérable, face aux diversions des réformistes, des électoralistes, mais aussi du gouvernement et des fascistes.

Le flux et le reflux de la politisation perdure tant qu’il n’existe pas une force politique capable de pouvoir poursuivre et accentuer ce travail, mais aussi organiser les parties les plus combatives des travailleurs et des travailleuses.

C’est ce travail qui constitue notre priorité : œuvrer à construire l’organisation politique qui peut réaliser cette tâche. Un long chemin reste à réaliser pour permettre d’atteindre cet objectif. Cette focalisation sur la construction d’un Parti Communiste révolutionnaire n’est pas une obsession fétichiste, c’est le résultat d’un constat.

La bourgeoisie est supérieurement organisée, elle possède les moyens de verrouiller complètement l’appareil d’État et ses fonctions de répression, elle possède les leviers de l’économie, de la propagande, l’influence idéologique et politique… Cet ennemi de classe ne peut être chassé de son piédestal que par une force au moins aussi organisée.

Cette volonté de travailler à cet objectif est également le reflet du fait que notre impuissance, à la fois en tant qu’organisation comme en tant que courant politique, nous est intolérable. Il nous apparaît comme inacceptable de se contenter de la situation actuelle et d’y végéter.

C’est dans cet état d’esprit que nous participons et appelons à participer à des cortèges et actions unitaires sur Lyon, mais que nous sommes également signataires, aux côtés de l’UPML, d’une lettre ouverte aux organisations, militants et militantes communistes. Le peu de réponses reçues, et le peu de débats suscités, est néanmoins révélateur d’un état d’esprit qui reste encore marqué par le sectarisme. C’est également ce choix de la coopération qui nous pousse à nous inclure dans l’ICOR et à travailler internationalement avec des communistes d’autres pays ou d’autres continents.

Parce que nous plaçons l’intérêt suprême des luttes et du prolétariat au-dessus de tout, nous considérons qu’il nous faut parvenir à réaliser ce travail.

L’Unité Communiste de Lyon place au plus haut degré de l’importance l’intérêt premier de la lutte sociale et politique. Cette manière de concevoir notre environnement nous pousse à opter pour une politique de coopération et de travail commun avec l’ensemble des forces progressistes, révolutionnaires, communistes ou non communistes, qui partagent cette conception.

Nous pensons que ce travail positif mérite d’être accru, systématisé, et qu’une alliance est possible, entre individus, associations, syndicats, organisations politiques, féministes, écologistes, antifascistes ou partis politiques autour de cette volonté commune de lutte.

Par corollaire, nous sommes hostiles à une attitude que nous qualifierions de « parasitaire-sectaire ». Nous condamnons cette attitude qui consiste au fait de jouer à une forme de « monopoly des luttes », en les considérant uniquement sous un angle utilitaire, comme un bassin de recrutement qu’il faut drainer au plus vite, quitte à le liquider. Ces pratiques sont malheureusement trop répandues. Si elles débouchent sur un recrutement de quelques militants ou militantes en plus, elles contribuent à lessiver toutes les forces combatives et à les dégoutter du travail organisé. Cela de plus, contribue à une montée en tensions dans les rapports entre organisation.

Nous ne pouvons que citer le Manifeste :

« Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points :

1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat.

2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.

Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien. »

Une organisation qui, pour poursuivre ses objectifs, hypothéquerait le développement autonome du mouvement spontané de lutte, qui n’aurait d’autre rapport vis-à-vis de lui que de l’inféoder à ses objectifs propres, ne pourrait être une organisation communiste, et agirait en tant que parasite des luttes. Des groupes ou des organisations non-communistes ont régulièrement agi en meilleurs communistes, à partir du moment où ils et elles avaient à l’esprit ces principes. Notre vision de l’unité n’est pas platement horizontale, sur une simple proximité idéologique apparente : la pratique compte tout autant, sinon plus, car elle transcrit réellement, plus que les déclaration creuse, la véritable teneur de l’idéologie de ces groupes.

Nous saluons ceux et celles qui luttent.

Nous saluons donc tous ceux et celles qui prennent part, avec honnêteté, avec sincérité, à la lutte sociale sous toutes ses formes. Nous saluons ceux et celles qui, communistes ou non, font tout pour la faire avancer et triompher.

Nous saluons ceux et celles qui font vivre la lutte antifasciste, à Lyon comme ailleurs. Ceux et celles qui font vivre la lutte écologiste, féministe, contre les discriminations faites aux LGBTI, aux étrangers et étrangères, à ceux et celles qui souffrent en silence.

Nous saluons ceux et celles qui luttent contre la guerre, contre l’impérialisme.

Nous saluons notre organisation-sœur UPML, avec laquelle nous avons nombre de projets à réaliser au cours de cette année. Nous saluons nos camarades de l’ICOR, de l’ILPS. Nous saluons également toutes les organisations communistes, avec lesquelles nous avons l’espoir et la hâte de travailler.

Nous saluons nos amis et nos amies, nos camarades et nos proches, sans lesquels nous ne pourrions avancer jour après jour.

Surtout, nous saluons les masses populaires du monde entier.

Faisons de 2020 une année de victoire !

Faisons de 2020 une année rouge !

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